Singapour, îles Vierges britanniques, îles Samoa...
Le quotidien, qui s'appuie sur des informations du Consortium indépendant de journalisme d'investigation (ICIJ) basé à Washington, assure que les deux banques «ont supervisé la création de très nombreuses sociétés offshore pour des clients recherchant la confidentialité et une fiscalité plus faible, dans les îles Vierges britanniques, dans les îles Samoa ou à Singapour, à la fin des années 1990 et tout au long des années 2000». Sachant que les informations de l'ICIJ s'arrêtent au début de l'année 2010.
Concernant la BNP, 56 montages de ces sociétés sont recensés, mises en place «à partir de ses filiales à Jersey et en Asie (Singapour, Hong Kong et Taïwan), aux îles Vierges britanniques, aux Samoa, aux Seychelles, à Hong Kong et à Singapour». Côté Crédit agricole, «lui aussi, très actif» à la fin des années 2000, ce sont 36 sociétés - créées par sa filiale suisse Crédit agricole Suisse SA par l'intermédiaire de ses implantations en Asie - qui ont été retrouvées.
Procédures revues et durcies depuis?
BNP Paribas répond avoir exercé ses activités dans le «strict respect» de la loi. La banque se défend également en dénonçant l'ancienneté des documents: «Les attentes de la société ont évolué ces dernières années. BNP Paribas a revu et durci ses procédures, et s'impose aujourd'hui des obligations qui vont bien au-delà des exigences légales, par exemple en refusant d'ouvrir des comptes et des structures immatriculées dans certains pays lorsque leur propriétaire est européen». Le Crédit Agricole n'était lui pas disponible pour réagir dans l'immédiat.
Jeudi, le journal britannique The Guardian a publié les noms d'une série de personnalités et de dirigeants actionnaires de sociétés dans des paradis fiscaux. Des exemples ? La fille et la femme du président de l'Azerbaïdjan Ilham Aliyev, la célèbre collectionneuse d'art espagnole Carmen Thyssen-Bornemisza, la fille aînée de l'ancien dictateur philippin Ferdinand Marcos ou encore Olga Shuvalova, la femme de Igor Shuvalov, un homme d'affaires proche de Poutine également vice-Premier ministre en Russie.
L'ancien ministre des Finances de Mongolie, Bayartsogt Sangajav, apparaît aussi dans cette liste. Ce dernier aurait créé la société «Legend Plus Capital ltd», par le biais d'un compte en Suisse, quand il était en fonction de 2008 à 2012. Il a reconnu que c'était une «faute» de ne pas l'avoir déclarée.
Le ministre allemand des Finances se réjouit de ces révélations
En Allemagne, le ministre des Finances Wolfgang Schäuble loue les bienfaits de l'enquête journalistique internationale. En effet ce vendredi, il a estimé qu'il était «infiniment laborieux» d'amener tous les pays du monde à coopérer pour juguler l'évasion fiscale. «Il est toujours facile de formuler des revendications, mais infiniment laborieux de les appliquer au niveau international», a déploré ce conservateur au lendemain des révélations de The Guardian (cf. encadré). «Je me réjouis de la publication de ces informations [...] parce qu'elles vont augmenter la pression» pour lutter contre l'évasion fiscale. Mais «vous voyez bien à quel point c'est difficile, rien qu'au sein de l'Union européenne», a-t-il ajouté.
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