A Poitiers
Trois cent soixante-treize sans-papiers du département de la Vienne ont occupé le théâtre municipal de Poitiers pendant une semaine avant de lever le camp hier après-midi. Ces familles, guinéennes dans leur immense majorité, réclament une régularisation collective.
Sur la façade du théâtre, les banderoles de soutien rappellent le rôle des tirailleurs sénégalais dans la Libération de la France. D'autres constatent : «1945: vos papiers ! 2005 : sans papiers.» Depuis une semaine, la ville sait que les sans-papiers guinéens existent. C'était là le but du mouvement. «C'était une occupation symbolique pour sortir de l'ombre», explique Mohammed Sakho, porte-parole du mouvement. «Depuis 1997, je ne dors pas tranquille. Je suis clandestin, témoigne Bemba Sylla, 35 ans. J'ai peur de marcher dans la rue et de tomber sur un contrôle. Avec ma femme et ma fille de 2 ans, la vie est très dure. Sans papiers, même ramasser les melons c'est pas possible».
Dans le hall du théâtre, des matelas avaient été étendus. Des enfants jouaient, l'espace manquait. La mairie a improvisé un second dortoir à la Maison du peuple. Des associations comme le Toit du monde ont aidé à la préparation des repas. Chaque jour, le collectif de soutien a organisé une animation, et une pétition comptait hier 2 000 signatures. Vendredi, en allant déposer à la préfecture la demande de régularisation collective, ils ont constaté que l'accueil glacial de lundi avait laissé place à un ton chaleureux. Peut-être qu'en terre de Raffarin on souhaite éviter tout remous ?
Les prénoms de tous les sans-papiers ont été inscrits hier sur la place où est construit le théâtre. Un signe de bonne volonté, dit le collectif. En attendant la bienveillance de la préfecture. Car le mouvement pourrait se durcir : «On n'a plus rien à perdre. On fera la grève de la faim.» A Paris, douze sans-papiers viennent d'obtenir gain de cause après cinquante jours de grève de la faim.