Une rue ou une place Margaret-Thatcher à Paris est-elle envisageable? C'est en tout cas ce que souhaite le conseiller UMP de Paris Jérôme Dubus. L'élu du XVIIe arrondissement compte présenter un vœu à ce sujet au prochain Conseil de Paris des 22 et 23 avril. «Margaret Thatcher est devenue une personnalité politique internationale de grande envergure. Elle a pris un pays qui était en ruine et l'a remis sur le chemin de la prospérité», justifie l'élu. Pour lui, il s'agit de «dépasser l'aspect politique» afin de «rendre hommage à une personnalité historique» dont le bilan est «positif à 80%».
Jérôme Dubus reconnaît que la figure de l'ancienne premier ministre est controversée. «Sa méthode de gestion était un peu autoritaire, et n'avait pas pour fondement la contestation», déclare-t-il. Mais l'élu UMP souligne «l'unanimisme politique britannique» qui s'est affiché dans les hommages rendus. «Tony Blair lui a rendu hommage, Ed Miliband également. En France, François Hollande lui-même l'a fait», note Jérôme Dubus, affirmant que la Dame de fer est «entrée dans le patrimoine de l'Histoire».
Le Front de Gauche propose une rue Bobby-Sands
Son de cloche bien différent au Front de gauche. Ian Brossat, conseiller de Paris au sein du groupe communiste et élus du Parti de gauche, voit d'un très mauvais œil cette initiative. «Margaret Thatcher est le symbole du libéralisme, de la privatisation à outrance», affirme l'élu du XVIIIe arrondissement parisien, qui voit en elle «l'exemple même de ce qu'il ne faut pas faire, et de l'échec de l'Europe actuelle». Le conseiller estime que cette initiative «montre que l'UMP est en mal de figures emblématiques, et cherche des symboles de l'autre côté de la Manche».
C'est pourtant de l'autre côté de la Manche également que Ian Brossat est allé chercher une contre-proposition. Il proposera de renommer «un lieu, une place ou une rue» en mémoire du militant de l'IRA provisoire Bobby Sands. Ce député à la Chambre des communes est mort sous le mandat de Thatcher en 1981 après une grève de la faim de 66 jours, entamée afin d'être reconnu comme prisonnier politique. «Bobby Sands est le symbole de la résistance à Margaret Thatcher, et le symbole de la lutte des peuples à disposer d'eux-mêmes», affirme Ian Brossat. Pourquoi une personnalité britannique? «On choisit son camp, en quelque sorte», répond l'élu, invitant les socialistes «qui s'étaient déjà élevés contre l'admiration de Nathalie Kosciusko-Morizet pour Margaret Thatcher» à soutenir son vœu.
Suite à cette annonce, Jérôme Dubus a réagi en critiquant le fait de «mettre sur le même plan Margaret Thatcher, une personnalité historique, et Bobby Sands, un terroriste», évoquant la «gauche archaïque» a laquelle appartiendrait Ian Brossat. «Quelles sont les réformes mises en place par Margaret Thatcher sur lesquelles les travaillistes sont revenus?», interroge-t-il. Les deux élus prédisent en tout cas un débat vif au prochain Conseil.
