«Le problème dans nos cités, c’est que l’image de la réussite par l’emploi disparaît. Quelques-uns obtiennent du travail, mais la première chose qu’ils font après leur embauche, c’est d’aller s’installer ailleurs. Du coup, on se retrouve avec des jeunes de 13 ans qui voient leurs grands frères diplômés galérer et leurs parents travailler dur sans s’en sortir.
Selon le candidat socialiste Patrick Mennucci, Marseille souffre d’un déficit de 50 000 emplois privés. L’un des problèmes est aussi que près du quart des Marseillais ne sont titulaires d’aucun diplôme et ont des difficultés à s’insérer dans une économie locale de plus en plus tertiaire et de moins en moins industrielle.
Avec un chômage global autour de 13 %, mais qui connaît des pointes à près de 50 % dans les cités, Marseille reste au-dessus de la moyenne nationale. Selon les chiffres, les plus de 50 ans représentent le quart des demandeurs d’emploi, contre 20 % pour les jeunes de moins de 25 ans. Mais beaucoup d’entre eux ne font pas la démarche de s’inscrire à Pôle emploi. « Nous recevons 24 000 jeunes chaque année et 70 % d’entre eux ne sont effectivement pas inscrits, confirme Brigitte Cavallaro, directrice de la mission locale. Nous finançons 5 000 formations pour amener ces jeunes vers les emplois proposés par les entreprises. » « Il y a des secteurs qui recrutent, comme les services à la personne, les métiers de bouche, les transports ou l’hôtellerie, indique Nicolas Garnier, directeur territorial de Pôle emploi. Mais ces métiers souffrent d’un déficit d’image vis-à-vis des jeunes. »
En poste depuis sept ans dans ces quartiers touchés par le trafic de stupéfiants et les règlements de comptes, Sofiane Majeri attend peu des élections. « Je fais parti des gens résignés qui n’espèrent plus grand-chose de la politique et de ceux qui la représentent, avoue-t-il. S’ils avaient fait leur boulot correctement, on n’en serait pas là. »