1 * ACCUEIL * HISTORIQUE * PROGRAMMATION * CONTACT * KEPKAA DIGNITAIRES * Mot du Premier ministre du Québec * Mot du maire de Montréal * Mot de la presidente d'honneur Articles * L'Homme créole réunionnais: un individu nouveau ? * Lagwiyan, péyi du développement durable * Le créole guyanais comme passerelle * Les extraits forestiers, une opportunité de développement pour l'industrie forestière Nos Services! Cours de langue créole Cours d'histoire Service de traduction Librairie KEPKAA * Le créole guyanais comme passerelle Par Alexandra Guellil, Étudiante à la maîtrise « (...) Cet enfant sera la honte de notre nom. Cet enfant sera notre nom de Dieu Vous ai-je dit qu'il vous fallait parler français, Le français de France Le français du Français Le français français. Désastre, Parlez moi du désastre Parlez-m'en (...) » Léon-Gontran Damas Voilà un poème que tout Guyanais connaît. Tout comme ces chants et danses traditionnelles créoles apprises en vue des représentations aux fêtes de fin d'année. Ces quelques mots suffisent aussi à expliquer l'histoire de l'identité guyanaise et, par extension, de celle de l'ensemble des départements et territoires d'Outre-mer et anciennes colonies. Une histoire étroitement liée à celle de l'esclavage et de la traite négrière, pour la Guyane, celle du Bagne, celle de la colonisation et périodes de décolonisation, celle de la départementalisation, et, depuis le mois de janvier 2010, celle des évolutions statutaires au sein de la République française. Outre ces dossiers parfois épineux, le point commun reste la culture créole. Derrière ce mot, il faut comprendre l'importance de cet héritage de ces peuples assoiffés de communication et d'échanges. Des peuples doués d'un véritable talent d'innovation pour contrer la servitude. Enchaînés, ils ont su danser le kassékô, le bélé, le gwo ka ou le maloya. Asservis, ils ont su créer de nouvelles manières d'officialiser les mariages, inventer des rythmes en fonction de leur labeur sur des instruments comme le tambour, le ti-bwa ou des ensembles rituels comme ceux du Gnawa. Toutes ces choses montrent à quel point il a fallu redoubler d'efforts et de techniques pour transmettre cet héritage et le faire revivre à chaque fois d'une manière originale. Cependant, tout est encore loin d'être gagné. La culture, bien qu'elle nous soit transmise, ne devient elle-même lorsqu'on se l'approprie. Particulièrement en Guyane, il suffit d'avoir un regard un peu éclairé pour constater ce rapport tantôt ambigu, tantôt revendicateur envers ce qui est créole. Christian Cecile, sociologue/anthropologue, m'expliquait d'ailleurs en entrevue que le créole en était toujours à une certaine genèse. Pour ce professeur d'université, la langue est encore utilisée aujourd'hui pour des conversations destinées à séduire, ou par les gran moun? (Ndlr : anciens) pour exprimer leur colère. C'est bien connu dans les familles, lorsque l'on est énervé, on commence nos phrases en français, entrecoupons d'un tchiiippp (grincement étrange de la langue dans la bouche) et finissons en créole avec une gestuelle des plus significatives. La Guyane est le seul département français d'Amérique du Sud, le plus grand d'Europe en superficie. Ce département souffre d'une méconnaissance ; venant à la fois de l'extérieur et malheureusement bien souvent de l'intérieur. Il est vrai que nous y avons une richesse culturelle impressionnante. Antillais, Haïtiens, Métropolitains, Amérindiens, Hmongs, Libanais, Brésiliens, Surinamais, Guyaniens, Africains vivent ensemble sur un territoire de quelques 83 846 km2. Ces populations, toutes guyanaises, avec des cultures singulières partagent chaque jour les mêmes problématiques qu'elles soient politiques, économiques, sociales, structurelles ou culturelles. Les coutumes et travers de langages sont d'ailleurs utilisés par tous. Ne dit-on pas « je vais chez le chinois» au lieu de dire « je vais à l'épicerie», ou encore ne répondons-nous pas d'instinct : « Mo la ka tchienbé» à un simple « Bonjour, comment ça va ? ». Nos expressions, mimiques, accents parfois, font la richesse de la Guyane. Et, le pari actuel est de faire en sorte de mieux vivre ensemble, de se connaître et surtout d'échanger. Ceci peut être possible par le créole guyanais, uniquement s'il est conjugué avec le Ndjuka, Kali'na, Paramaca et autres langues parlées en Guyane. Cela peut aussi être possible par la connaissance de l'histoire et celle du territoire, telle que narrée par ses hommes et femmes qui se battent pour elle. Mais, cela ne se fera pas sans un développement des moyens de communication. Les médias font donc intimement partis de ce grand défi guyanais. Et, ce combat se fait au travers de reportages focalisés sur ces populations de l'Oyapock et du Maroni, ou encore celles de Javouhey et Cacao pour ne citer qu'elles. Mais cela doit se faire avant tout avec la volonté de tous. Nous sommes passés, en Guyane, d'une presse vendue à la criée intimement liée à la préfecture et aux partis politiques à une presse du service public éprouvant de nombreuses difficultés : manque de moyens, techniques et parfois de volonté. Ceci provoque de nombreux ratés dans la couverture de l'actualité. Ainsi, peut-être que dans quelques années, il existera plusieurs médias régionaux sur des supports différents parlant ou écrivant le créole guyanais comme une langue et une culture commune, tout en conjuguant les autres langues qui se côtoient en Guyane. Cela devrait non seulement permettre de mieux apprécier la richesse guyanaise mais aussi de s'adresser à toutes ces populations qui se côtoient et vivent ensemble. Défi-a pou jenn-yan ka vini a, a pran konsyans di péy-a. Pran konsyans ki Kréyòl a oun lanng, oun kiltir, oun éritaj pou tout moun-yan ka vini. Pou wé rounòt solé, pou tout moun-yan ka véyé asou Lagwiyann. Sa ka pran tan, pasyans ké volonté. Pa bliyé, « oun lanmen lavé ròt » (dolo kréyòl), « Sama fuka, na yu fuka » (nongo bouchinengé). Lagwiyann gen oun vré potansyèl. Péy-a pé ké volé san zòt volonté. Péy-a ka kriyé si zòt pa kouté li. Ès zòt paré pou bay rounòt solé, pou kouté tchò ka bat pi an pi fò, pou konprann ki péy-a benzwen tout moun ' Kréyol a oun lanng, men i gen endjen, monng, brézilyen, antiyé, jòrtonyen, sirinamyen é menm blanng ki kontan péy-a. Nou benzwen di tout moun pou konstriksyon péy-a. Sonjé sa. Nou benzwen améliorasyon nou jòrnal-yé, nou laradyo-yé ké nou télé-yé. Sa la ké posib si nou ka pran tan sasé konnèt péy-a, so kiltir, so listwè, so ganm, so mèrs, so lodò, so koulèr..., ké oun volonté pou trasé roun chimen pou timoun-yan ka vini dèyè-dimen. Dépi tan, a aprézan fodré nou réyalizé sa. Lò nou té toupiti, Granmoun té ka palé di bagaj tanlontan, ka bay nou lakiltir. Jodla, nou benzwen vansé ké nou tout ansanm. Palé ké konprann kréyol, a oun richès, sonjé antanlontan, kréyòl té entèrdi. Palé ké konprann bouchinengétongo a roun richès osi, palé ké konrpann nou lanng endjen a roun richès osi. Sonjé, konnèt, aprésyé, tousa bon bagaj Lagwiyann gangnen pou konprann sa nou pouvé fé tousa pou dimen. Alexandra Guellil, Étudiante à la maîtrise en journalisme international Note biographique Alexandra Guellil est étudiante à la maîtrise en journalisme international à l'Université Laval et vit au Québec depuis un an. Son essai de fin de maîtrise concerne la couverture d'un fait politique en région, et plus particulièrement les consultations publiques en Guyane de janvier 2010 sur les évolutions statutaires. À Québec, elle a participé notamment à des émissions GIRAMUNDO, diffusées sur CKIA FM, sur les cultures et musiques du monde. Comité international pour la promotion du créole et de l'alphabétisation 2000, boul Saint-Joseph E Montreal, QC H2H 1E4, Canada | Tél: (514) 750-8800 ACCUEIL | CONTACT | PROGRAMMATION | Copyright © 2011 Kepkaa setstats