Cités 2002/1
Cités
2002/1 (n° 9)
192 pages
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I.S.B.N. 9782130525523
DOI 10.3917/cite.009.0059
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Vous consultezOù en est le féminisme aujourd’hui ?

AuteurFrançoise Gaspard du même auteur

Sociologue et professeur à l’EHESS de Paris. Son dernier ouvrage s’intitule Comment les femmes changent la politique et pourquoi les hommes résistent (avec Philippe Bataille), La Découverte, 1999.

Qui aurait pu imaginer, il y a dix ans à peine, que le quotidien Le Monde titre un article « La garde des Sceaux... », que la presse parlant d’une femme ministre dise désormais « la ministre », que dans le Journal officiel le nom des femmes auxquelles la Légion d’honneur est attribuée (aujourd’hui un peu plus nombreuses que par le passé) soit suivi de leurs titres au féminin (rectrice, professeure, administratrice civile, sous-préfète...) ? En 1997 encore, le garde des Sceaux d’alors, Jacques Toubon, s’opposait avec emphase à une modification, pourtant bien anodine, du Code pénal. Elle consistait à remplacer, dans le serment que le juge demande au témoin de prêter devant la cour d’assises, « homme probe et libre » par « homme ou femme ». La formule en vigueur datant du temps où les femmes étaient exclues des prétoires, était-il normal de toujours demander à une femme de se dire un « homme probe et libre » ? Le ministre de la Justice s’était emporté dans l’hémicycle du Sénat. Le mot « homme » devait continuer d’englober les femmes. Parler de « personne », compromis proposé par des parlementaires, c’était, selon le ministre, « du canadien, du québécois, du langage des Nations Unies, du politiquement correct..., pas du français ». Que le français de France, n’en déplaise à l’Académie française et à quelques nostalgiques d’un universalisme linguistique qui neutralise le genre humain, rejoigne le français de Suisse, de Belgique ou du Québec où, depuis les années 1970, les pouvoirs publics et la population acceptent comme allant de soi la féminisation des titres et fonctions, est-ce une victoire du féminisme ? D’une certaine manière. Et qui s’est faite sans beaucoup de bruit. Petite victoire ? Les inégalités de salaires et de carrières, ou encore les violences, sont plus essentielles, certes. Pourtant la lutte contre les discriminations dont les femmes sont victimes suppose aussi des transformations symboliques. Celle de la langue en est une. Le féminin s’est tout simplement imposé comme un fait social. Les femmes, de plus en plus nombreuses dans la vie professionnelle – même si elles demeurent rares dans les fonctions de décision – sortent grâce à cela de l’invisibilité dans laquelle le système masculin les enfermait.

2 Ce qui s’est joué depuis le début des années 1990, alors que l’on disait le féminisme épuisé et hors de saison, c’est l’émergence de nouvelles formes de féminisme. Elles nous obligent à repenser les féminismes en tant que mouvements sociaux et à en dessiner les faiblesses mais aussi les nouveaux horizons dans l’espace national et international.

DES MOUVEMENTS FÉMINISTES HISTORIQUEMENT MARQUÉS PAR LA DISCONTINUITÉ

3 Ce qui caractérise le féminisme, en tant que mouvement, c’est à l’évidence sa discontinuité. Ce n’est pas un hasard si les historiens (majoritairement des historiennes) du féminisme parlent de « vagues » féministes. Ce qui signifie aussi qu’il y a eu des creux entre les deux vagues identifiées.

4 La première est celle qui court de la fin du Second Empire à l’entre-deux-guerres. C’est avant tout celle du suffragisme. Les revendications d’égalité ne s’arrêtaient pas à la demande du droit de vote et d’éligibilité. Des femmes, et des hommes aussi, plaidaient également pour que les femmes obtiennent les mêmes droits civils et sociaux que les hommes. Mais l’accès au suffrage a été la cause qui a le plus largement rassemblé les activistes sur les plans national et international. En France, le mouvement suffragiste a connu son point culminant à la veille de la guerre de 1914. Il a pourtant longtemps été sous-estimé par l’historiographie nationale qui, en revanche, a souligné la pugnacité des militantes anglaises. Ce féminisme français a, en outre, été disqualifié comme « bourgeois », notamment par la gauche socialiste, ce qui a conduit à le marginaliser par le camp progressiste[1] [1] Françoise Picq, « “Le féminisme bourgeois” :...
suite
. Il est vrai que les têtes de proue du mouvement étaient, pour nombre d’entre elles, des femmes de la bourgeoisie et, parmi elles, des diplômées de l’Université – rarissimes à l’époque. C’est cependant oublier que des militantes socialistes (Hubertine Auclert ou Madeleine Pelletier, par exemple), mais également de très nombreuses Françaises ont embrassé cette cause dès avant 1914[2] [2] Des historiennes ont récemment montré que...
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. Ce mouvement devait s’éteindre avec l’instauration du suffrage universel en 1944. Pour beaucoup le féminisme n’avait plus alors de raison d’être. Simone de Beauvoir elle-même, en 1949, dans son ouvrage qui allait influencer plusieurs générations, semblait dire que tout était acquis, en tout cas en droit. « En gros nous avons gagné la partie », écrivait-elle[3] [3] Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, I.  Les...
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. Non seulement le Préambule de la nouvelle Constitution française actait que la loi devait reconnaître, dans tous les domaines, l’égalité de la femme et de l’homme, mais l’ONU faisait de cette égalité une norme internationale en inscrivant la non-discrimination en raison du sexe dans sa charte fondatrice. La bataille à mener paraissait donc désormais devoir être culturelle, et non se jouer sur le terrain politique et juridique.

5 Les femmes qui sont devenues adultes à la fin des années 1960 n’ont pas eu le sentiment que la partie était gagnée, mais au contraire que tout était à conquérir. Le féminisme de la « deuxième vague » allait surgir. Non pas bourgeois, mais porté par des jeunes femmes, issues des couches moyennes, qui étaient souvent les premières de leurs familles à accéder à l’Université. Elles récusaient, pour nombre d’entre elles, l’analyse marxiste que partageaient les gauchistes. « Pour nous, le fait que tous les partis et toutes les révolutions nous trahiraient était une chose entendue... », rappelle Christine Delphy[4] [4] Christine Delphy, « Les origines du mouvement...
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. Elles dénonçaient notamment la double morale sexuelle dont les femmes étaient victimes. Ce qui allait alors devenir le point fort de leur revendication, c’était à la fois la reconnaissance de la libre maternité, la dénonciation des violences domestiques et la poursuite des viols devant les cours d’assises. Le mouvement, bientôt dit de « Libération des femmes », le MLF, fit la Une de l’actualité dans toute la décennie. Il mobilisa des centaines de milliers de femmes et engendra débats, publications et polémiques.

6 Le vote définitif de la loi sur l’interruption volontaire de grossesse par le Parlement, en 1979, a semblé de nouveau marquer la fin du combat. La revendication, alors regardée comme principale, était acquise ; et également acquise la pénalisation du viol devant les assises. Les années 1960 et 1970 ont en outre été marquées par des réformes du Code civil revendiquées par les militantes depuis plus d’un siècle. En 1965, la loi permettait aux femmes mariées de gérer leurs biens propres, d’exercer une activité professionnelle et d’ouvrir un compte en banque sans le consentement de leur mari. La notion de « chef de famille » disparaissait du Code civil en 1970 au profit de l’autorité parentale. Le divorce par consentement mutuel ou pour rupture de vie commune était adopté en 1975. L’égalité paraissait une fois de plus réalisée en droit. Des inégalités subsistaient dans les faits, mais les féministes peinaient à s’unir autour de revendications fédératrices. L’historienne Françoise Picq, également actrice de ces années effervescentes, concluait en 1993 le livre issu de sa thèse par ce constat : « Le féminisme est passé de mode. Non point qu’il ait atteint ses objectifs, que la révolution soit accomplie. Mais parce que les conditions ne sont pas favorables à une nouvelle avancée. Le balancier est reparti dans l’autre sens, puis s’est stabilisé. Le Mouvement des femmes est démobilisé, renvoyé à l’invisibilité. »[5] [5] Françoise Picq, Libération des femmes. Les...
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7 Le féminisme est-il soumis à la mode ? Et si oui quelles sont les conditions qui le démodent et le font ressurgir comme acceptable, voire respectable ? Le mot « féministe » lui-même a connu ses heures fastes et ses phases d’usage difficiles par des femmes, qui menaient pourtant des combats pouvant être qualifiés comme tels. Elles le considéraient comme disqualifiant. Car les périodes de reflux furent des moments non seulement de repli de l’activisme, mais aussi de discrédit de la demande d’égalité au profit de l’exaltation de la différence et de la complémentarité entre les sexes, sans pour autant que les féministes aient renoncé à leurs buts. Mais le contexte politique et social créait un climat contraire à des revendications qui paraissaient devoir s’effacer, au moins provisoirement, devant d’autres priorités. Ce fut le cas en France comme dans de nombreux pays entrés dans la guerre en 1914. L’heure n’était plus au suffragisme et à la solidarité transfrontières. « Dès le premier jour de la guerre, écrit Christine Bard, les féministes rejoignent l’Union sacrée dont elles reprennent l’argumentation : la France mène une guerre défensive, une “guerre du droit”, ce qui leur permet de ne pas renier totalement l’idéal de concorde internationale qu’elles avaient affirmé avant 1914. »[6] [6] Christine Bard, Les...
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Les années 1930 ont vu refluer, de la même façon, les mouvements en faveur des droits civiques et civils qui avaient ressurgi, après le retour à la paix, en raison notamment de la déception qu’a représentée en France, pour ces femmes, le renvoi répété du droit de vote et d’éligibilité. Y compris pour des militantes féministes, l’urgence était maintenant à la lutte contre les totalitarismes. Au lendemain de la Libération enfin, il aurait fallu accepter d’être à contre-courant de l’idéologie dominante pour contester le familialisme triomphant et le partage stéréotypé des rôles. Les Françaises étaient devenues citoyennes mais la fin du régime de Vichy n’a pas été marquée par une réaction à l’égard de l’idéologie de l’État français en matière de relations entre les sexes[7] [7] Sur les femmes pendant le régime de Vichy,...
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. Dans tous les partis, du MRP – proche de l’Église catholique – au Parti communiste, c’est la mère de famille et sa « noble fonction » qui sont exaltées. Certes, peu à peu des débats s’instaurent à nouveau autour d’un Code civil qui persiste à faire de la femme mariée une mineure civile. Et la revendication du contrôle des naissances met du temps à s’affirmer. Il demeure encore difficile de concevoir la maîtrise par les femmes de leur maternité comme une condition de leur vie sexuelle. La première association qui, en 1956, voit le jour pour diffuser la contraception s’appellera, ce qui est symptomatique, « La maternité heureuse »[8] [8] Sur l’histoire des femmes et des mouvements...
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.

8 L’explosion de la « deuxième vague » du féminisme est le produit du mouvement de 1968, mais surtout le fruit d’un phénomène sociologique : l’émergence des filles dans les universités et de l’entrée des femmes de plus en plus nombreuses dans le monde salarial. Le ressac avait été si long que les nouvelles féministes pensaient être alors les premières. « Libération des femmes : année zéro »[9] [9]Partisans, no 54-55, juillet-octobre 1970. ...
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, le Manifeste qui acte la naissance du mouvement ne revendique pas d’héritage. Ce n’est pas que les activistes, depuis la fin du XIXe siècle et dans l’entre-deux-guerres, n’aient pas laissé de traces. Les jeunes historiennes qui, dans le sillage de Michelle Perrot notamment, se sont lancées dans l’histoire des mouvements féminins et féministes, ont découvert de nombreuses archives et restitué une histoire jusque-là méconnue[10] [10] Citons, parmi ces ouvrages pionniers en histoire,...
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. Mais les femmes et leurs revendications sont alors largement ignorées, notamment par les auteurs des manuels scolaires et par l’histoire telle qu’elle est enseignée au lycée ou à l’Université. Le suffragisme n’est certes pas totalement méconnu, mais la nouvelle génération le regarde comme réformiste et non comme féministe. Or l’heure est à la révolution, à la dénonciation du patriarcat, à la revendication de la parole et de l’autonomie. Les femmes se réunissent entre elles.

9 Les années 1980 marqueront ainsi une autre phase de repli. Au lendemain de la plus importante manifestation que le mouvement féministe ait connue[11] [11] La loi autorisant l’IVG, dite loi Veil, votée...
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, le 6 octobre 1979, le mouvement retombait et les revendications des femmes, dispersées, entraient une nouvelle fois, comme le note Françoise Picq, dans l’invisibilité. Les années 1980 allaient voir disparaître la rubrique que le quotidien Libération avait consacrée au féminisme, des collections « femmes » que des maisons d’édition avaient créées disparaissaient également une à une et il en était de même pour des revues intellectuelles nées dans l’agitation militante des années 1970. Le mensuel F Magazine, fondé en 1978, dirigé et rédigé par des femmes comme l’avait été La Fronde de Marguerite Durand à la fin du XIXe siècle, était à son tour contraint d’abandonner la partie en 1983 après avoir été un succès de vente inédit. Les lectrices étaient là, mais les publicitaires s’étaient montrés peu enclins à s’afficher dans un organe de presse féministe.

10 Pourtant, à la différence de ce qui s’était produit dans les années 1950 et 1960, la mémoire des luttes récentes ne se perdait pas. De petits groupes, à Paris comme en province, survivaient[12] [12] Parmi ceux-ci, il convient de mentionner Dialogues...
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. Et surtout, même si leurs thèmes de recherche au sein de l’Université les marginalisaient, des enseignantes et de jeunes chercheuses (quelques chercheurs aussi) s’attaquaient à l’histoire des femmes et des féminismes cependant que les sociologues continuaient de développer, au-delà de la sociologie de la famille, celle du travail en y intégrant la dimension du genre. Les années de silence, voire de régression, ont ainsi été des années productives. Le succès des cinq volumes de l’Histoire des femmes[13] [13] Georges Duby et Michelle Perrot, 1992, op. cit. ...
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, dirigés par Georges Duby et Michelle Perrot, prouvait l’intérêt pour une histoire jusque-là occultée. Les thèses, devenues ouvrages, commençaient, dès la fin des années 1980, à garnir les rayons des librairies.

11 Les années de silence n’ont donc pas été des années de retour en arrière, de backlash, même si l’atonie du féminisme militant a laissé un moment la place à un contre-discours dénonçant la fatigue de ces superfemmes qui, en ayant voulu concilier vie professionnelle, familiale et amoureuse, sombraient dans la dépression et le malheur. Les femmes ne sont pas rentrées à la maison, au contraire. Même si ladite « conciliation » repose en fait sur elles et non sur leurs maris et compagnons, elles ont intégré le goût de l’autonomie que procure un emploi.

UN RENOUVEAU DU FÉMINISME ?

12 Sommes-nous entrés dans une nouvelle phase du féminisme ? De nombreux indices permettent de le penser, même si le féminisme d’aujourd’hui est bien différent de celui de la deuxième vague. La France demeure cependant marquée par des obstacles spécifiques en ce qui concerne l’expression et l’organisation du féminisme et par la difficile intégration par les pouvoirs publics de la dimension du genre dans les politiques.

13 En France, le début des années 1990 a été marqué par l’émergence de la revendication en faveur de la parité hommes/femmes dans la vie politique et publique. Celle-ci a surpris et suscité un débat intellectuel intense. Elle a, en outre, divisé les femmes qui se revendiquent du féminisme[14] [14] Janine Mossuz-Lavau, Femmes/ hommes. Pour la...
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. Parmi elles, certaines ont fait ressurgir une division ancienne, particulièrement exacerbée dans les années 1970, qui consiste à opposer « égalitaires » et « différencialistes ». Vieille querelle ! Et qui ne pourrait se résoudre que le jour où, dans le droit, les catégories « homme » et « femme » auraient disparu, ce que les égalitaires les plus intégristes n’ont jamais proposé[15] [15] Monique Wittig est une des rares féministes...
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. Car les registres publics qui enregistrent les naissances attribuent aux enfants un sexe, féminin ou masculin. Ils seront garçons ou filles, hommes ou femmes. Et de ce sexe attribué, inscrit sur leurs papiers d’identité, dépendra leur destin social. Or, c’est du social dont il est question. Et des moyens, ici et maintenant, de s’attaquer aux discriminations dont les femmes sont victimes. L’action positive est un de ces moyens, et la parité en constitue un exemple. Son succès est lié au fait que ce n’étaient pas des quotas de 10, 20 ou 30 % qui étaient réclamés, mais l’égalité numérique parfaite.

14 Le débat français sur la parité a curieusement ignoré le travail réalisé par les féministes qui ont longuement travaillé, sur le plan international, à élaborer ce qui est devenu la Convention sur l’élimination des discriminations à l’égard des femmes (dite Convention CEDAW). Ce texte fait pourtant partie intégrante du droit interne français[16] [16] La France a en effet ratifié la Convention...
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. L’un de ses articles (art. 4, al. 1er) dit : « L’adoption par les États parties de mesures temporaires spéciales visant à accélérer l’instauration d’une égalité de fait entre les femmes et les hommes n’est pas considérée comme un acte de discrimination..., mais ne doit en aucun cas avoir pour conséquence le maintien de normes inégales ou distinctes ; ces mesures doivent être abrogées dès que les objectifs en matière d’égalité des chances ou de traitement ont été atteints. » Il est donc permis de regretter que, plutôt que d’invoquer le risque de communautarisme, les femmes ayant pris position contre la parité n’aient pas renoué avec l’analyse de la discrimination et des moyens d’y remédier, laquelle avait mobilisé les associations et avait permis, sous leur pression, l’adoption de normes internationales. Or celles-ci concilient le principe théorique d’égalité et la nécessité d’agir pour y parvenir. La Convention définit la discrimination comme étant « toute distinction, exclusion ou restriction fondée sur le sexe qui a pour effet ou pour but de compromettre ou de détruire la reconnaissance, la jouissance ou l’exercice par les femmes, quel que soit leur état matrimonial, sur la base de l’égalité de l’homme ou de la femme, des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans les domaines politique, économique, social, culturel et civil et dans tout autre domaine ». Elle a, avec le concept de « mesures temporaires spéciales », proposé un instrument juridique aux États afin de corriger des inégalités, et d’en mesurer périodiquement les effets. Les lois sur la parité, adoptées par le Parlement français, ne font pas référence à la Convention CEDAW – comme si notre pays voulait en ignorer les conséquences et en refusait la mise en œuvre. Ces lois ne sont donc pas considérées comme temporaires, ce qui est dommage. Et cela tant sur le plan théorique que pratique. En faisant de la parité une mesure structurelle, le législateur naturalise l’un et l’autre sexe (et donne raison aux féministes qui la dénonçaient). Il écarte en outre, au moins a priori, toute évaluation de ses lois.

15 Cette mobilisation en faveur de la parité a-t-elle marqué l’émergence d’une nouvelle vague de féminisme ? Ce sera la tâche des historiennes et des historiens de le dire. Le mot « féminisme » semble en tout cas ne plus être considéré comme sentant la poudre, et même dans les associations féminines, les femmes n’hésitent plus à le prononcer. On est loin des années 1960 où l’une de celles qui allait bientôt incarner le féminisme dans les médias, Gisèle Halimi, écrivait : « Le féminisme me semble un aveu de faiblesse, la reconnaissance a priori d’une infériorité et, en même temps, l’affirmation d’une volonté masochiste de demeurer dans le ghetto du sexe. »[17] [17]La Nef, octobre-décembre 1960, cité par Sylvie...
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Le féminisme incarne l’un des combats contemporains contre les discriminations. Les femmes n’ont ainsi plus à faire le coup de poing pour s’imposer dans les cortèges politiques et syndicaux avec leurs propres slogans. Les dénonciations des inégalités qui les pénalisent sont relayées par une partie de la presse où l’on voit des journalistes, notamment des jeunes, s’indigner contre les discriminations dont les femmes sont victimes. En outre, des capacités de mobilisation existent. On l’a constaté en novembre 1995 lorsque plus de 100 000 personnes sont descendues dans les rues, à Paris et en province, à l’appel d’un collectif d’associations, de partis politiques et de syndicats[18] [18] La Coordination pour le droit à l’avortement...
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pour défendre les acquis des femmes en matière de contraception et d’IVG que le gouvernement menaçait.

16 Ce néoféminisme se distingue cependant de celui de la « deuxième vague ». D’abord parce que les associations qui ont émergé depuis la seconde moitié des années 1990 affirment, pour la plupart, leur volonté d’y associer les hommes. La non-mixité avait été une caractéristique du MLF, toutes tendances confondues. Les Assises nationales pour les droits des femmes, qui se sont tenues en mars 1997 dans le prolongement de la manifestation de l’automne de 1995, se sont réunies sous une large banderole qui aurait fait frémir les militantes des années 1970 : « Tous ensemble, défendons les droits des femmes. » Dans une salle majoritairement féminine, le masculin grammatical l’emportait. Mix-cité est le nom donné à l’une des associations créées par de jeunes femmes et hommes en 1997. Elle se définit comme un « mouvement mixte pour l’égalité des sexes ». Au sein de l’Université, à Paris comme en province, on constate aussi l’émergence de groupes contre le sexisme au milieu de la décennie 1990 qui eux aussi, même si des étudiantes en sont à l’origine, revendiquent la mixité[19] [19] Le groupe Les Marie-pas-claire fait à cet égard...
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. En réaction contre des expressions de violence verbales à l’encontre de femmes publiques est également apparu un groupe dont le nom a retenu l’attention des médias : Les Chiennes de garde. Sur la page d’ouverture de son site Internet, elles manifestent le même souci d’intégrer les hommes à leur combat. Une jeune association, Femmes et sciences, se préoccupe depuis 2000 de collecter des données qui montrent la difficulté des femmes à atteindre le rang magistral, et elle multiplie les études destinées à sensibiliser les pouvoirs publics à une orientation des filles vers les secteurs scientifiques et techniques. Elle se présente d’abord comme une association de femmes, mais elle n’en exclut pas les hommes, même si ceux-ci doivent être « marrainés » par deux adhérentes. Il va également de soi, pour ses fondatrices, que les Archives du féminisme, association fondée en 2000 qui a pour but de recueillir et préserver les archives des associations et des militantes féminines et féministes, seront ouvertes sans discrimination de sexe. Cette jeune association, abritée par l’Université d’Angers et présidée par l’historienne Christine Bard, permettra, en liaison avec la bibliothèque Marguerite-Durand, aux actrices des mouvements sociaux de déposer leurs archives et d’offrir aux chercheuses et chercheurs un lieu nouveau de documentation[20] [20] Il convient de noter qu’il existe à Paris...
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.

17 Un autre trait du féminisme d’aujourd’hui est son caractère réformiste. Le mouvement en faveur de la parité est à cet égard symptomatique. Il a renoué avec le suffragisme et marqué une rupture avec le MLF. Celui-ci était certes divers, mais il s’était majoritairement détourné de la politique dans sa forme parlementaire. Il envisageait d’autant moins de négocier avec l’État que les féministes refusaient alors l’organisation formelle et la délégation de pouvoir. Les années de quasi-silence du féminisme militant avaient déjà vu des anciennes du mouvement entrer dans le monde associatif. L’arrivée de la gauche au pouvoir et la création d’un ministère chargé des Droits des femmes avait d’ailleurs encouragé la création d’associations en accordant des financements aux organisations féminines et féministes. Dans le domaine de la lutte contre les violences, notamment, le partenariat avec les pouvoirs publics s’était instauré. Aux côtés des organisations féminines nées entre les deux guerres (l’Union féminine civique et sociale, l’Action catholique générale féminine, l’Association des femmes françaises diplômées des universités, l’Union professionnelle féminine...), ou encore du Planning familial créé en 1960 dans le sillage de La Maternité heureuse, émergeaient ainsi de petites structures animées par des féministes comme par exemple le Collectif féministe contre le viol ou l’Association contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT) qui, en même temps qu’une fonction de dénonciation et de proposition, remplissaient un service de nature juridique et sociale.

18 Le fait de revendiquer le partage du pouvoir dans la sphère publique indiquait cependant qu’une étape était franchie. Les femmes, entrées dans la société par le bas, demandaient désormais à participer à égalité à la décision politique mais aussi administrative, sociale et culturelle. Il s’agissait, au moins apparemment, non plus de rupture mais d’intégration, non pas de révolution mais de réformes. Que la demande de parité ait rencontré un succès immédiat auprès des femmes et dans l’opinion, et qu’elle ait été si rapidement inscrite dans la loi, témoigne des mutations sociales à l’œuvre. L’image que donnait (et donne encore) le pouvoir de lui-même demeure en décalage par rapport à une société dans laquelle les femmes sont désormais partout présentes, sauf là où se prennent les décisions qui concernent autant les femmes que les hommes.

19 Le néoféminisme, enfin, demeure marqué par le contexte national. L’idéologie universaliste, en premier lieu, a eu notamment pour conséquence d’entraver la constitution de branches féminines dans les organisations de la société civile, qu’il s’agisse des partis politiques ou des syndicats, à l’époque où le monde des hommes et celui des femmes demeuraient fortement distincts. Les militantes étaient supposées être des militants comme les autres et elles-mêmes redoutaient qu’un « groupe femmes » ne les enferme dans un ghetto, ne les réduise à leur « condition de femme ». Il y eut certes des exceptions. L’Union des femmes françaises dans le sillage du PCF en est une. Mais on sait que cette organisation était instrumentalisée, au service du Parti et de ses objectifs. La force des clivages religieux et politiques a fait ensuite que les féministes ne sont pas parvenues à dépasser les frontières partisanes pour constituer un front minimum commun. Et l’on a rarement vu des femmes de droite et de gauche s’allier pour une cause qui pourtant leur était commune, à la différence de ce que l’on a pu constater dans divers pays européens, du Nord mais aussi du Sud, où des organisations de femmes sont parvenues à dialoguer pour élaborer des plates-formes minimales au-delà de leurs clivages partisans. Les Françaises (mais c’est aussi le cas des Français en général) peinent à dépasser le champ hexagonal à l’heure où les mouvements sociaux s’internationalisent. À l’initiative de l’Union européenne, un lobby européen des femmes a été créé en 1990 qui a pour vocation de représenter les organisations de femmes de la société civile auprès des institutions communautaires. En France, une coordination de ce lobby existe (la CLEF). Elle n’est pas, à ce jour, parvenue à acquérir de visibilité et l’on cherche vainement un site sur Internet qui renseigne sur ses activités au-delà d’une simple page d’accueil. La plate-forme d’action de la Conférence mondiale de Pékin de 1995 qui, dans de nombreux pays d’Afrique et d’Amérique latine notamment, fait l’objet d’un suivi par les ONG, n’a pas donné lieu en France à une instance de surveillance par les associations. Au point que la société civile française faisait pâle figure au sein même de la représentation des francophones lors de l’Assemblée générale de l’ONU, dite « Pékin plus 5 », en juin 2000[21] [21] Il convient cependant de signaler la présence...
suite
. Quant à la participation des Françaises à la Marche mondiale des femmes de la même année, elle a été décevante par rapport à celle d’autres pays européens, même si des groupes régionaux (notamment de Marseille et de Bretagne) ont assuré une présence remarquée à leur arrivée à New York. Il est enfin étonnant que les associations de femmes françaises ne montrent pas davantage de vigilance à l’égard du respect par notre pays de ses engagements internationaux, et n’en demandent pas des comptes au gouvernement. Cela est vrai, même au niveau européen. S’il existait une instance de surveillance des engagements contractés par la France, elle se serait par exemple saisie du rapport sur les femmes dans la décision qui devait être adressée à la Commission européenne à la fin de l’année 2000 comme l’impose la Recommandation européenne du 2 décembre 1996. Il n’en a rien été. Et elle s’inquiéterait du retard des autorités françaises à fournir à l’ONU ses rapports à l’égard des femmes, qui sont exigés par la Convention sur l’élimination des discriminations à l’égard des femmes[22] [22] Selon les termes de la Convention CEDAW, les...
suite
et, comme le font les militantes de nombreux pays, un contre-rapport souvent nécessaire, rédigé par leur soin.

20 Si l’égalité entre les sexes est devenue une idée désormais largement partagée, elle tarde enfin à devenir une priorité politique, intégrée dans toutes les politiques publiques. Le gouvernement de Lionel Jospin a certes à son actif les lois sur la parité, la loi sur la dévolution du nom patronymique, l’amélioration des législations sur la contraception et l’avortement, l’instauration de ce congé de deux semaines pour le père lors de la naissance d’un enfant. Ce n’est pas rien. Mais quel silence sur les inégalités de traitement face à l’emploi, sur les écarts de salaire de près de 30 % qui persistent entre les deux sexes, sur les conséquences de l’application de la réduction de travail qui contraint nombre de salariées à des journées de travail en morceaux, sur la misère qui attend les futures retraitées qui auront travaillé à temps partiel, ou encore de celles qui auront succombé au piège de l’Allocation parentale d’éducation dont la fonction a été de retirer des mères de deux enfants du marché du travail ! Ce sont environ 500 000 femmes qui ont ainsi renoncé à un emploi et qui, pour nombre d’entre elles, voient compromis un retour à un travail salarié. Le constat que révèlent les données statistiques sur la place de chacun des deux sexes dans la décision politique mais aussi économique, sociale et culturelle montre à l’envi qu’on est loin d’un partage équitable. Or les femmes sont là qui pourraient prétendre, en raison de leurs qualifications et qualité, aux postes de responsabilité qui demeurent monopolisés par les hommes. Les études qui se sont multipliées depuis quelques années permettent de comprendre que rien ne changera sans volonté politique et la mise en œuvre de profondes transformations structurelles. Les schémas qui président au partage des tâches dans la sphère privée ont la peau dure. Les épouses et mères continuent de porter le plus lourd fardeau des tâches domestiques, des soins des enfants et des vieux parents. L’instauration d’un (modeste) congé parental voté par le Parlement au printemps de 2001 pour le géniteur changera-t-il la donne ? La situation de la Suède, pourtant bien en avance sur la France en matière de politiques destinées à impliquer les hommes dans la responsabilité paternelle et le partage des besognes domestiques, montre que résident là les plus grandes résistances. Et que mariées ou non, mères de famille ou non, les femmes demeurent trop souvent considérées par les décideurs (hommes mais aussi femmes) comme ne faisant pas une carrière, n’étant pas prioritaires pour une promotion.

21 Le propre d’un mouvement social, c’est d’informer la société dans son ensemble, et le pouvoir politique en particulier, d’une question jusque-là ignorée ou sous-estimée. Le féminisme a eu cette fonction. Il a politisé ce qu’on appelle la « question des femmes ». Chaque période de mobilisation a vu ainsi avancer une des causes qu’il défendait. Sans parvenir pour autant à effacer les disparités et éliminer les vieux stéréotypes sexistes et les conséquences qu’ils imposent aux femmes. Sans doute parce que ces mouvements ne sont pas parvenus jusqu’à maintenant à traiter des discriminations à l’égard des femmes de façon globale, ce qui est difficile. L’une des caractéristiques de l’époque est l’absence de mouvement au sens où on l’a connu, il y a trois décennies. Il est certes permis d’éprouver de la nostalgie par rapport à cette époque. Mais il convient aussi de reconnaître que ce mouvement effervescent a irrigué la société, contribué à faire avancer les droits des femmes et la diffusion d’une sensibilité supérieure à ce qu’elle était il y a une dizaine d’années face aux inégalités qui frappent les femmes et aux violences dont elles sont spécifiquement victimes, sur le plan national et international. Cela ne veut pas dire que le combat soit achevé. Il y a encore trop à faire pour penser que l’égalité des droits est acquise, y compris dans les pays développés comme le nôtre, et pour ne pas être vigilant(e)s à l’égard de régressions toujours possibles. La revendication de l’entrée, à parité, des femmes dans la décision publique permettra-t-elle de franchir une étape décisive ? C’est le pari qu’ont fait les militantes de ce mouvement nouveau qui ont considéré que le patriarcat n’était pas le seul ennemi des femmes mais qu’il fallait aussi dénoncer le fratriarcat et trouver les moyens d’y mettre fin. Le féminisme, ou plutôt les féminismes, dans leur diversité, resteront, quoi qu’il en soit, longtemps d’actualité.

 

Notes

[ 1] Françoise Picq, « “Le féminisme bourgeois” : une théorie élaborée par les femmes socialistes avant la guerre de 14 », Stratégies des femmes, Paris, Tierce, 1984, p. 391-406.Retour

[ 2] Des historiennes ont récemment montré que le mouvement français a, en réalité, été puissant. Voir notamment Françoise Thébault, La Grande Guerre, le triomphe de la division sexuelle ; Georges Duby et Michelle Perrot, Histoire des femmes. Le XXe siècle, sous la direction de Françoise Thébault, Paris, Plon, 1992, p. 31-74.Retour

[ 3] Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, I. Les faits et les mythes, Paris, Gallimard, 1949, p. 29.Retour

[ 4] Christine Delphy, « Les origines du mouvement de libération des femmes en France », Nouvelles questions féministes, no 16-17-18, 1991, p. 141.Retour

[ 5] Françoise Picq, Libération des femmes. Les années mouvement, Paris, Seuil, 1993, p. 353.Retour

[ 6] Christine Bard, Les femmes dans la société française au XXe siècle, Paris, Armand Colin, 2001, p. 13.Retour

[ 7] Sur les femmes pendant le régime de Vichy, voir Francine Muel-Dreyfus, Vichy et l’éternel féminin, Paris, Seuil, 1996.Retour

[ 8] Sur l’histoire des femmes et des mouvements féminins et féministes, voir Sylvie Chaperon, Les années Beauvoir, 1945-1970, Paris, Fayard, 1999.Retour

[ 9] Partisans, no 54-55, juillet-octobre 1970.Retour

[ 10] Citons, parmi ces ouvrages pionniers en histoire, ceux de Laurence Klejman et Florence Rochefort, L’égalité en marche: le féminisme sous la IIIe République, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques / Des femmes, 1989 ; et, de Christine Bard, Les filles de Marianne. Histoire des féminismes, 1914-1940, Paris, Fayard, 1995.Retour

[ 11] La loi autorisant l’IVG, dite loi Veil, votée en 1974, devait être réexaminée cinq ans après sa mise en application. La manifestation avait pour objet de faire pression sur le Parlement pour qu’il la pérennise.Retour

[ 12] Parmi ceux-ci, il convient de mentionner Dialogues de femmes qui, chaque mois, a réuni à Paris jusqu’en 1999 une fois par mois un public assidu de femmes autour d’un livre, ou encore l’Association féministe Rupture.Retour

[ 13] Georges Duby et Michelle Perrot, 1992, op. cit.Retour

[ 14] Janine Mossuz-Lavau, Femmes/hommes. Pour la parité, Paris, Presses de Sciences Po, 1998.Retour

[ 15] Monique Wittig est une des rares féministes à plaider pour le dépassement des catégories assignées mais elle ne saurait justement être considérée comme une féministe universaliste, au sens où cela a été entendu notamment pendant le débat pour ou contre la parité.Retour

[ 16] La France a en effet ratifié la Convention CEDAW en 1983.Retour

[ 17] La Nef, octobre-décembre 1960, cité par Sylvie Chaperon, op. cit., p. 335.Retour

[ 18] La Coordination pour le droit à l’avortement et à la contraception (CADAC).Retour

[ 19] Le groupe Les Marie-pas-claire fait à cet égard exception. Les organisations antisexistes qui ont émergé dans les universités à partir de 1995 souhaitent en revanche ne pas exclure leurs camarades masculins. Voir supplément au Bulletin de l’ANEF, no 23, printemps 1997.Retour

[ 20] Il convient de noter qu’il existe à Paris un centre d’archives lesbiennes. Les hommes ne peuvent y accéder.Retour

[ 21] Il convient cependant de signaler la présence très active de deux jeunes associations, Les Pénélopes et Pro-choix.Retour

[ 22] Selon les termes de la Convention CEDAW, les États parties doivent fournir un rapport sur son application un an après la ratification et ensuite tous les quatre ans. La France a déposé en 1998 le rapport qui aurait dû l’être en 1993. Des rapports auraient dû être versés en janvier 1997 et janvier 2001. La France est le seul pays de l’Union européenne à témoigner d’un tel manquement à ses engagements conventionnels.Retour

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POUR CITER CET ARTICLE

Françoise Gaspard « Où en est le féminisme aujourd'hui ? », Cités 1/2002 (n° 9), p. 59-72.
URL :
www.cairn.info/revue-cites-2002-1-page-59.htm.
DOI : 10.3917/cite.009.0059.