Tourisme: la Thaïlande face à l’ogre birman

Pour les tour-opérateurs de Bangkok, il ne faudra que trois ans au voisin birman pour devenir le plus puissant concurrent du tourisme en Thaïlande.

La comparaison des deux pays fait pourtant penser à David contre Goliath : un peu plus de 816 000 touristes se sont rendus en Birmanie l’année dernière, alors que la Thaïlande en accueillait dans le même temps plus de 19 millions – avec un chiffre d’affaires de 19,2 milliards d’euros. Mais la plage de Ngapali vaut bien celles de Phuket ou Koh Samui, la pagode Shwedagon n’a rien à envier au Palais Royal, la Birmanie a conservé son caractère authentique – et dispose même de vraies montagnes.

Et les choses vont vite dans la région : les touristes se sont détournés du Pays du Sourire à deux reprises ces dernières années, après les inondations catastrophiques de 2011 (qui ont profité en particulier au Vietnam) ou les troubles politiques un an plus tôt à Bangkok.

Ce qui pousse le président de l’Association des Tour-opérateurs de Thaïlande (ATTA) Susdivachr Cheewarattanaporn à s’inquiéter d’une montée en puissance rapide du voisin. Interrogé par le Bangkok Post, il voit tout de même deux obstacles se dresser devant le développement du tourisme birman : l’absence d’un cadre juridique sur l’investissement, et la situation politique. Mais il prévient quand même ses ouailles : il faut surveiller attentivement l’évolution de la situation, et être prêt à saisir toutes les opportunités.

Son homologue birman Maung Maung Swe semble vouloir relativiser la «menace», même si il est d’accord sur l’investissement : la Birmanie ne compte qu’environ 25 000 chambres dans 744 hôtels, un manque d’infrastructures flagrant qui nuira forcément à l’explosion rapide du tourisme. Même s’il estime que le nouveau gouvernement prête une attention particulière au secteur, il lui demande par exemple d’allonger la durée du leasing de terrain de 30 à 50 ans pour les investisseurs étrangers, et surtout de permettre à ces derniers de posséder à 100% les hôtels cinq étoiles (seuls les deux étoiles et moins seraient «réservés» aux Birmans).

L’avenir dira si les tour-opérateurs de Thaïlande avaient raison, ou si les investisseurs ont écouté Aung San Suu Kyi, qui les prévenait il y a quelques jours lors de son passage à Bangkok : «Même la meilleure loi sur les investissements ne sera d’aucune utilité s’il n’y a pas de tribunal suffisamment propre et indépendant pour l’appliquer de façon juste». Une prudence qui plairait certainement aux ONG, inquiètent de voir la Birmanie demander conseil à son voisin thaïlandais sur comment rendre le pays plus attractif pour les touristes…

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