Chili : "une révolution de classe moyenne"

Créé le 12-08-2011 à 12h44 - Mis à jour à 15h42      4 réactions

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Par Le Nouvel Observateur

Le mouvement de colère estudiantin, démarré il y a trois mois, s'étend au reste de la population chilienne.

Manifestation pour une refonte du système éducatif, le 14 juillet 2011 à Santiago (AFP)

Manifestation pour une refonte du système éducatif, le 14 juillet 2011 à Santiago (AFP)
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Il n'y a pas qu'en Grande-Bretagne que la jeunesse gronde. Depuis trois mois, les étudiants chiliens sont dans la rue pour protester contre la politique éducative de la droite, au pouvoir depuis 17 mois. Ces manifestations sont les plus importantes depuis le retour de la démocratie il y a 20 ans, avec jusqu'à 80.000 personnes. Elles réclament, en particulier, une garantie constitutionnelle sur un noyau d'enseignement public gratuit de qualité.

"Rien n'est gratuit dans la vie"

"On aimerait tous que l'éducation, la santé et plein de choses soient gratuites pour tous (...) mais au bout du compte, rien n'est gratuit dans la vie et quelqu'un doit payer", leur a répondu le président chilien Sebastian Pinera jeudi 11 août.

L'ancien entrepreneur, multimillionnaire, a cependant annoncé la création d'une "Agence pour la qualité", dotée de 40 millions de dollars, chargée d'assurer des "standards minimum", dans un système éducatif très inégal en qualité.

Il a également indiqué que deux projets de loi, pour le rééchelonnement de la dette de 110.000 endettés pour payer leurs études, et un autre pour baisser le taux des crédits étudiants, à ce jour plus chers que les crédits bancaires classiques, seront soumis au Parlement.

Il a enfin affirmé que l'Etat planche sur un mécanisme qui verrait les municipalités -en charge des écoles publiques depuis les années 80- déchargées de cette responsabilité en cas de manquement à un niveau minimum.

Les étudiants ne désarment pas

Largement insuffisants pour les étudiants, qui prévoient une nouvelle journée de manifestations le 18 août.

Ils ont récemment reçu le soutien des Anonymous, ce groupe de hackers politisés, notamment popularisés pour leur participation aux révolutions arabes.

Dans un communiqué transmis au "Nouvel Observateur", les Anonymous disent "défendre le droit d'accès à la connaissance et à l'éducation pour tous les humains" et invitent les citoyens chiliens "à rester dans les rues" pour faire plier le gouvernement. "Le Chili n'est pas seul dans son combat. Nous, les Anonymous, nous battons à vos côtés", affirment-ils.

Un mouvement plus large

Ce mouvement de colère s'étend aussi à bien davantage de Chiliens, qui s'agacent de ne pas surnager dans une économie pourtant "performante" (croissance de 8% sur 2011).

"On vit une révolution de classe moyenne; des gens qui ont leur enfant à l'université, mais sont asphyxiés de dettes, et qui commencent à s'interroger sur le sens de la vie", analyse pour l'AFP le sociologue et ancien conseiller présidentiel Euguenio Tironi.

"Cela rappelle Mai 68 (en France), quand ce sont les fils de la bourgeoisie qui descendirent dans la rue".

Les conversations au bureau, de voisinage, sur les réseaux sociaux traduisent un soutien au mouvement étudiant, et au-delà de l'éducation, interrogent un modèle qui ne satisfait plus assez de monde.

"Depuis le retour de la démocratie (en 1990), le Chili a avancé sur une voie de développement mais d'une intégration sociale insuffisante. Beaucoup sont parvenus sur la rive, face à la Terre promise de la classe moyenne, mais sans pouvoir franchir la rivière", diagnostique le sociologue Patricio Navia, qui soutint en 2010 l'alternance à droite avec Sebastian Piñera.

"Une ségrégation obscène"

Le système éducatif à deux vitesses, où la qualité de l'enseignement est intimement liée aux ressources, freinant de fait l'ascenseur social, est le produit du "modèle" chilien depuis les années 80, jugent ses critiques.

"Même dans ses rêves, le Tea Party n'a jamais imaginé un pays comme celui qu'ont dessiné nos Chicago Boys (les économistes libéraux qui entouraient Pinochet): charge fiscale au plus bas, Etat minimisé, dérégulation quasi totale", résume Mario Waissbluth, un observateur respecté de l'éducation au Chili.

Résultat: de même que la croissance record (5% sur 25 ans) masque de criantes inégalités, le Chili a le meilleur PISA (test scolaire international) d'Amérique latine, mais "une ségrégation obscène en terme de résultats, ou de composition sociale des écoles et universités" note-t-il.

Sans renier une offre public-privé, il faudrait que le pouvoir dise : "nous allons sauver l'éducation publique, coûte que coûte", plaide Mario Waissbluth, qui a été reçu mercredi au ministère pour exposer ses vues sur une sortie de crise.

Le Nouvel Observateur avec agences

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Par Le Nouvel Observateur
Votre réaction

Francisco Maturana Miranda

Francisco Maturana Miranda a posté le 17-08-2011 à 21:43

Comme Chilien et professeur à l'université de Concepción (Chili), j'ai bien aimé l'article, mais il faudrait quelque précision, à mon avis Patricio Navia et Euguenio Tironi ils sont deux « politicien » caché et je ne sais pas comme ils peuvent parler par rapport au sujet (Tironi qui a travaillé pour le projet très controversée d'hidroaysen).
La situation au Chili c'est terrible les étudiants, il doivent payer environ 350 euros par mois pour étudier à l'université (dans une formation moyenne car pour étudier la médecine par exemple, on peut payer facilement 600 euros par mois!!!!) (le smic au Chili est d'environ 230 euros par mois.)
Donc il y a plusieurs étudiants qui ont pris des crédits, mais la taux est très élevée (si vous avez demandé 5 vous devriez payé 8).
cordialement
Francisco

Robert Pfeffer

Robert Pfeffer a posté le 13-08-2011 à 17:05

Je suis ravi d'apprendre aujourd'hui que depuis trois mois les étudiants chiliens manifestent contre la politique de leur gouvernement. Il est vrai que le Chili c'est bien loin et ceci explique peut-être cela.
Grandpep

lajoinie cachou

lajoinie cachou a posté le 12-08-2011 à 15:26

vite faut que cameron intervienne

lajoinie cachou

lajoinie cachou a posté le 12-08-2011 à 16:49

suite : au secours du fantome de pinochet naturellement

 
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