Ce que nous allons faire

 « Ils réaliseraient leur volonté ; leur personnalité naissait de cet acte fait par eux et pour eux. Ils auraient une maison, un palais, une forteresse, un temple, un panthéon, où ils seraient chez eux »

Louis Pergaud (La guerre des boutons)

 

 

Face aux crises actuelles du savoir habiter et des formes d’habitat, nous proposons dans la démarche « Construire Ensemble Le grand ensemble » de réaliser de nouvelles formes d’habitat social impliquant les futurs occupants et tous les acteurs locaux.

Des habitations destinées en premier lieu à ceux qui ont le plus de mal à se loger, et dont l’apport personnel, sous de multiples formes, permettrait une forte appropriation ainsi qu’une forme d’acquisition de leur lieu de vie.

Des habitations hors nomes, foncièrement écologiques, dont la conception et les chantiers seraient des actes culturels, éducatifs et sociaux au cœur de la cité, dont la gestion et l’évolution seraient assurées par les habitants eux-mêmes.

 

 

LA DEMANDE

 

Un maire

Par ce qu’il est le représentant démocratique direct le plus proche des gens, tout projet s’appuiera en premier lieu sur l’engagement d’un maire. Il a la délégation de ses électeurs dans deux domaines indispensables : le projet urbain avec la gestion du foncier ainsi que la demande et la solidarité de l’aide au logement.

 

Un territoire

La démonstration de l’engagement d’une collectivité suppose en préambule de céder un terrain pour le dédier à un tel projet. Cette cession indispensable à l’équilibre financier d’opérations à vocation très sociales peut être un simple don ou appuyée sur les principes de droit civil qui dissocient l’usage et la propriété, tels l’usufruit et l’emphytéose. La collectivité garderait les droits sur la propriété nue et l’occupant les droits de l’usage et de ses propres apports.

 

Un organisme social

Ensuite il faut, sous l’impulsion des élus, créer un lien avec un organisme du logement social prêt à revoir les façons de faire habituelles du logement social. Ce peut être un office municipal, une SA HLM, une SEM, ou même directement la commune. Il sera la structure centralisatrice des aides collectives au logement et garantira la sécurisation de l’habitat des plus modestes et fragiles.

 

Chaque projet débute donc avec la volonté d’un maire, un territoire dédié, un organisme d’habitat social et des volontaires coopérateurs.

 

La valeur habiter

Nous partons du principe que le simple fait d’habiter un lieu doit lui donner une valeur et que donc l’investissement personnel dans ce lieu doit être valorisé. Retrouver du sens à l’habitat suppose en effet de favoriser l’investissement personnel dans ses évolutions pour développer l’appropriation et l’adaptation aux différents modes de vie. C’est aussi recréer des raisons et modes de vivre ensemble, indispensables pour se reconstruire soi-même.

 

Pour rendre possible cet investissement, nous nous appuierons, dans le montage des projets, sur des formes atypiques d’accession sociale à la propriété et, durant toutes les étapes suivantes, sur un développement complet de la participation des habitants.

 

LA COMMANDE

 

L’accession sociale

L’accession donc, non pas pour la propriété elle-même, mais également pour permettre à ceux qui en sont toujours privés d’acquérir par leur habitat une forme d’épargne et de sécurité.

Chaque opération aura son montage spécifique qui pourra être un mélange des principes suivants :

-          L’accession à la propriété par la valeur travail

L’apport activité, c'est-à-dire tout ce qu’une personne est susceptible d’apporter au montage, à la construction  ou à la gestion du projet, peut être pris en compte en remplacement d’un apport financier lors du financement d’une accession à la propriété de son habitation.

-          La location participative

Le principe est de partir de locations HLM classique (et même de locations-accessions) dont la participation des habitants à l’évolution de la construction est valorisée. A la fois par ce que les loyers n’augmentent pas lorsque l’on permet aux occupants de modifier et d’agrandir leur habitation. Mais aussi par ce que la valeur de ces transformations est quantifiée et acquise au locataire à son départ sous la forme d’un pécule.

-          L’accession progressive à la propriété

Elle s’appuie sur la loi ENL de 2006 dont les décrets d’application du printemps 2009 instituent les Sociétés civiles d’accession progressives à la propriété (SCIAPP) et dont la forme coopérative développée par l’association AERA en fait un outil essentiel de transformation du logement social.

Le principe est de constituer un groupe de personnes volontaires avec des revenus divers, qui élaborent leur projet de vivre ensemble et s’associent au sein d’une SCI de forme coopérative avec un organisme HLM. Celui-ci, véritable partenaire, construit ce lieu de vie et cède aux habitants au fur et à mesure des loyers versés, des  parts sociales de la SCI, jusqu’à ce que chacun ai acquis la valeur de son habitation.

Nous rechercherons une combinaison de ces trois principes qui mêlent un apport personnel (la valeur travail), un loyer très bas qui apporte tout de même une épargne populaire.

 

Ne pas attribuer

L’attribution des habitations n’est pas un ordre sur une liste mais, tout en gardant l’objectif de loger les personnes les plus modestes, elle est basée sur le plaisir et l’intérêt de faire et d’habiter ensemble.

Elle prendra en compte les plafonds de revenus, mais sera le fruit de la cooptation d’un groupe qui se constitue, du soutient des représentants de la collectivité et des concepteurs, du hasard des rencontres, des opportunités et des nécessités.

Pour faire le lien et garantir l’élaboration d’un projet commun cohérent, il faudra faire appel à un acteur tiers qui n’est ni habitant, ni maître d’ouvrage, ni concepteur. Selon l’échelle des projets, il peut s’agir d’un véritable organisme de type OMPC (organisme de médiation et de programmation coopérative) ou plus simplement d’un ou plusieurs étudiants en architecture, sociologie ou psychologie dont l’objet de recherche serait le projet se construisant.

Cette activité se déroulera tout au long du montage et des études. Il a pour objectif d’aider à créer le groupe et à élaborer son programme collectif et individuel.

 

Habiter mélangé

Par ce qu’elle est une condition du bien vivre ensemble et de la qualité des villes, la mixité sera recherchée dans des domaines variés.

-            Mixité dans les situations sociales : différents niveaux de vie, des personnes les plus en difficulté aux plafonds hauts du logement social, des personnes aidés aux personnes aidant.

-            Mixité des situations familiales : familles nombreuses, monoparentales, célibataires, colocataires,…

-            Mixités personnelles : mélangé les altérités, le handicap, le grand âge, les habitudes…

-            Mixité d’activités : faire entrer la question de l’activité dans l’habitat, travail à domicile, artisanat, petites entreprises, services à la personne,…

-            Mixité d’équipements communs : Que les opérations permettent la mise en commun d’équipements qui servent à tous, salle de jeu, laverie, chambre d’amis,…

 

La participation constante

A toutes les étapes possibles des projets, la participation des futurs habitants et de tous les acteurs locaux sera favorisée. Elle sera le ciment qui permettra de fonder une personne dans un lieu et dans une communauté. Par participation nous n’entendons pas ici uniquement faire faire par les personnes elles-mêmes, mais plutôt faire avec elles, ouvrir toutes les étapes de la construction :

-          Le montage des projets associe les élus, les structures sociales et les habitants qui ont leurs propres apports.

-          La conception des projets sera menée par les concepteurs en collaboration avec les commanditaires et les futurs habitants.

-          La participation des habitants à la construction se fait par une part d’auto-construction ou d’auto-finition, qui peut atteindre jusqu’à 20% du coût des constructions. Elle peut aussi passer par des soutiens logistiques aux chantiers ou des apports en matériel et matériaux.

-          La gestion des habitations sera collective et communautaire.

 

LA CONCEPTION

 

Réduire les coûts

Notre objectif étant de réaliser des habitations atypiques pour des personnes ayant des revenus divers, mais notamment très modestes, leur apportant même l’occasion d’une épargne, il est indispensable d’additionner les solutions pour réduire fortement les coûts de construction pratiqués dans le logement social.

En préalable,  il faut ne pas avoir à supporter :

-            Le coût du foncier

-            La viabilisation des terrains.

La forme de ces opérations permet de plus :

-             De supprimer les surcoûts des promoteurs immobiliers pour la commercialisation et leurs marges, ce qui représente de 10 à 20% du prix de reviens d’un projet classique.

-             De gagner la participation des habitants (en auto-construction) qui peut représenter jusqu’à 20% du montant des travaux

Le travail d’accompagnement et le caractère expérimental devrait amener encore :

-            Un regroupement des aides sociales à la personne : APL, handicap, vieillesse, aides aux démunis,…

-            Des subventions spécifiques : ANRU, taux d’intérêts réduits,  TVA 5.5%, aide des collectivités,…

-            Des engagements privées : souscription populaire, mécénat,…

-            Des aides à l’insertion et à la formation professionnelle.

Nous rechercherons enfin des économies supplémentaires en dénormant la construction

-             Etudier les usages et les normes de surfaces. La surface peut compenser l’équipement, toutes les pièces ne nécessitent pas le même confort, des usages peuvent être partagés,…

-             Individualiser les besoins pour ne pas répondre mal à toutes les normes mais bien à des particularités (répondre bien à un handicap, ne chauffer que certaines pièces,…)

-             Toujours interroger l’application des normes. Il est par exemple possible de faire la balance entre d’un côté les bénéfices de l’assurance et de l’autre les surcoûts induits par le strict respect des normes de la construction (usage de matériaux certifiés, DTU,…) qu’elles sont seules à exiger.

L’objectif est de construire des habitations neuves à un prix de reviens inférieur à 50.000 €HT par unité de vie.

 

Concevoir écosophique

Les principes de conception que nous poursuivrons seront d’ordre Ecosophiques, suivant les trois écologies de F. GUATTARI. C'est-à-dire qu’ils seront le fruit d’une recherche d’équilibre entre les trois véritables piliers du développement durable : Environnemental, économique et social et personnel.

-          Ecologie environnementale par l’usage de matériaux simples et seins, par l’apport d’énergies renouvelables. Mais aussi par l’utilisation de matériaux de réemploi, et par le fait de ne construire que l’essentiel.

-          Ecologie économique et sociale en faisant travailler des entreprises locales, à petite échelle, en valorisant les constructeurs par leur implication dans des chantiers accueillant, en imposant des entreprises d’insertion.

-          Ecologie de développement personnel ou mental qui est peut-être la plus oubliée, grâce à l’individualisation et la subjectivation des habitations construites, et par le ré-enchantement de l’acte de construire et d’habiter dans une attitude culturelle.

 

LA CONSTRUCTION

 

Construire un acte culturel

La Culture est à l’origine et à l’aboutissement de notre démarche.

A l’origine, par ce qu’il s’agit, pour redonner sens à l’habitat, de remettre la culture au cœur de la construction des villes et de ne plus laisser la technique s’en charger seule.

Nous nous servirons des lieux culturels que nous avons réalisés dans de nombreuses régions de France. D’abord pour démontrer la pertinence et réutiliser dans l’habitat une démarche qui a permis de dénormer la construction de lieux, les rendant moins chers à construire et plus performants à utiliser. Ensuite, pour créer dès le début des projets d’habitation des partenariats avec ces structures, afin que ces chantiers se vivent comme de véritables actes culturels.

Le partenariat suppose que les établissements culturels programment directement sur les chantiers et avec les acteurs (habitants et constructeurs) des projets artistiques qui vont à la fois donner vie aux chantiers et révéler par des visions et des moyens décalés un sens nouveau à ce qui se construit et à ce qui sera vécu.

Ces projets apporteront également des moments festifs qui accompagnent tous les moments clés des constructions et qui seront l’occasion de rassemblements populaires et joyeux.

 

Construire un acte social

Parallèlement, et de manière similaire, nous établirons des partenariats avec des structure d’insertion et de formation professionnelle. L’objectif est de se servir des systèmes et des aides importantes dans ce domaine mais aujourd’hui encore complètement délayées et éloignées des besoins pour aider directement les personnes concernées.

Les entreprises d’insertion locales seront sollicitées pour répondre à certains lots de la construction. Elles pourront employer pour l’occasion de futurs habitants dont le parcours professionnel  est difficile ou dont les handicaps de vie les rendent dépendants.

De même, certains futurs habitants en évolution ou en reconversion professionnelle pourront bénéficier des aides orientées pour la formation (FONGECIF) dans ces chantiers.

En utilisant conjointement ou alternativement les aides apportées à l’insertion et celles allouées à la formation, des personnes en difficulté sociale pourront ainsi, en construisant leur propre lieu d’habitation et celui de leurs voisins, avoir une activité et même acquérir une qualification professionnelle.

 

Construire un acte éducatif

Etant persuadés que les chantiers de construction sont pour une ville des moments essentiels par ce qu’ils révèlent sa vitalité, son renouvellement, par ce que ce sont des temps longs fédérant un grand nombre d’acteurs et des moyens importants, nous y développerons également un travail d’éducation populaire.

Le premier acte est de rendre tous les chantiers ouverts au public. Une ouverture accompagnée, par sécurité certainement, mais surtout par souci de faire comprendre et partager. Un public aussi varié que possible : Des enfants qui découvrent souvent pour la première fois les métiers de la construction (même parfois enfin voir le métier de leurs parents), des élus qui rencontrent sur le lieu même les administrés pour lesquels ils font construire, des voisins qui appréhendent ce qui se passe derrière les palissades,…etc.

Le chantier ouvert suppose un investissement des acteurs de la construction, qui proposeront des conférences ou des cours publics dans leur domaine.

Cette éducation populaire passera également par la culture, puisque celle-ci sera investie de la mise en vie et en lumière des chantiers.

Chaque chantier sera enfin un lieu de recherche et d’apprentissage pour les écoles et les universités. Ecoles d’architecture et de la construction par l’accueil de stagiaires longue durée et de projets pédagogiques sur place. Universités par l’utilisation des projets comme terrain d’observation de mémoire et de thèses.

 

La maison du projet

Pour fédérer toutes les actions et toutes les personnes, un lieu unique sera construit sur le lieu même des opérations.

Faite le plus économiquement possible, utilisant des matériaux réemployés, elle sera le premier acte construit, le lieu des premiers échanges sur le projet, des rencontres de groupes se constituants.

Elle deviendra ensuite le cœur de la cité de chantier et sera utilisée aussi bien en réfectoire pour les ouvriers qu’en salle de conférence, en salle de bal pour les gens du quartier, ou pourquoi pas en salle d’un conseil exceptionnel pour la municipalité.

Elle est prise en main par une antenne culturelle et accueille pour les projets les plus importants un café et restaurant associatif.

Par la suite, ce lieu qui portera les traces de tout ce qui aura fait l’histoire de la construction, en deviendra la maison commune et continuera d’abriter les évènements collectifs et l’ouverture au quartier.

 

L’USAGE

 

L’autogestion

Transformer l’usage

 


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