Discours politique

Nicolas Sarkozy, DISCOURS DE M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE (18/03/2008)

Mesdames, Messieurs,

Ce n'est pas le lieu pour faire un discours, je voudrais simplement vous dire combien je suis heureux d'être parmi vous. Je suis heureux parce que j'avais promis l'année dernière de venir chaque année sur le plateau des Glières et plus, dans votre village qui est un des villages martyres, et dans ce département, cher Bernard ACCOYER, ce département qui a été le premier département français à se libérer tout seul.

La France est un pays qui a une longue histoire, qui a besoin de se souvenir des hauts faits d'armes qui nous ont permis d'être libres. Quand on regarde l'histoire de son pays, quand on la connaît, quand on la comprend et quand on en est fier, on n'est pas agressif vis-à-vis des autres. Simplement, on est reconnaissant à l'endroit de ceux de nos concitoyens qui ont donné leur vie pour que l'on vive libre. C'est toute la question de l'identité nationale et toute la question du patriotisme.

Le patriotisme, c'est l'amour de son pays ; cela n'a rien à voir avec le nationalisme, qui est la détestation des autres. Nous autres les Français, on veut aimer notre pays. On aime notre patrie. On vénère les hauts faits de l'histoire de notre Nation. Je l'ai fait hier à l'occasion de la disparition du dernier survivant de la Première Guerre mondiale. Je l'ai fait parce que j'ai parfaitement conscience que plus jamais, il n'y aura un grand-père ou un arrière-grand-père qui racontera à ses petits-enfants ou à ses arrières petits-enfants comment c'était là-bas, puisque le dernier a disparu. Et au fond, en l'honorant, en faisant cette cérémonie officielle, c'est tous nos grands-parents ou arrière-grands-parents, pour ceux qui ont eu la chance de les connaître, que nous honorons et que nous remercions.

J'avais promis de venir ici, dans cette montagne, sur ce plateau parce que ceux qui ont défendu les armes à la main l'indépendance de la France et la liberté de la France, ils venaient de tous les horizons. Il y avait des étrangers, des Espagnols que j'ai salués tout à l'heure et dont certains sont ici. Ils l'ont fait avec une même volonté, ils se sont rassemblés, sans considération des opinions politiques, de la même façon que j'ai demandé qu'on lise la lettre admirable de Guy MÔQUET. Je ne l'ai pas fait parce qu'il s'agissait d'un fils de communiste ou de lui-même, un jeune communiste. Je l'ai fait parce qu'il s'agissait d'un jeune Français qui faisait honneur à la France et qui de surcroît doit être honoré par tous, quelles que soient leurs opinions politiques. Sur ce plateau, il y avait de tout avec une même ambition, une même volonté. Lorsque j'ai été élu, j'avais promis de parler de l'identité nationale : elle est là.

Et c'est une occasion également pour moi de venir dans ces villages de montagne, dans ce territoire rural qui voit depuis quinze à vingt ans un mouvement démographique complètement s'inverser, qui est extrêmement positif. Pendant des années, vous avez perdu de la population et on voyait des territoires mourir. Et aujourd'hui dans un système inverse, la directrice de l'école me le disait, Monsieur le Maire, il y a plus d'enfants parce que les gens ont compris qu'il fallait qu'on puisse continuer à vivre sur des territoires où on vivait ainsi depuis des siècles, que ce n'était pas un progrès de les abandonner et qu'il n'y avait pas que les grandes villes, où on n'avait plus assez de logements et pas assez de travail. C'est une occasion pour moi de venir à la rencontre de ce département. Je reviendrai donc chaque année, pas simplement pendant que je serai Président, mais après aussi. Je n'annonce rien, c'est simplement un engagement. Et j'aime beaucoup cet endroit.

Ce n'est pas le lieu, Monsieur le Maire, pour faire un discours politique. Il y a tant d'agitation ; il faut beaucoup de calme à la place qui est la mienne, il faut beaucoup de sang-froid. Ce qui est sûr, c'est que je serai amené à prendre un certain nombre d'initiatives pour continuer les changements qui sont nécessaires à notre pays. Ce n'est pas une question d'idéologie, ce n'est pas une question de politique. Ce n'est même pas une question de gauche ou de droite. C'est une question de bon sens.

Notre pays doit procéder aux changements nécessaires pour réhabiliter le travail, pour permettre aux gens de travailler davantage, pour permettre d'avoir les meilleures universités, pour permettre de prendre les décisions qui vont moderniser notre économie, qui en a bien besoin, dans un contexte difficile avec l'augmentation du prix des matières premières, avec la flambée de l'euro, avec le prix du baril de pétrole, avec la crise financière. Mais tous ces problèmes devraient nous encourager à faire les changements au lieu de nous encourager à nous recroqueviller. Et au fond c'est cela mon travail. J'ai été élu pour conduire cette politique et c'est celle-là que je mènerai.

Et je voudrais dire à tous ceux qui ont bien voulu, tout au long de cette journée, me soutenir, me broyer la main (parce qu'ici il y a de ces poignées de mains !), je voudrais leur dire que c'est bien sympathique et que pour moi c'est important. À chaque fois que je viens dans votre département, je repars avec une énergie redoublée. Merci à tous et bon vent, Monsieur le Maire !