26 août 2011 - 10H12  

Tricoter, jongler...On apprend mieux pour quelques euros de plus
Comment apprendre le plus rapidement possible à exécuter des tâches motrices simples comme tricoter, jongler ou encore taper sur un clavier d'ordinateur ? Rien de plus simple, il suffit de vous récompenser par quelques euros, assurent de très sérieux chercheurs.
Comment apprendre le plus rapidement possible à exécuter des tâches motrices simples comme tricoter, jongler ou encore taper sur un clavier d'ordinateur ? Rien de plus simple, il suffit de vous récompenser par quelques euros, assurent de très sérieux chercheurs.
Les chercheurs ont soumis des volontaires au test suivant : regarder une image sur un écran représentant cinq touches d'un clavier d'ordinateur avec la consigne d'appuyer le plus rapidement possible sur trois d'entre elles de manière simultanée. Une motivation financière est proposée à chaque exécution : 10 euros ou 10 centimes d'euros selon les cas.
Les chercheurs ont soumis des volontaires au test suivant : regarder une image sur un écran représentant cinq touches d'un clavier d'ordinateur avec la consigne d'appuyer le plus rapidement possible sur trois d'entre elles de manière simultanée. Une motivation financière est proposée à chaque exécution : 10 euros ou 10 centimes d'euros selon les cas.

AFP - Comment apprendre le plus rapidement possible à exécuter des tâches motrices simples comme tricoter, jongler ou encore taper sur un clavier d'ordinateur ? Rien de plus simple, il suffit de vous récompenser par quelques euros, assurent de très sérieux chercheurs.

Mathias Pessiglione (Inserm) et ses collaborateurs du Centre de recherche de l'Institut du Cerveau et de la moelle épinière (CRICM) viennent en effet d'apporter la preuve scientifique que les récompenses monétaires améliorent l'apprentissage moteur chez l'homme.

Cet effet passe par une libération accrue de dopamine dans le cerveau, selon ces travaux qui viennent d'être publiés dans le mensuel de neurologie Brain.

Les chercheurs ont soumis des volontaires au test suivant : regarder une image sur un écran représentant cinq touches d'un clavier d'ordinateur avec la consigne d'appuyer le plus rapidement possible sur trois d'entre elles de manière simultanée. Une motivation financière est proposée à chaque exécution : 10 euros ou 10 centimes d'euros selon les cas.

Le résultat est sans appel : peu à peu, les participants exécutent d'autant plus rapidement la tâche qu'ils reçoivent la récompense la plus élevée (10 euros contre 10 centimes) même sans en être conscient.

Une fois ce constat fait, l'objectif était d'essayer de comprendre ce qui se passait dans le cerveau des participants. "Nous avons fait l'hypothèse que le circuit de la dopamine pouvait être impliqué dans ces processus", explique Mathias Pessiglione.

Neurotransmetteur

La dopamine est une substance chimique (un "neurotransmetteur") produite dans le cerveau. Elle permet de renforcer l'efficacité de certains neurones impliqués dans la coordination visuomotrice (lien entre ce que je vois et ce que je fais).

Pour vérifier leur hypothèse, les chercheurs se sont tournés vers des patients dont le cerveau libère plus de dopamine qu'habituellement.

C'est le cas des patients atteints de la maladie de Gilles de la Tourette, qui entraîne des tics (vocaux ou moteurs) involontaires, soudains, brefs et intermittents.

Les chercheurs de l'Inserm les ont donc soumis au même test (appuyer le plus rapidement possible sur trois touches de clavier d'ordinateur de manière simultanée). La moitié d'entre eux étaient traités par des médicaments bloquant le circuit de la dopamine (neuroleptiques) tandis que l'autre non.

Les résultats sont sans équivoque : lorsque la récompense est la plus élevée, les personnes sans traitement apprennent à exécuter la tâche bien plus rapidement que les personnes traitées et, surtout plus rapidement que les volontaires sains.

Enfin, les chercheurs ont testé des personnes présentant des troubles moteurs sans lien avec à la dopamine (torticolis spasmodique/dystonie focale) : leur rapidité à exécuter la tâche a été comparable à celle des volontaires sains.

Au delà de la démonstration scientifique, cette recherche débouche aussi sur des pistes thérapeutiques.

L'efficacité de molécules neuroleptiques atypiques (qui diminuent les tics sans altérer l'effet des récompenses chez les malades atteints de la maladie de Gilles de la Tourette) est d'ores et déjà étudiée par les chercheurs.

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