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La phrase

La socio-histoire, c’est une aventure collective qui s’est nouée entre des gens de ma génération qui souvent avaient eu une jeunesse assez politisée, qui étaient marqués par un certain désenchantement et que la sociologie de Bourdieu avait également beaucoup influencés, sans nécessairement leur donner envie de devenir des soldats du bataillon bourdieusien.

Gérard Noiriel, entretien à  nonfiction.fr

Fondation Jean Jaurès

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Les Roms, "citoyens ou sans-papiers européens" ?
[mercredi 30 juin 2010 - 18:00]
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"C'est le moment de donner une impulsion pour parvenir à des améliorations substantielles dans l'intégration sociale et économique de la population Rom".

Voici une belle preuve du volontarisme qui imprègne la "Déclaration de Cordoue" adoptée au second Sommet européen sur les Roms qui s’est tenu le 9 avril dernier en Espagne. L’écho en a toutefois été faible dans les média ! Ce silence serait-il dû à l’absence d’un grand nombre de ministres européens intéressés par la question ? Pourtant, la présidence actuelle de l’Union Européenne s’est engagée : l’accès des Roms aux fonds structurels doit être plus efficace. Objectif ? Améliorer les conditions de vie de cette minorité gravement discriminée. Le manque d’intérêt pour la "question Rom", tant de la part des politiques que des médias, est révélateur.

La première des minorités européennes

Qui sont les Roms ? Généralement d’origine roumaine, les Roms constituent une minorité transnationale à distinguer des Tsiganes. Roms et Tsiganes partagent pourtant des traits culturels communs. Le flou qui entoure le terme de Roms est dû à l’absence de définition juridique établie en France, comme au sein de l’Union. Pour les instances européennes, l’utilisation du terme de Roms vise aussi les Tsiganes. Les 27 ont pour chacun d’entre eux un usage variable de la terminologie. La pratique administrative française utilise quant à elle l’acception de "gens du voyages", qui comprend aussi bien les Roms, les Tsiganes, les Circassiens que les Manouches. Si l’acception Tsigane est à l’œuvre depuis longtemps, celle de Rom présente aujourd’hui une pertinence politique forte : "L’identité Rom se rapporte davantage à une identité politique qu’à une identité folklorico-culturelle"  ). Cela explique que ce terme soit couramment relayé dans les média français.

La définition est incomplète. Une fois les difficultés de vocabulaires dépassées, il est intéressant de donner un contenu à ce terme. La minorité Rom dessine une mosaïque de groupes différents partageant tous une culture commune marquée par l’importance du groupe. Les Roms sont inscrits dans le dynamisme et l’évolution : ce sont des populations traditionnellement nomades et adaptatives. Jean-Pierre Liégeois   parle de "mobilité fonctionnelle"  . Leurs activités économiques sont très diversifiées et marquées par la nécessité de laisser du temps libre aux affaires du groupe. Aussi, une langue leur est commune tout en étant nourrie de nombreux dialectes. La description d’une culture unique ne serait pas pertinente : "Derrière l’infinie variété, derrière la diversité des styles de vie, de richesse, de sources de revenus, de types d’habitat, qui représentent comme l’écorce ou l’aubier de la culture, le cœur, cela peut paraître paradoxal, n’est pas rigide mais souple : c’est un tissu fait de relations qui permet une organisation flexible […]"  .

Les Roms constituent ainsi une minorité de 8 à 12 millions d’individus, aujourd’hui présents dans la plupart des Etats membres de l’Union. S’ils étaient originellement des nomades se déplaçant depuis l’Asie jusque l’Europe, les Roms sont aujourd’hui essentiellement sédentarisés. Ils connurent des vagues successives de diaspora qui prirent fin dans le courant du XXème siècle. Mais ils continuent encore aujourd’hui d’être les victimes de persécutions et de rejet.

Une minorité souffrant de multiples discriminations

L’actuel secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes – Pierre Lelouche – a dénoncé en Espagne les "conditions abominables" dans lesquelles les Roms vivent. Et pourtant, ce constat est loin d’être une nouveauté ! Une riche littérature tant scientifique qu’institutionnelle a établi - à de nombreuses reprises déjà - le bilan d’une situation sociale et sanitaire inquiétante  .

La liste est longue en effet des inégalités dont les Roms sont les victimes. Depuis l’image stéréotypée répandue dans les mentalités - à titre d’exemple citons que 77 % des personnes interrogées dans les 27 Etats membres de l’UE considèrent qu’appartenir à la minorité Rom est un inconvénient dans notre société  , le pas est ensuite vite franchi vers la discrimination - y compris de la part d’autorités étatiques.

"A partir des années 1990, les Roms se sont trouvés pris dans la tourmente des changements qui ont transformé le paysage géopolitique de l’Europe. Pour une période qui allait se révéler durable, débordant largement sur le XXIème siècle, ils sont devenus des boucs émissaires, accusés de tous les maux, allant des problèmes économiques aux difficultés d’intégration à l’Union européenne, rendus responsables d’une situation dont ils étaient les premières victimes"  . Comme d’autres groupes ethniques, les Roms font face à la rigidité des systèmes politiques, sociaux et économiques, les empêchant de s'intégrer ou de faire valoir leurs droits.

Antoine PLANQUETTE
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