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Ce gène Comt qui favorise l’effet placébo

En déterminant la version du gène Comt d’un patient, il serait possible de prévoir sa faculté à répondre positivement ou non à un médicament placébo. Les différents allèles affectent en effet les taux de dopamine, un neurotransmetteur du cerveau impliqué dans la douleur. A-t-on découvert le secret de l’effet placébo ? Probablement pas, car il ne se résumerait pas à cela…

Prenez un peu de sucre, donnez-lui une forme de médicament, ajoutez un colorant et vous obtenez un médicament placébo. Cependant, malgré l'absence de principe actif, il peut se révéler efficace grâce à l'effet placébo. Attention, l'inverse peut également se produire : c'est l'effet nocébo, par lequel un produit inactif génère des effets délétères. © ragesoss, Flickr, cc by sa 2.0 Prenez un peu de sucre, donnez-lui une forme de médicament, ajoutez un colorant et vous obtenez un médicament placébo. Cependant, malgré l'absence de principe actif, il peut se révéler efficace grâce à l'effet placébo. Attention, l'inverse peut également se produire : c'est l'effet nocébo, par lequel un produit inactif génère des effets délétères. © ragesoss, Flickr, cc by sa 2.0

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Est-ce la force de l’esprit ? Lorsqu’un patient pense prendre un médicament alors que ce n'est qu’un morceau de sucre, il arrive que le malade ait le sentiment que son état s’est amélioré : c’est l’effet placébo. Or, il n’affecte pas tout le monde de la même façon, certains sujets y étant plus sensibles que d’autres.

Une étude conduite en 2007 laissait entendre qu’un neurotransmetteur du cerveau, la dopamine, était impliqué derrière tout cela. Les sujets profitant de l’effet placébo voyaient leurs taux en cette molécule grimper. Mais pourquoi l’impact varie-t-il d’une personne à l’autre ? Est-ce une histoire de psychologie ?

D’après des chercheurs de Beath Israël Deaconess Medical Center (BIDMC) et d’Harvard, il s’agirait davantage de génétique. Dans une étude parue dans Plos One, ils ont montré le rôle des allèles du gène Comt (catéchol-O-méthyltransférase) dans les taux de dopamine du cerveau.

Une version d’un gène pour expliquer l’effet placébo

Des versions de ce gène sont connues pour intervenir dans certaines pathologies dépendantes de la dopamine, comme des douleurs et, plus graves, la maladie de Parkinson, dépendante des concentrations en neurotransmetteurs. Comt constitue donc une cible idéale pour l’étude de l’effet placébo.

Le gène Comt code pour une enzyme appelée catéchol-O-méthyltransférase (ici à l’image). Celle-ci joue un rôle dans la dégradation des molécules de la famille des catécholamines, dont la dopamine. © Fvasconcellos, Wikipédia, DP
Le gène Comt code pour une enzyme appelée catéchol-O-méthyltransférase (ici à l’image). Celle-ci joue un rôle dans la dégradation des molécules de la famille des catécholamines, dont la dopamine. © Fvasconcellos, Wikipédia, DP

Les scientifiques ont examiné 104 patients atteints du syndrome du côlon irritable, causant des douleurs dans le système digestif. Les sujets étaient répartis dans l’un des trois groupes. Le premier avait droit à une séance d’acupuncture factice réalisée dans des conditions assez froides. Dans le deuxième, là encore l’acupuncture faisait office de placébo, mais elle était pratiquée par un médecin chaleureux. Le troisième groupe ne subissait aucun traitement, les chercheurs faisant croire aux patients qu’ils étaient mis sur liste d’attente.

Le génotype de tous les volontaires a été réalisé et comparé avec les résultats observés chez chacun d’eux. L’analyse démontre que les sujets présentant un allèle particulier de Comt disposaient de concentrations en dopamine trois à quatre fois plus élevées au niveau du cortex cérébral que d’autres. Cette vaste partie du cerveau est impliquée dans la cognition, la personnalité ou le comportement social. Ce sont aussi ces mêmes patients qui répondent le plus à l’effet placébo.

La situation dans laquelle le traitement a été délivré joue aussi un rôle. L’accueil chaleureux amplifie d’autant plus cet effet placébo, preuve que le médecin est un acteur important et que son interaction avec le patient contribue à l’efficacité d’un traitement.

L’effet placébo, un mécanisme bien plus complexe

A-t-on trouvé un marqueur génétique permettant de distinguer ceux qui répondront ou non à un médicament placébo ? Si seulement c’était aussi simple… Il semble que le processus soit bien plus complexe. Une recherche précédente trouvait déjà que la sérotonine, un autre neurotransmetteur, jouait un rôle plus important que la dopamine dans l’expression de cet effet.

D’autre part, cette recherche génétique ne s’est focalisée que sur une pathologie. Or il n’est pas certain que les mêmes mécanismes se mettent en place pour toutes les maladies. Il faudra creuser davantage la question pour déterminer le ou les fonctionnements de l’effet placébo.


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