Peut-on vraiment sortir du nucléaire ?

Créé le 14-10-2011 à 17h16 - Mis à jour le 15-10-2011 à 10h36      42 réactions

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Par Le Nouvel Observateur

Deux collectifs d'experts présentent leurs feuilles de route pour une France sans nucléaire dès 2030. Mais ne sous-estiment-ils pas le coût de cette révolution ? Par Guillaume Malaurie.

La centrale nucléaire de Tricastin à Bollène dans le sud de la France.
 (AFP)

La centrale nucléaire de Tricastin à Bollène dans le sud de la France. (AFP)
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(Article publié dans l'hebdomadaire paru jeudi 13 octobre.)

Le 15 septembre, une très vieille certitude française s'effondrait lorsque Martine Aubry annonçait qu'il fallait "sortir du nucléaire et ne pas rester à mi-chemin". Fukushima oblige, nos 58 réacteurs célébrés depuis quarante ans ne valaient brusquement plus un clou. Bons pour la casse. Un vrai culot.

Sauf que les premiers travaux pratiques sont moins bluffants. Surtout quand Aubry explique que la fermeture de nos centrales sera compensée par les surplus... des éoliennes allemandes !

"En finir avec le nucléaire"

Normal : notre classe politique n'avait jamais réfléchi sérieusement à une hypothèse postnucléaire. Mieux vaut se tourner vers les deux équipes d'énergéticiens qui viennent de présenter les scénarios détaillés d'une transition radicale. D'abord le collectif négaWatt, qui a mis à jour une étude datant de 2006.

Ensuite il convient de lire "En finir avec le nucléaire" (Seuil), signé par Benjamin Dessus et Bernard Laponche, les deux animateurs de l'association Global Chance.

Les uns et les autres sont formels : entre 2030 et 2035, les dernières centrales peuvent mettre la clé sous la porte... et les machines à laver des Français continueraient de tourner.

Le négawatt

Bien. Mais comment éliminer ce nucléaire qui fournit 75% de notre électricité ? Une proportion unique au monde : en Allemagne, c'est 22% et seule la Corée arrive à 30%.

Faut-il miser sur des technologies futuristes ? Pas seulement. Car, réalisme oblige, il faut prendre en compte les 7 millions de résidents français supplémentaires dans quarante ans, "soit l'équivalent de la région Rhône-Alpes".

Le Graal, ce serait le kilowattheure que l'on... ne consomme plus (le négawatt, justement) ! Un "gisement colossal", assurent les experts, puisqu'il permettrait à la France de passer d'une consommation de 516 térawattheures par an aujourd'hui à 340 en 2031.

Une réduction drastique à laquelle les énergies renouvelables connues, renforcées par un programme ambitieux de méthanisation des déchets agricoles et de l'agroforesterie, seraient alors en mesure de faire face.

Les Allemands consomment 27% d'électricité en moins

Sorcellerie ? Phantasme vert ? Pas si sûr. D'abord parce que les Allemands ont montré qu'existaient des marges substantielles d'économie. Eux consomment déjà 27% de moins d'électricité que les Français, grâce à des normes plus exigeantes et à un tarif électrique plus onéreux.

Pareil pour la performance énergétique de leurs logements, de 20% supérieure à la nôtre. Une civilisation de la sobriété, qui sera de toute façon nécessaire à mettre en oeuvre pour anticiper l'épuisement des énergies fossiles et réduire les émissions de gaz à effet serre.

Le prix du kilowattheure nucléaire multiplié par deux

Consultant chez Carbone 4 et coordinateur du rapport de Terra Nova "Maîtriser l'énergie", Alain Grandjean estime que ces scénarios "sobres" sont loin d'être surréalistes. "Le livre de Benjamin Dessus et Bernard Laponche, confie-t-il, a le grand mérite de poser les questions sans tabou et de chiffrer la mutation."

Grandjean refuse notamment d'utiliser l'argument massue des partisans du nucléaire, qui font valoir les 13 centimes/kWh ultracompétitifs de l'atome. Selon lui, "le lancement de Flamanville, le vieillissement des réacteurs et les nouvelles normes de sécurité suite à Fukushima devraient multiplier au moins par deux le prix du kilowattheure nucléaire". Soit à parité avec l'éolien terrestre. Et si le photovoltaïque reste aujourd'hui deux à quatre fois plus cher, ses coûts dégringolent de 7% par an.

"Une sous-estimation des masses budgétaires"

Là où les scénarios de sortie du nucléaire coincent, selon Grandjean, c'est sur le rythme de la transition : "Moi, je crois que c'est jouable avec ou sans EPR pour 2050. Mais en seulement deux décennies, le risque de recourir massivement au gaz est très sérieux. Nous serions alors à la merci d'une flambée des prix."

La seconde objection, la plus lourde, c'est celle du coût. "Il y a, je crois, une sous-estimation des masses budgétaires considérables à déplacer pour diminuer la consommation d'électricité. Quand Dessus et Laponche économisent 95 térawattheures, ils évaluent l'investissement à S centimes le kilowattheure évité alors qu'il est au moins quatre fois plus cher."

Autre exemple : la rénovation thermique du bâti. "Pour réussir l'objectif note Alain Grandjean, il faudrait passer très rapidement du rythme de 100 000 logements rénovés actuels par an à... 1 million." La facture finale ? C'est 500 milliards d'euros !

Guillaume Malaurie – Le Nouvel Observateur

 

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Par Le Nouvel Observateur
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Olivier Da Silva

Olivier Da Silva a posté le 27-10-2011 à 00:43

Il ne faut pas détruire notre société AREVA avec ses : 47000 emplois dans la filière nucleaire.
Par contre faire une feuille de route pour passer à 50% dans 15 ans, fermer les vieilles centrales en construisant des nouvelles sur le principe une ouverte 2 fermées ....et en compensant l’énergie nucleaire par des énergies renouvelables (éoliennes en haute mer, panneau solaire sur les toits, économies énergétiques...).
Ne nous amusons pas à faire comme nos voisins qui sortent du nucleaire en reouvrant massivement leur central au charbon très polluante !!!

Olivier Daniélo

Olivier Daniélo a posté le 19-10-2011 à 21:23

Bonjour Monsieur Malaurie,
Je pense qu'il y a une boulette dans votre article.
Explications ici:
http://www.decouplage.org/article-la-position-d-alain-grandjean-evolue-a-propos-du-nucleaire-et-des-enr-86854808.html

Bien cordialement

Roland Courtecuisse

Roland Courtecuisse a posté le 16-10-2011 à 14:51

bonjour
Il y a par exemple les générateurs magnétiques, qui "capture l'énergie" par l'intermédiaire de prises de terre, en regardant sur le net magnetic generator vous trouverez des explications, il y a plusieurs expériences dont certaines fonctionnent bien et sont en "servie" chez des particuliers qui les ont fabriqués, ici au Québec, pour moins de 300 dollars de fournitures.
bonne journée

Roland Courtecuisse

Roland Courtecuisse a posté le 15-10-2011 à 23:38

bonjour,
Tout ce beau monde, les pour les contre, oublient qu'il existe aussi des solutions pour produire de l'électricité, de manière économique, et des moteurs (minato) qui consomment 70 % de moins que les moteurs classiques actuels.
Les "chercheurs" ont les solutions mais les pme qui souhaitent les développer n'en ont pas les moyens ! les puissants eux sont aux manettes et ceux qui détruiront les centrales, au prix fort, sont les mêmes qui prendront la relève des énergies nouvelles et autres.
Un peu de bon sens svp

edouard soutoul

edouard soutoul a posté le 16-10-2011 à 03:41

Bonjour

je comprends le raisonnement encore faut - il que les solutions alternatives soient crédibles et ne présentent pas plus d'inconvénients que d'avantages. Concrétement quelles sont les solutions à part les moteurs minato ?

lajoinie cachou

lajoinie cachou a posté le 15-10-2011 à 21:05

Non , faire l'autreriche, c'est epouser carla

Claudius Vivarais

Claudius Vivarais a posté le 15-10-2011 à 13:46

On ne parle pas du coût exhorbitant de la fermeture d'une centrale nucléaire. Plus on attend, plus il faudra les fermer toutes en même temps, et cela sera impossible. On mise actuellement sur le remplacement ds recteurs actuels par d'autres, les EPR qui connaissent d'ailleurs quelques difficultés et qui devront un jour aussi être remplacés. Pendant ce temps les énergies renouvelables ne suffisent pas. On voit les allemands qui vont brûler du charbon et du pétrole comme des fous pour raison électorale (ou acheter notre électicité "nucléaire" !). Nous sommes donc dans un cercle vicieux. Pire, on apprend que le gouvernement allait autoriser un programme d'exploitation de gaz de schiste avec fracturation à Montélimar, dans une zone sismique, à proximité immédiate des centrales nucléaires de Cruas et de Tricastin. Mais où va se loger la folie des politiques si prompts à utiliser le principe de précaution quand ça les arrange ?

edouard soutoul

edouard soutoul a posté le 15-10-2011 à 20:22

il faudrait que MA le dise plutôt que d'abuser son monde

Fred Dassert

Fred Dassert a posté le 15-10-2011 à 12:48

Les allemands construisent des centrales à charbon en grande quantité.Le co2 ils s'assoient dessus,le rechauffement climatique ext... c'est oublié enterré.La sortie du nucléaire les obligera à en construire beaucoup plus et les importations massives de gaz vont les rendre vulnérables à la Russie.Vous parlez des éoliennes alors que ce ne peut etre qu'une énergie d'appoint bien capricieuse.Pour ne parler que du bassin parisien,vous savez quel son les besoins surtout l'hiver avec des temperatures négatives tres souvent ! IL SOUFFLERA LE VENT A CE MOMENT LA LORSQUE ON A AURA BESOIN ????????? De meme pour les panneaux photovoltaiques quant le pseudo soleil d'hiver disparait des 17 h à l'horizon. ILS PRODUIRONT QUOI CES PANNEAUX QUANT ON AURA DE FORT BESOIN D'ELECTRICITE ????????????Ces deux associations sont de parti pris sans aucune objectivités pour traiter ces sujets.Elles sont noyautés par des integristes écolos qui ne se complaisent que dans l'éco-terrorisme.On veut des études neutres, non partisanes ,qui nous éclaireront sur ce sujet, pas des elucubrations de pretres-écolos qui sont totalement disqualifiés du fait de leur manque d'objectivité

edouard soutoul

edouard soutoul a posté le 16-10-2011 à 03:43

Le raisonnement a l'air de se tenir

 
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