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N° 896 du 30 janvier 2013
En cadeau, la mini enceinte inRocKs

Les féministes veulent abolir le “Mademoiselle”

27/09/2011 | 08h37
"Le journal de Bridget Jones", Sharon Maguire (2001).

"Madame ou Mademoiselle ?" est une question que ne veulent plus entendre les militantes d’Osez le Féminisme et des Chiennes de Garde, qui lancent aujourd’hui une campagne pour la suppression de la civilité "Mademoiselle" des formulaires administratifs. Une revendication qui ne date pas d’hier mais qui divise.

Ce n’est pas la première fois que des femmes le demandent : l’abolition du terme "Mademoiselle" a déjà fait l’objet de plusieurs appels ou pétitions par le passé. Aujourd’hui, ce sont les Chiennes de Garde, le célèbre collectif contre le sexisme, et Osez le Féminisme, la jeune association qui monte et a beaucoup fait parler d’elle récemment (avec sa campagne "Osez le clito" et ses prises de positions lors de l’affaire DSK), qui lancent leur campagne : "Mademoiselle : la case en trop".

Il y a dix jours, également, des enseignantes-chercheuses adressaient une lettre ouverte, assortie d’une pétition, au ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, s’opposant "à la publication sur les listes officielles de candidature des informations privées, telles celles apparaissant dans la distinction Madame/Mademoiselle et Nom de jeune fille/ Nom d’épouse" pour les candidates aux élections du Conseil national des universités.

Pour elles (et eux, de nombreux hommes figurant dans la liste des signataires), "cette publication constitue une intrusion dans la vie privée des candidates et une inégalité de traitement entre les candidats et les candidates."

Une distinction "pénible et ridicule"

Laurence Waki, "simple citoyenne française" qui ne se revendique pas comme féministe, a écrit un ouvrage "pro-abolition" sur le sujet, Madame ou Mademoiselle ? (éditions Max Milo, 2006).

"Je trouvais cette distinction de plus en plus pénible et ridicule. En plus, ce n’est pas quelque chose que l’on choisit : on vous l’impose. Et on fait croire aux femmes que c’est une formule de politesse…"

"Mademoiselle S.", du blog féministe Les Entrailles de Mademoiselle, pourtant "pas fan" d’Osez le Féminisme, trouve la campagne "pas complètement idiote". "Madame ou Mademoiselle : la question revient à ‘tu appartiens à ton père ou ton mari ?’ En France, le fait que les femmes s’approprient ce terme (pour diverses raisons) sans le critiquer, prouve qu’on est à la ramasse. D’ailleurs, il n’y a qu’à voir les réactions lors de l’affaire DSK…"

Pour Laurence Waki, le terme "mademoiselle" ne sert à rien. "Si je prends un abonnement aux Inrocks, à quoi ça sert de savoir que je suis mariée ou non ? En France, nous sommes particulièrement rétrogrades. En Allemagne, en Suisse, on n’utilise pas ce mot. Au Canada, c’est même une insulte !"

La civilité "Mademoiselle" n’a aucune base légale, comme le rappelle Laurence Waki. La réponse ministérielle n° 5128 du 3 mars 1983 le dit clairement : "L’existence des deux termes différents pour désigner les femmes mariées et celles qui ne le sont pas constitue une discrimination à l’égard des femmes puisqu’une telle différenciation n’existe pas pour les hommes."

Un problème de "connaissance du sujet"

Donc, si les hommes non mariés ne reçoivent pas leur courrier au nom de "Damoiseau Untel", pourquoi les femmes célibataires y ont-elles droit ? "C’est une habitude des administrations. La difficulté est de faire supprimer quelque chose qui n’existe pas dans la loi", avance Laurence Waki, amère. "Car ‘Mademoiselle’ est une formule qui n’a pas plus de valeur légale que ‘cordialement’. La plupart des gens ne le savent pas", dit-elle, rappelant que de nombreux systèmes informatiques ne permettent pas de faire appeler "Madame" une célibataire – comme le raconte de manière cocasse Roxane, jeune militante féministe, sur son blog. Elle précise :

"Quand j’ai décidé de faire ce basculement Mademoiselle/Madame, ce sont les administrations d’Etat avec lesquelles j’ai eu le plus de mal. Certaines m’ont même demandé une copie de mon certificat de mariage ou de compléter des formulaires en mentionnant bien le nom de mon mari ! Pour le secteur privé, c’est plus un problème de connaissance du sujet. Etant informaticienne dans un groupe de banque/assurance, j’ai pu le constater par moi-même. Avant mon arrivée, il n’y avait aucune dissociation entre le régime marital et la civilité dans les programmes que je devais refaire."

Mais la question divise, y compris chez les femmes : une partie des jeunes célibataires ne souhaite pas se faire appeler "Madame". Pour Mademoiselle S., "C’est désespérant, mais c’est compliqué. Déjà, il faut savoir pourquoi : est-ce par coquetterie ; pour affirmer son indépendance en disant ‘J’ai 28 ans, je ne suis pas mariée et je vous emmerde’ ; ou au contraire pour dire qu’on cherche à se marier ? De toute façon, les femmes font ce qu’elles veulent et peuvent se faire appeler Madame ou Mademoiselle : le féminisme n’a pas à être donneur de leçons."

Une idée que rejoint Laurence Waki : "C’est bien de vouloir supprimer cette case, et ça n’empêchera pas les femmes qui le souhaitent de se faire appeler ‘Mademoiselle’ si elles le préfèrent."

Alors que des voix s’étaient déjà élevées dans le passé pour réclamer l’abandon de l’usage de "Mademoiselle" (comme cette pétition des Chiennes de Garde, en 2006), la campagne d’aujourd’hui va-t-elle porter ses fruits ? En tout cas, en matière d’agitprop, Osez le Féminisme sait y faire.

Eléonore Quesnel

le 27 septembre 2011 à 08h37
 
16 commentaires
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  1. Avatar de Gastlag_
    il y a 1 an à 10:07

    Une des solution, plutôt que de supprimer Mademoiselle pour imposer Madame, c’est de proposer l’utilisation de l’opposition citoyen/citoyenne. Comme ça il n’y a aucune référence au fait d’être marié ou non et c’est plus en cohérence avec la nature étatique de cette catégorisation.

  2. il y a 1 an à 11:29

    il faudrait peut être carrément supprimer Mademoiselle, Madame et Monsieur pour être bien sûr d’éviter toute discrimination. Et pareil pour le numéro de sécu, on supprime tout parce que sinon discrimination ! Bah oui le sexe, le département d’où l’on vient, l’année de naissance, tout ça risque d’être discriminatoire à un moment donné. On a qu’a donner juste un numéro qui ne signifie rien et pour le courrier ça donnera :

    Être Humain N°15638498977X93

    Rue N°1765R6

    Ville N°7876V

  3. Avatar de Unholy Ghost
    il y a 1 an à 11:36

    Pourquoi ne pas appelé toutes les femmes “Mademoiselle”. Choisir “Madame” pour tous n’est-ce pas entériner l’idée que l’état normal d’une femme est d’appartenir à son mari?

    Je blague…

    Damoiseau Ghost

  4. Avatar de Kerro
    il y a 1 an à 11:41

    Je crois que c’est bien la première fois que je suis d’accord avec les chiennes de garde. Il est ridicule de trouver encore ce “mademoiselle” dans les formulaires administratifs, alors qu’il ne représente plus rien. Une femme pacsée depuis 10 ans et qui a 3 gosses, est toujours techniquement une demoiselle. Quel sens cela a-t-il ?

  5. Avatar de Unholy Ghost
    il y a 1 an à 13:08

    Restificatif: au Canada, au Québec en fait, Mademoiselle n’est pas une insulte, en général. L’insulte au Québec est de se faire appeler “matante” (en gros, la femelle du beauf). Je sais par contre que certaines jeunes femmes sont insultés de se faire appeler “Madame”, ce qui les assimile à leur mère (ou pire)… De même, certaines femmes sont insultés de se faire appeler “Madame” si à côté d’elles des jeunes femmes se font appelées “mademoiselle”…

    Cela dit, qu’une organisation demande de prouver que l’on soit “madame” ou “Mademoiselle” est ridicule et discriminatoire. Au Québec, en général, les formulaires ressemblent à cela: M./Mlle/Mme Votre nom, puis Masculin/Féminin à cocher, célibataire/marié(e)/conjoint(e) de fait à cocher. Un peu de pragmatisme, que diable, pas besoin de se casser le bicycle!

  6. Avatar de pseudooublie
    il y a 1 an à 13:56

    Non mais serieux quelle bande de chieuses!

    C’est en chipotant pour des conneries pareilles qu’elles décrédibilisent le mouvement féministe..

    Qu’est ce qu’on en a à faire? Qu’elles se trouvent une autre occupation si c’est ça leur revendication..

  7. Avatar de Unholy Ghost
    il y a 1 an à 14:07

    Pseudooublie a raison. Il y a de plus en plus un backlash des jeunes féministes de la troisième vague à ce genre de féminisme de la deuxième vague.

    Ce qui me semble absurde en France, par contre, c’est Madame le Maire. Wouach!

  8. Avatar de waya
    il y a 1 an à 15:22

    Pauvres féministes! Elles n’ont donc rien d’autre à faire que de se battre contre le terme “mademoiselle”?!

    Entre l’affaire Banon et ces ridicules gesticulations, l’avenir même du féminisme reste en suspens, tant que de vrais projets n’auront été mis en œuvre pour améliorer la condition des femmes. On en est loin.

  9. Avatar de William de Lesseux
    il y a 1 an à 17:21

    Arg… C’est le féministe sous ses pires formes…

    Il serait peut être temps que ces demoiselles, ou dames, c’est au choix, élèvent le débat, non ?

    http://www.dailymotion.com/video/xlc1wx_mademoiselle-la-case-en-trop_news?start=7#from=embediframe

  10. Avatar de arbobo
    il y a 1 an à 18:15

    c’est pourtant simple et facile comme revendication, et c’est de pur bon sens (en plus d’être le plus conforme au droit, accessoirement), et ça devrait ne déranger personne ;-)

    si je comprends bien, le féminisme sous la meilleure des formes, ce serait encore celui qu’on ne voit ni n’entend ^^_

    quand on voit la levée de boucliers contre une demande simple à satisfaire, indolore et pas ruineuse, ça dit bien que c’est le féminisme en soi qui gène. Même ce qui serait simple à accorder, c’est déjà trop, alors imaginez quand il s’agit faire respecter l’égalité salariale ou d’avoir plus de 23% de femmes au Parlement :-/

  11. Avatar de tangoche
    il y a 1 an à 07:59

    J’adore:

    Tu trouves ce combat totalement mineur et tu conteste le fait qu’il fait fera avancer la cause des femmes? Dis donc mon mignons, ne serais tu pas un petit peu sexiste sur les bords?

    Merci à ces chiennes de garde de discréditer le féminisme en s’attaquant aux faux problèmes et de ne surtout pas réussir à prouver en quoi le mademoiselle est une véritable pression sociale

    L’exemple de la dame (qui fait un tout petit peu peur sur la vidéo) et de la boulangère est un petit peu bidon étant donné que ce n’est pas le fait qu’elle ait des enfants qui à changé l’attitude de la dite-boulangère mais le fait qu’elle ait montré ses enfants….mmmmhhh….le fait d’imposer le “madame” va donc empêcher les gens d’être désagréable tout en repoussant les phallocrates d’une aura de lumière divine ou….c’est juste un tout petit peu con?

    Les arguments du jeune homme en dessous valent également leurs pesants de peanuts!

  12. Avatar de Sikelia
    il y a 1 an à 08:50

    Personnellement, depuis que je vis en France (je suis italienne, pacsée avec un italien), je me sers du terme “mademoiselle” (que je n’utilise pas dans mon Pays) pour préciser que mon nom de famille est bien LE MIEN… Plusieurs fois, des gens ont failli mettre mon nom à mon compagnon dans les documents, puisque pour eux mon nom devait bien être le sien.

    Je suis vraiment étonnée de voir combien de jeunes femmes françaises dans mon entourage prennent le nom de leur mari, en arrivant même à changer leur adresse électronique… Le seul cas où cela me paraît justifié, c’est si la fille porte un nom de famille “embarassant” (cela vaut d’ailleurs pour un garçon également…).

    La mentalité est tellement dure à changer, mais il faut que cela change : il faut d’abord (et le plus vite possible) abolir l’attribution par défaut du nom de femme mariée, et ensuite la définition “mademoiselle” pourra tomber aux oubliettes.

    C’est aux femmes qui tiennent à tout prix (?) à porter le nom de leur mari de le préciser, et non aux femmes qui veulent garder leur nom. D’ailleurs, pourquoi ne pas faire comme les Espagnols, qui portent le double nom de famille ? C’est ce que mon compagnon et moi aimerons faire un jour, pour nos enfants…

  13. Avatar de adrien63
    il y a 1 an à 13:18

    Et moi si j’ai envie de les appeler sales putes, j’ai le droit? :)

  14. Avatar de Simon Ladouce
    il y a 1 an à 15:57

    Et pourquoi pas …”rien” pour les femmes “et” pour les hommes, comme ça plus de “discrimination” car plus de “différenciation”. Le retrait d’une telle nomination ne retirerait rien de la dignité ou singularité de l’être humain qui s’en verrait délesté…La surprise serait à son comble dans les entretiens, plus personnes ne pourrait prétendre appartenir à une catégorie,ou quelques soit la différenciation que vous y voyez ^^ être humain untel ou untel, fini l’époque du madame par ci monsieur par là mademoiselle par là bas (beaucoup aime encore, parait il que c’est un terme flatteur pour les femmes mariées …) bref, à la rigueur, celui qui veut sa nomination, la prend. freedom is freedom ^^ les féministes n’ont pas à obliger quoique se soit “mais” la société ne doit pas non plus inciter ses acteurs à ce différencier … mhmmm intéressant comme problème. L’effusion de sang sera évité sur ce débat mais l’évolution risque d’être lente, surtout dans un pays conservateur comme la France …

    Cela dit, bravo à celles et ceux qui ont soulevé le débat, cela nous mènera peut-être à une reconnaissance de l’égalité en tant “qu’être humain”.

  15. Avatar de octone1
    il y a 1 an à 08:37

    Donc …Il va falloir dire “bonjour madame” à des jeunes filles de 13/14 ans désormais ?

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