Georges Bonacorsi, 70 ans, a connu le temps des hirondelles — ces policiers à vélo — et « des voyous qui faisaient respecter le quartier ». Le sien, ce sont les Chutes-Lavie, 8 000 habitants, un secteur du IVe arrondissement de Marseille où ce directeur commercial en retraite a toujours vécu. « Un endroit formidable, mais où ça se détériore.
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Dans l’avenue d’à côté, l’an passé, un buraliste a été assassiné à coups de couteau. Ses meurtriers courent toujours. Dans ce quartier à la population vieillissante mêlant pavillons et immeubles, ce drame a marqué les esprits. Les braquages du bar-PMU de l’angle, les histoires de colliers ou de sacs arrachés par « des voyous à scooter » occupent les conversations. Plus que « les tueries de trafiquants » qui « se tuent entre eux », dit-on. « Les règlements de comptes ne sont pas le souci premier de la population marseillaise qui souffre davantage au quotidien des incivilités ou de la petite délinquance », confirme David-Olivier Reverdy, responsable régional du syndicat de police Alliance. Marseille, laboratoire des politiques de sécurité, où les plans des ministres de l’Intérieur se succèdent, se débarrasserait bien de cette image de « ville du crime ». « La sécurité à Marseille, enjeu national, ça fait vendre. Le Marseillais lambda, ça le gonfle », renchérit Diego Martinez, du syndicat Unité SGP-Police-FO.
« Paris, c’est pire, hein ! Et les délinquants en col blanc de Matignon, z’ont pas de kalachnikovs ! » se gausse Guy, taxi attablé dans un resto des Chutes-Lavie, qui « votera Marine ». Cette arme sur la tempe, braquée par « un mec encagoulé », Stéphane, 41 ans, employé du bar-PMU, a connu ça un matin à l’ouverture. Lui aussi a déjà « mis FN dans l’enveloppe ». Il souhaiterait « plus de bleu » dans les rues, avec « des rondes sur les points chauds ». Mais ce n’est pas tant des nouvelles caméras de vidéosurveillance, des effectifs de la police municipale, récemment augmentés, ou des renforts de la nationale, 2 900 fonctionnaires à Marseille, qu’il discute. Car il partage l’avis de Georges : « La sécurité, c’est déjà l’affaire des citoyens entre eux. Il faut retrouver la confiance. »
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