Vingt-quatre après son départ d'Angleterre pour retourner en Birmanie soigner sa mère, alors mourante, Aung San Suu Kyi a débuté concrètement ce jeudi son premier voyage en Europe depuis qu'elle est devenue la "Dame de Rangoon".
Arrivée très tard mercredi soir à Genève, la dissidente birmane, entrée totalement dans le jeu politique de son pays avec son élection comme députée en avril dernier, s'est exprimée devant la Conférence internationale du travail au siège de l'Onu à Genève. Elle a tout d'abord reçue une immense ovation des 4.000 délégués, représentants les 185 Etats-membres de l'Organisation internationale du Travail (OIT).
"S'il vous plaît"
Portait une écharpe verte autour du cou, des fleurs rouges et blanches accrochées aux cheveux, un corsage blanc et une longue jupe noire, elle a ensuite surpris son auditoire. Alors que tous les observateurs tablaient en effet sur une intervention concernant le travail forcé en Birmanie, elle a réclamé des investissements pour son pays.
"S'il vous plaît, encouragez vos gouvernements à nous aider à construire" une société tournée vers le développement et donnant du travail aux jeunes, a-t-elle lancé. "C'est une demande pressante de ma part. Les entreprises étrangères ne viennent pas seulement par altruisme, je le sais. Mais je souhaite que leurs profits soient partagés avec notre population", a-t-elle ajouté, en invitant tous les participants à se rendre en Birmanie pour se "rendre compte de tout le potentiel" que représente la jeunesse du pays.
Total dédouané
Un peu plus tard, lors d'une conférence de presse, Aung San Suu Kyi a donné des gages à Total, longtemps accusé de fermer les yeux sur les exactions de la junte militaire pour obtenir des contrats. "Je trouve que Total est un investisseur responsable, même s'il y a eu des interrogations. Mais aujourd'hui il est sensible aux questions relevant des droits de l'homme", a-t-elle dit.
Après Genève, Aung San Suu Kyi s'est rendue à Berne, la capitale fédérale de la Suisse. Vendredi, direction la Norvège, où elle recevra notamment samedi personnellement son prix Nobel de la Paix 1991.
30.000 déplacés par les violences communautaires |
Plus de 30.000 personnes, musulmans et bouddhistes, ont été déplacées par des violences communautaires meurtrières qui ont éclaté dans l'ouest de la Birmanie la semaine dernière. Pour résoudre ce problème, Aung San Suu Kyi souligne qu'il faut "une solution politique durable". |