LEMONDE.FR | 22.10.11 | 19h53 Mis à jour le 22.10.11 | 20h12
L'ancien cardiologue allemand, jugé par la cour d'assises de Paris, était accusé d'avoir drogué et violé sa belle-fille, les somnifères qu'il lui avait administrés ayant entraîné sa mort. Initialement poursuivi pour meurtre, et donc passible de la réclusion à perpétuité, Dieter Krombach a finalement été condamné pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner" - à la grande déception de la famille de la victime, pour qui la mort de Kalinka Bamberski était intentionnelle.
Adolescente en pleine santé, Kalinka avait reçu la veille de sa mort une injection intraveineuse du docteur Krombach, une solution à base de fer et de cobalt. Selon son beau-père, Kalinka souffrait d'anémie, ce dont aucun document n'atteste. La justice allemande avait classé l'affaire en 1987, mais la France avait condamné le Dr Krombach par contumace, en mars 1995, à quinze ans de réclusion.
Sans relâche, le père de Kalinka, André Bamberski, a pisté Dieter Krombach au gré de ses déménagements, allant jusqu'à distribuer des tracts alléguant sa culpabilité dans les villes où il s'était installé. Ulcéré que le Dr. Krombach continue à couler des jours paisibles outre-Rhin alors qu'il était visé par un mandat d'arrêt européen, André Bamberski a organisé son enlèvement devant chez lui, en octobre 2009. La police française a trouvé le médecin pieds et poings liés à un grillage proche du TGI de Mulhouse. Cet acte, qui vaut à André Bamberski des poursuites judiciaires, a permis la tenue du procès. Il illustre également l'absence de coopération entre les autorités françaises et allemandes qui a eu lieu dans le traitement de ce dossier.
Séducteur patenté avec un goût prononcé pour les jeunes filles - plusieurs femmes ont affirmé au cours du procès avoir été victimes d'agressions sexuelles de sa part - le docteur Krombach a plaidé son innocence tout au long des débats. "Je n'ai jamais fait d'acte sexuel avec mes filles, ni ma belle fille", avait-il affirmé. Il avait également balayé la thèse de l'injection subie par Kalinka juste avant sa mort. "Les experts ne sont pas des dieux, a-t-il asséné, moi aussi j'ai été expert ". Mais un collège de cinq experts a affirmé, devant le tribunal, que cette injection avait bien eu lieu.
Le Monde.fr avec AFP