Si l'ancien ministre de l'Ecologie ne s'est pas encore déclaré, la presse distribue déjà les rôles dans le staff de campagne. On avance le nom de Frédéric Salat-Baroux.
Jean-Louis Borloo, semblant affranchi du sarkozysme, s'installe peu à peu dans la peau d'un candidat à la présidentielle de 2012, bat la campagne en France et à l'étranger, et se rêve déjà "président rassembleur".
Le pouvoir à l'Elysée, "évidemment que j'ai envie de l'exercer", déclarait récemment le président du Parti radical. "Mais dire que le président approuve ma démarche serait exagéré", ironise-t-il auprès de l'AFP.
Devant les députés UMP qu'il recevait mercredi à l'Elysée, Nicolas Sarkozy s'est agacé, selon un participant. "La division centriste, a-t-il dit, ne se fait ni avec mon accord, ni pour mon bien!"
Quand M. Borloo annoncera-t-il sa décision d'y aller ... ou pas? "Entre l'été et l'automne", répond invariablement l'ex-maire de Valenciennes, en promettant d'en réserver la primeur aux gens du Nord.
A la veille d'une campagne présidentielle qui se fera sans Dominique Strauss-Kahn, il ne s'interdit de parler, ni aux écologistes, comme Nicolas Hulot, ni aux gaullistes comme Dominique de Villepin. "Je ne suis pas chargé d'occuper une géographie définie par les politologues", déclare-t-il.
Il semble rester sourd aux mises en garde de l'Elysée relayées maintes fois par Jean-François Copé, le numéro un de l'UMP que les Radicaux viennent de quitter pour former avec leurs alliés de centre-droit une confédération autonome. M. Copé continue à lui parler "régulièrement" pour lui dire son "inquiétude" et lui rappeler le précédent Chevènement "qui avait empêché Jospin d'accéder au second tour" en 2002.
"Les deux hommes échangent aimablement et courtoisement, chacun menant son chemin", déclare l'entourage de M. Copé qui a pourtant multiplié les appels au retour dans "la famille". De guerre lasse, il vient de confier au député Jean Léonetti la tête de file des députés radicaux restés fidèles à l'UMP.
"Ce n'est pas mon propos, répond M. Borloo. Moi, je ne parle pas à l'UMP, je parle aux Français".
Outre les militants, la plupart des cadres radicaux et plusieurs alliés centristes, M. Borloo peut compter sur son fidèle lieutenant, Laurent Hénart --numéro deux du PR--, et trois anciens ministres de Nicolas Sarkozy, Yves Jégo, Rama Yade et Valérie Létard (Nouveau Centre).
Et si l'ancien ministre de l'Ecologie ne s'est pas encore déclaré, la presse distribue déjà les rôles dans le staff de campagne. Ces quatre fidèles seraient les porte-parole du candidat Borloo.
Yves Jégo ne confirme pas mais n'infirme pas: "Il est vrai que nous sommes tous les quatre autorisés à parler au nom de Jean-Louis Borloo".
On avance aussi le nom de Frédéric Salat-Baroux, ex-secrétaire général de l'Elysée sous Jacques Chirac et époux de sa fille Claude. Là encore un proche reste évasif mais note que les deux hommes "se connaissent bien et ont une grande proximité de vues".
Pour l'heure, le père du Grenelle de l'environnement sillonne la France pour parler éducation, emploi, formation des jeunes et fiscalité. Et il traverse les frontières --comme tout récemment au Canada--, pour s'intéresser aux approches des partis frères, en matière de "déficits publics" ou "d'autonomie du troisième âge". "J'observe les bonnes pratiques, dit-il. Et je me régale!"
Il ne "renie pas les neuf ans écoulés", dans les gouvernements Chirac et Sarkozy, mais veut "changer de cap" après avoir marqué sa différence sur des sujets comme la laïcité, l'identité nationale et tout récemment le mariage homosexuel en soutenant une proposition de loi PS.
"Pourquoi la politique devrait-elle être clivante?", dit-il en s'imaginant en "président rassembleur". Il note aussi qu'il "adore le Sumo", comme M. Chirac.
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