Le débat sur l'énergie nucléaire se rallume en France

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Publié le 11-05-2004

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Sortir du nucléaire , les 13 000 membres du collectif du même nom estiment cela toujours possible en France, un des rares pays à continuer de miser sur cette énergie quand d'autres comme l'Allemagne, décident de s'en désengager progressivement. Du 24 avril au 23 mai, le tour de France de ce réseau fait halte dans 46 villes ou sites emblématiques de l'industrie nucléaire. Face à la décision du pouvoir de lancer les études de la nouvelle génération de réacteur, un courrier a également été adressé aux 20 présidents de région socialistes, afin qu'ils s'opposent à ce projet.

La bataille d'arguments et de positions autour de l'énergie nucléaire n'est pas prête de diminuer d'intensité. Confronté au vieillissement de son parc de centrales nucléaires, EDF vient d'obtenir l'aval officiel du gouvernement pour plancher sur la construction d'un nouveau réacteur, fondé sur la technologie d'EPR (Electron Paramagnetic Resonance), le tout pour un coût estimé à 3 milliards d'euros. Concernant les déchets générés par ce futur réacteur à eau pressurisée, la décision du conseil des ministres du 5 mai se contente d'indiquer qu'" il conviendra de préciser en 2006 la où les filières technologiques à retenir pour apporter une solution durable au traitement des combustibles usés et de préciser les efforts de recherche en la matière ".

Quelles énergies à la place du nucléaire ?

" La confirmation du programme EPR s'inscrit dans la continuité de ce qu'annoncent les pouvoirs publics depuis des mois, voire des années, regrette Stéphane Lhomme, du réseau Sortir du nucléaire. Cet argent aurait pu et dû être investi dans des énergies renouvelables plutôt qu'ajouté au pot du nucléaire qui coûte une fortune ". Et le porte-parole d'avancer la somme de 2 500 milliards de francs (plus de 380 milliards d'euros) qui aurait été consacrée, en France, à l'industrie nucléaire en un demi-siècle... Mais comment s'affranchir d'une énergie qui contribue à 80 % de la consommation électrique française ?
Le réseau estime qu'il faudrait jouer sur deux leviers. En priorité, en incitant à la diminution de nos dépenses, voire de nos gaspillages. " Des bureaux, des zones industrielles entières restent inutilement éclairés, la nuit entière, profitant des tarifs bradés à ces heures-là ", déplore le représentant du collectif. Dans un rapport datant de 2003, l'Agence internationale de l'énergie écrivait ainsi qu'" il est possible de réduire la consommation totale d'électricité des ménages de l'OCDE de 25 % puis de 35 %, respectivement en 2010 et 2030 ". Il faut ensuite favoriser le développement des sources d'énergie renouvelables (solaire, éolienne, hydraulique), qui aurait déjà créé des dizaines de milliers d'emploi en Allemagne, pays cité en référence d'un autre choix politique en matière de production énergétique.

Une vision contestée par les industriels

En avril 2003, l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques rendait son rapport consacré aux centrales nucléaires. D'emblée était stipulé que l'objet dudit rapport n'était pas de remettre en cause le choix de l'énergie nucléaire, mais plutôt d'évaluer les moyens d'en moderniser la production en France. : " Afin de disposer d'une garantie pour sa production d'électricité à l'horizon 2010-2015, la France doit engager sans délai la construction d'un démonstrateur-tête de série EPR ".
Bernard Dupraz, directeur délégué de la branche Énergie d'EDF, a enfoncé le clou lors de son audition devant l'Office : " Pour être un exploitant performant demain, nous devons être en mesure d'avoir une proportion importante de la production en base assurée par du nucléaire ". Alors, le nucléaire, seule voie énergétique d'avenir ? " Sortir du nucléaire " affirme qu'au plan mondial c'est une technologie en recul qui, de 10 % de l'électricité produite aujourd'hui par ce biais, devrait baisser à 5 % environ.
Fait paradoxal, les promoteurs du nucléaire mettent en avant sa dimension " propre ", sans émission de gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement climatique de la planète. " Je crois que le choix du nucléaire est aussi un choix responsable vis-à-vis des générations futures, déclarait à l'Office François Roussely, président d'EDF. Vous savez à quel point EDF est engagée dans le développement durable. La question des déchets nucléaires peut être considérée comme réglée pour 95 % d'entre eux et celle des 5 % de déchets à vie longue, à haute activité, nous mobilise totalement. [...] En France, l'utilisation des centrales nucléaires économise l'importation de 75 millions de tep par an, l'équivalent de notre consommation actuelle de pétrole ".
" De tels arguments constituent une aberration ! Lutter contre l'effet de serre implique de diminuer notre consommation énergétique - un habitant des Etats-Unis consomme dix fois plus d'énergie que les autres terriens, un Européen de l'ouest quatre fois plus -, mais certainement pas de miser sur une énergie dont les déchets contaminent la planète pour des millénaires ! ", conteste, en conclusion, Stéphane Lhomme.

Laurent Campagnolle (Filigrane Press)
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