Etes-vous satisfaite de l’annonce du démantèlement de la jungle ?
J’ai été très surprise de l’engagement du ministre à l’occasion de ses deux visites à Calais. A vrai dire, la fermeture, on n’y croyait pas trop. Dans le contexte calaisien qui a évolué de façon assez négative ces dernières semaines, et notamment ces derniers jours, je suis très satisfaite. Le démantèlement est annoncé la semaine prochaine. Je ne suis pas informée de la date ni des conditions dans lesquelles cela va se passer. La Ville n’est pas impliquée dans ce dispositif. Ce sont les services de l’Etat qui interviennent.

De quel contexte parlez-vous ?
Du comportement de plus en plus agressif des migrants envers la population calaisienne. Ces huit derniers jours, on a volé son sac à main une maman et son portable à une jeune fille qui allait en cours. Ces agressions ont fait l’objet d’un dépôt de plainte et d’une main courante.

C’est un fait nouveau ?
Ces quinze derniers jours, on a vu s’installer une nouvelle population migrante qui se considère dans une zone de non droit et commence à se croire tout permis que ce soit en direction des biens comme de la population. Je ne peux pas expliquer pourquoi, je n’en ai aucune idée. Mais il faut savoir dire stop. J’ai vu le ministre en début de semaine pour lui déposer l’ensemble des éléments, des plaintes et mains courantes recueillis ces trois derniers mois pour lui indiquer que la situation se dégrade de jour en jour. Je crains le jour de trop, soit en direction de la population, soit en direction des migrants.

Combien de plaintes lui avez-vous transmises ?
Je ne sais. Mais ça représentait un volume de cinq centimètres.

Comment les services de l’Etat vont-ils empêcher que les migrants ne viennent se réinstaller sur la jungle ? Vont-ils ériger des murs tout autour ?
Une fois le terrain récupéré, la ville peut l’encercler de barrières. Il ne s’agit pas simplement de déménager la jungle mais de mettre en place une stratégie pour démonter tous les squats de la ville, les uns après les autres.

Mais ce n’est pas parce que squats vont être démontés que les migrants ne vont pas continuer à affluer…
Dans le dispositif mis en place par l’Etat, chaque migrant se verra proposer une demande d’asile ou un retour volontaire. Et pour ceux qui refusent, et qui sont expulsables, ils le seront. Les autres, on leur proposera des logements dans d’autres communes que celle de Calais.

N’est-ce pas déplacer le problème sans le régler ?
Mais déplacer le problème, ça me va très bien ! Après tout ce qu’on subit depuis huit ans ! Aujourd’hui, parmi tous les maires et les parlementaires qui nous donnent des leçons, pas un n’accepte de partager la solidarité. C’est un peu facile. Au moins, déplacer les problèmes, ça nous soulagera pendant quelques mois ou quelques années. Ce ne sera plus chez nous. D’autres le subiront à leur tour. On n’est pas à vie parqués à Calais pour accueillir les migrants ! On a 15% de chômeurs, l’aide aux migrants nous coûte entre 400 000 et 500 000 euros par an, ça nous pénalise. S’il s’agit de déplacer le problème, eh bien qu’on déplace le problème. Ca nous soulagera pendant quelques mois.

Le démantèlement répond à une attente des Calaisiens ?
Oui, c’est un soulagement. Psychologique d’abord, car ça veut dire que le ministre a compris la problématique des Calaisiens comme celles des migrants. Il a annoncé qu’il ferait des propositions à chaque migrant. Dire que Calais n’est plus une zone de non droit : c’est un message important vis-à-vis des passeurs.