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31/10/2011 | 07:00 | Dominique Seux | Lu 6199 fois | 12 réagissez

Euro : ce qu’on vous cache

Retour sur deux aspects de l’accord européen. Une révolution peut en cacher une autre.

Comme c’est souvent le cas, l’attention se focalise sur les résultats les plus attendus ou sur les surprises. Or, parfois, le plus important ne saute pas aux yeux, n’est pas très médiatique.

1 - Dans l’accord européen du 26 octobre, le plus attendu, c’étaient la recapitalisation des banques, la Grèce ou le fameux Fonds européen, tandis que la vraie surprise a été l’appel lancé à la Chine pour qu’elle participe au sauvetage des pays en difficulté.

Si on s’attarde quelques instants sur ce dernier sujet, cette hypothèse - rien n’est conclu -, est en réalité sans doute plus signifiante que significative. Signifiante parce qu’il est paradoxal de voir des pays riches tendre la sébile à des émergents. Dans l’histoire, c’est la Grande-Bretagne qui a au départ financé le décollage des Etats-Unis ou de l’Inde, c’est la France qui a apporté ses capitaux en Afrique. Là, c’est donc l’inverse.

Mais au-delà du symbole, cet appel n’est pas forcément significatif parce que l’on parle de montants modestes – moins de 100 milliards de dollars -, que la Chine finance depuis longtemps les Etats-Unis et que Pékin a intérêt à ce que l’Europe, son premier client, ne sombre pas. A ce stade, on peut donc seulement dire que si cela se concrétise, l’Europe se prive d’armes pour poser des exigences commerciales à la Chine... et qu’elle est humiliée.

2 - Mais il y a aussi dans l’accord européen un enjeu caché peut-être plus important... et qui aura à mon avis plus d’effets sur nos choix politiques et nos vies. Il s’agit – soyons précis - de l’alinéa 4 du paragraphe 26 de l’accord européen. Il est intitulé « Surveillance et coordination économique et budgétaire ». Il rend obligatoire (je cite) «  la consultation de la Commission et des autres Etats membres avant l’adoption de réforme majeure économique ou budgétaire pouvant avoir un impact sur le reste de la zone euro pour donner la possibilité d’une évaluation d’un possible impact pour la zone euro  ».

Personne n’en a parlé, mais c’est considérable. A partir de maintenant, aucun Etat, et donc notamment la France, ne pourra décider une politique importante sans en référer à Bruxelles et au jugement des autres pays, dont l’Allemagne. Comme le dit l’économiste Jacques Delpla, cette décision, c’est la fin de l’autonomie économique des Etats et le début de l’intégration des politiques économiques.

Concrètement, explique Jacques Delpla, avec un tel texte, la relance de 1981 aurait été impossible, la loi Tepa et ses baisses d’impôt aussi. Pour la gauche, cela veut dire que revenir en arrière sur la réforme des retraites serait impossible sans hausse d’impôt ; la majorité, elle, n’aurait pas pu baisser la TVA dans la restauration.

3 - Ce n’est pour l’instant qu’un « engagement » de chacun des 27, mais c’est un changement de paradigme, une limitation de souveraineté plus importante que l’appel à Pékin. Une limitation volontaire mais logique pour éviter que la souveraineté ne passe aux mains des marchés.

DOMINIQUE SEUX
Commentaires
Euro : ce qu’on vous cache

La grande illusion

Quel dispositif garantit la mise en œuvre du gouvernement économique européen ébauché la semaine dernière ?

En réalité, face aux marchés, les gouvernements sont impuissants .


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Rédigé par jbmattret | lundi 31 octobre 2011


Euro : ce qu’on vous cache

La zone euro va exploser dans quelques mois.

Dernier exemple en date : le naufrage de l’Italie.

Samedi 29 octobre 2011 :

Rien ne va plus pour l’Italie. Les investisseurs ne semblent pas croire à un miracle, redoutant semble-t-il que Rome sombre à son tour dans le chaos financier.

Alors que le pays doit faire face à un endettement colossal, le coût de son financement s’est à nouveau envolé vendredi lors d’une émission obligataire test.

De plus en plus inquiétant : les taux d’intérêt des titres à échéance 2022 ont dépassé la barre des 6 %, seuil considéré comme dangereux par les analystes.

Pire encore, un niveau record a été enregistré avec un taux de 6,06 %, contre 5,86 % le 29 septembre, date de la dernière opération de même type.

Les analystes considèrent la situation d’autant plus préoccupante, estimant qu’un tel niveau ne peut être longtemps soutenable pour l’économie italienne, cette dernière affichant une très faible croissance et le stock de dette demeurant très élevé, s’établissant désormais à 1900 milliards d’euros , soit environ 120 % du PIB. Des chiffres vertigineux qui pourraient effectivement en effrayer plus d’un ...

Les taux des titres à échéance 2014 ont quant à eux progressé à 4,93 %, contre 4,68 % lors de la précédente émission, ceux des titres à échéance 2019 s’élevant désormais à 5,81 % contre 4,03 %, tandis que ceux des titres à échéance 2017 s’établissaient à 5,59 %, contre 2,33 %.

Lundi 31 octobre 2011 :

Italie : taux des obligations à 10 ans : 6,119 %.

Plus les jours passent, plus l’Italie emprunte à des taux de plus en plus exorbitants.

Plus les jours passent, plus l’Italie se rapproche du défaut de paiement.

L’Italie sera le quatrième domino à tomber.


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Rédigé par BARF | lundi 31 octobre 2011


Euro : ce qu’on vous cache

Concernant votre 2e point, il est écrit une obligation de "consultation" de la Commission. Même si celle-ci rend un avis négatif, l’Etat concerné peut néanmoins appliquer sa politique.


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Rédigé par Aerobar | lundi 31 octobre 2011


Euro : ce qu’on vous cache

De toutes les façons cet accord comme tous ceux depuis le 29 mai 2005 n’ont pas de légitimité démocratique il est donc nul et non avenu !


Lien : légitimité

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Rédigé par cording | lundi 31 octobre 2011


Euro : ce qu’on vous cache

Ah oui, ce changement de paradigme n’est qu’un engagement ! Comme l’était le traité de Maëstricht ayant vainement plafonné les déficits et dettes publiques !

Les politiciens ont perdu toute crédibilité.

Les marchés font heureusement maintenant ce que la démocratie n’a pas fait : mettre des limites aux dépenses des États en limitant leur pouvoir de s’endetter. Là est le véritable changement de paradigme.


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Rédigé par Roland | lundi 31 octobre 2011


Euro : ce qu’on vous cache

Le raisonnement est convaincant et ... il montre aux citoyens des pays concernés qu’en Europe , la démocratie est un concept manipulé entre gouvernants . Elle paraît solidement respectée dans la disciplinée république fédérale d’Allemagne mais foncièrement asservie dans la monocratie centralisée française. Que des institutions disputent leur supériorité sur celle des marchés demeure une expression volontariste à la dimension d’une mégalomanie à gouverner le Monde entier !


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Rédigé par yokikon | lundi 31 octobre 2011


Blackstream est signifié.

Les signifiants sont l’Axe Berlin – Pékin, Washington – Wall Street surveillant ses satellites et obligés comme naguère Moscou les siens, et notre actuel Président faisant figure de mouche du coche … le signifié de la baisse de son pouvoir d’achat et de ses difficultés d’accès aux soins étant Blackstream (je vous accorde que ce n’est pas tout à fait la théorie de Saussure).

Je pense que nous assistons à des jeux d’accords pour dépecer les peuples européens qui sont aussi pervers que ceux de la fin des années trente : l’Histoire pourrait bien, dans d’autres assiettes, nous repasser les plats. Je commence à être très amer de revivre dans ma vieillesse ce que j’ai subi lorsque j’étais enfant … et nos politiques français et européens ne sont pas plus malins qu’à l’époque … pauvres de nous !


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Rédigé par Blackstream | lundi 31 octobre 2011


Euro : ce qu’on (ne) vous cache (pas)

Il y a quelque chose de fatigant dans votre manière d’approcher ce (vrai) problème ; c’est ce relent de grand complot international contre les peuples , qui génére toutes les absurdités ( un echonaute parlant même d’un axe Wall street / Berlin : le 1er prix de la c... )
PERSONNE parmi les politiques n’a jamais caché cela. C’est OUVERTEMENT la volonté de Berlin, qui tire là les leçons des errements des pays du Club med ( et de la France). C’est PRECISEMENT ce qu’a dit M Sarkozy dans sa conférence de presse
Les seuls qui "cachent" cela ce sont les journalistes, parce que pour la plupart ils ne font plus leur métier, et ne cherchent qu’à faire du Buzz. Or on ne fait pas de buzz avec les solutions de long terme qui sont discutées à Bruxelles, on en fait par contre en faisant écho aux adversaires anglo-saxons de l’Europe
Il est temps de recommencer à fiare votre métier !


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Rédigé par clauderoche | lundi 31 octobre 2011


A clauderoche : merci pour tout.

Et voici Blackstream premier prix de connerie … enfin, c’est ce que j’ai cru comprendre car vous n’osez même pas me nommer : pas très courageux, ça, de la part d’un commentateur qui fustige le laxisme des pays du Club Med. Bon, je n’ai rien à répondre, je me suis contenté de donner mon impression, mon « ressenti ».

On se croirait à une université d’été de Jeunes Pops de l’UMP … pour moi, je ne fréquente pas ce genre d’intégristes (pas plus que ceux du PS). Dans ces milieux, quand on manque d’arguments, on injurie … comme votre idole Sarko … mais je ne vais pas vous dire, malgré son mauvais exemple : « Cass-toi, pov’ con ! » … je suis nettement au-dessus de tels comportements.


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Rédigé par Blackstream | lundi 31 octobre 2011


Euro : ce qu’on vous cache

Pardonnez-moi, D. Seux, mais quel intérêt autre que purement intellectuel, peut-il y avoir à distinguer le signifiant du signifié. Ou à rappeler la pseudo-relance de 1981, la loi Tepa, la retraite à 60 ans, la baisse de la TVA sur la restauration...

La question serait peut-être d’analyser comment nous avons pu en arriver là, tant l’énormité de ces erreurs était criante, avant même qu’elles n’aient été commises. Etrange et indicible contraste entre les esprits indéniablement brillants de nos élites et leur impéritie dans l’action, ne parlons même pas de la durée.

A propos de la Grèce
. Qui va faire en sorte que l’impôt que les armateurs grecs, entre autres, ne paient aucunement, vienne enfin alimenter les caisses de ce pays ?
. Qui va veiller à ce que puisse être mis en place un système informatique efficient pour collecter les recettes fiscales, alors même que la Grèce ne dispose même pas d’un cadastre ?
. Comment relancer autrement et tant soit peu l’économie de la Grèce ?

Concernant l’Italie
.Qui va bien pouvoir faire en sorte que les mesures présentées par Berlusconi, supposées avoir « rassuré » quant au devenir de la dette de l’Italie, seront effectivement appliquées ? Le cas échéant, dans quel délai ? En attendant, ce pays qui mériterait un autre sort, croule lentement mais inéluctablement sous le poids d’un endettement abyssal.


Prétendre sauver l’euro quand l’édifice repose pour l’essentiel sur des dispositions théoriques, pour ne pas dire symboliques, et sans aucune certitude de leur exécution effective intégrant les détails qu’elles impliquent, constitue en soi le réel danger. D’autant plus objectivé que nul ne peut en l’état écarter l’éventualité de la résurgence d’une contagion soi-disant stoppée.

La « souveraineté » dont vous parlez, est d’ores et déjà passée – de fait, sinon de droit – aux mains des marchés. Prend-on vraiment le chemin approprié pour la restaurer ? Ne sembe-t-il pas que les valeurs bancaires descendent ce soir d’où elles étaient remontées deux séances auparavant.


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Rédigé par Marenut1 | lundi 31 octobre 2011


A Marenut1 : jeux avec les mots.

N’incriminez pas Dominique à propos de signifiant et de signifié : je suis responsable de la pagaille pour avoir appliqué la méthode qui consiste à s’emparer des mots du débateur, qui ne leur accordait peut-être pas une grande importance, afin de le déstabiliser … vieille astuce à la Sun Zi ou attaque par le flanc, appelez cela comme vous voulez. Bon, ce n’est peut-être pas très honnête mais c’est mieux que la savate de boxe thaïlandaise que pratique clauderoche.

J’ai interprété le mot signifiant utilisé par Dominique … signifiant une importance psychologique, et significatif voulant … signifier une importance concrète … ou le contraire, je ne sais plus. J’ai donc rajouté mon grain de sel avec signifié, faisant ainsi mon petit Lacan, un de mes maîtres avec Pierre Dac. Allez, pour une fois que je m’amuse pour pas cher, pardonnez-moi tous les deux. Quant à commenter sérieusement les palinodies de l’Europe et de l’euro, ne comptez plus sur moi.


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Rédigé par Blackstream | lundi 31 octobre 2011


Euro : ce qu’on vous cache

A Blackstream

Le fait est que D. Seux faisait le distinguo entre signifiant et significatif. Le « signifié » était donc de vous, ce qui ne change rien à ce que je voulais exprimer, confirmé hélas par l’actualité.

En tout état de cause, il ne pouvait y avoir de ma part quelque incrimination que ce soit à l’égard de celui qui nous accueille sur son blog, que l’on soit ou pas du même avis sur un sujet. Ce qui explique sans doute que l’invective n’y soit généralement pas de mise.

S’il arrive qu’elle survienne, elle n’en relève que mieux de l’insignifiant. Et ce serait dommage de nous priver de vos commentaires.


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Rédigé par Marenut1 | mardi 1er novembre 2011
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Dominique Seux est rédacteur en chef - France et International aux (...)

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