Didier Lucas.jpg Directeur général de l’Institut Choiseul, think-tank spécialisé dans les relations internationales, Didier Lucas est l’auteur d’une note stratégique « Quelle politique spatiale pour la France ? Donner plus d’espace à l’industrie » (juillet 2012). A dix jours de la conférence ministérielle de l’ESA (Agence spatiale européenne), qui doit décider du successeur du lanceur Ariane 5, il fait le point sur les grandes questions du secteur. Combien de temps Ariane 5 peut-elle maintenir sa part de marché (autour de 50%) face aux concurrents russe (Proton, Angara), chinois (Longue -- proportionnel à sa contribution. C'est un bon mécanisme quand il s’agit d’intéresser les Etats membres à investir dans des programmes en coopération (par exemple de grosses missions scientifiques), qui sont des exemplaires uniques. Par contre, le système est pénalisant quand les produits réalisés en coopération, tels qu’Ariane, doivent être produits en série et être compétitifs sur le marché mondial des services de lancements. Politiquement, le sujet est bien sûr sensible. La dispersion géographique de la production d’Ariane en Europe induit, certes des surcoûts, mais le gros de l’activité reste concentré dans quelques pays. Il faut donc relativiser… -- Pour restructurer la filière spatiale, il faut donc, comme nous le proposons dans la note stratégique publiée par l’Institut Choiseul, mettre en œuvre une concertation permanente entre l’état et l’industrie afin de constituer une « équipe de France » mieux préparée pour coopérer en Europe et pour affronter les marchés commerciaux export. Cette concertation doit prendre en compte la dimension interministérielle de l’espace : recherche, défense, transport, environnement, ce qui induit une synergie forte avec le monde industriel. Le secteur spatial créé des emplois qualifiés et non délocalisables, et il a un effet de levier considérable sur de nombreuses activités. Il est urgent de se concerter car, face à la baisse prévisible des budgets, il va falloir mieux investir.