#Dernières notes du blog Éloge de la transmission Accueil du blog Sport24 | Evene | La Chaîne Météo | Météo Consult | Le Particulier | Cadremploi | Keljob | Kelformation | Explorimmo | Propriétés de France | Ticketac | Vodeo | Cplussur Retour au Figaro.fr Tous les blogs du Figaro Éloge de la transmission Le titre de ce blog rend hommage à George Steiner, ainsi qu’à tous les maîtres, dans un monde où il est de bon ton de les vouer au même sort que les dieux. La transmission, l’éducation et l’instruction, dans toutes leurs nuances, sont les conditions de la survie de toute civilisation ; ce qui nous prémunit contre la barbarie. Dans ce blog, il sera donc question d’école et de savoirs, de maîtres et de disciples, d’élèves et de professeurs, de parents et d’enfants, de culture et de mémoire… Pitié pour la nostalgie Par Natacha Polony le 12 février 2010 20h56 | Réactions (39) Il y a déjà quelques années que la nostalgie se porte mal, qu’elle est classée dans les maladies honteuses ou les perversions répréhensibles. Au point que toute prise de position, sur quelque sujet que ce soit, se voit désormais précédée d’un avertissement empressé : « Attention, je ne suis pas nostalgique... », « ce livre est formidable, et précisons qu’il n’a rien de nostalgique... » Pensez donc, quel mauvais goût ! De quoi vous bannir aussitôt et pour longtemps de tout plateau télévisé. Il y a déjà quelques années, bien sûr, mais quel acharnement, une telle unanimité contre un mot, un simple mot! Sur France Inter, le vendredi 12 février, le journaliste Vincent Josse visitait, comme il en a l’habitude, la bibliothèque d’un auteur. Ce matin-là, l’hôte était Joann Sfar, auteur de bandes dessinées au trait subtil et sensible, empreintes d’intelligence et de poésie, comme le Chat du Rabbin. Joann Sfar se reconnaît pour maîtres Fred et Hugo Pratt, c’est-à-dire les plus grands. Il cite également Quentin Blake, le merveilleux illustrateur des contes de Roal Dahl. Peut-on rêver références plus exaltantes ? Sur France Inter, Joann Sfar évoquait le dessinateur Sempé, sa complexité sous l’apparente évidence. Il soulignait cette mélancolie qui colore ses dessins. Et dans ce bel hommage, soudain, surgit la phrase-réflexe, l’étendard moderniste de l’appartenance au camp du Bien : « J’ai dit mélancolie, hein, pas nostalgie. Parce que la nostalgie, c’est quelque chose d’un peu dégueulasse… ». Ah bon ? La nostalgie, c’est « dégueulasse » ? Avec ce mot très « nouvelle vague », très Belmondo dans « A bout de souffle » ; mais aussi très ciblé, très savamment connoté. « Dégueulasse », pour un cerveau moderne, ça veut dire vaguement pétainiste, ça vous a des relents de France moisie. Pour un peu, la nostalgie, ce serait une manière de retrouver le chemin du Vel d’hiv. Alors quoi ? Des études de philosophie, un amour proclamé de la poésie, pour en arriver à une telle platitude ? Et surtout à un tel contresens. Car c’est oublier que la nostalgie, étymologiquement la « maladie du retour », ce regret de la patrie perdue, est au cœur de toute la poésie occidentale. C’est elle qui a fait chanter Ulysse, sur les rivages de Méditerranée, entre les bras de Calypso ou de Nausicaa. C’est elle qui dicte à Ovide ses Tristes, hommage de l’exilé à cette Rome tant aimée, qu’il ne reverra pas. C’est elle qui, des siècles plus tard, dévidant son fil du latin au français, inspirera à du Bellay ces vers, parmi les plus beaux de la langue française : Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage Ou comme cestuy-là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d'usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge ! Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village Fumer la cheminée, et en quelle saison Reverrai-je le clos de ma pauvre maison, Qui m'est une province, et beaucoup davantage ? Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux, Que des palais Romains le front audacieux, Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine, Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin, Plus mon petit Liré, que le mont Palatin, Et plus que l'air marin la doulceur angevine. La nostalgie est ce doux sentiment qui enveloppe l’âme des exilés, de ceux qui ont quitté leur patrie comme de ceux qui ne l’ont jamais trouvée. De la poésie romantique aux vers hermétiques de Mallarmé, du spleen baudelairien au « vrai lieu » d’Yves Bonnefoy, la nostalgie imprime à la poésie française ses accents à la fois sombres et lyriques, au point que, sans doute, on peut y voir le sentiment le plus profondément, le plus éminemment poétique, puisque, pleurant, dans un monde d’où le sens s’est retiré, cette patrie perdue d’une humanité rassemblée, c’est dans la langue que le poète s’installe et choisit de demeurer. Et pour reprendre les références citées par Joann Sfar, comment ne pas voir qu’elles sont porteuses, elles aussi, de cette nostalgie qu’il juge aujourd’hui si haïssable. Ces « gentilshommes de fortune » que sont Corto Maltese et Raspoutine, les personnages de Hugo Pratt, l’un et l’autre s’échappant à leur façon, par le rêve ou la folie, d’un monde devenu triste et sans fantaisie, sont à eux seuls une ode à la nostalgie. Quant à Fred, l’inventeur de Philémon, ce garçon lunaire qui voyage sur les lettres de l’Océan Atlantique, et le scénariste de cette série, Time is Money, à l’humour noir et absurde, on ne sait ce qu’il pensait de la nostalgie, et l’on ne tentera pas ici d’embrigader les morts. Mais qu’il nous soit permis de dire combien son univers nourrit notre propre nostalgie. Une époque qui adule le présent au point d’interdire à quiconque de regretter ne serait-ce qu’une part infime du passé est une époque totalitaire. Ce qu’elle déteste par-dessus tout, ce sont ces mauvais coucheurs qui ne croient pas qu’ils vivent dans les meilleurs des mondes possibles, ceux qui par leur amour d’un lieu, d’un petit geste oublié, d’un visage ou d’une habitude, résistent au lavage de cerveau publicitaire d’une société qui nous vend du bonheur sur écrans plats. Il faut, certes, pratiquer l’espérance, qui nous fait avancer. Mais pas la satisfaction béate qui fige dans l’instant présent. Pitié, donc, pour les nostalgiques, les vrais, ces rêveurs impénitents. Pas ceux qui veulent revenir en arrière, non. Ceux qui savent qu’on ne reviendra pas en arrière, car tout meurt et s’efface, mais qui en pleurent et font de ces larmes un dessin, quelques phrases ou quelques fantaisies. L’espérance fait des croyants et des militants, la nostalgie fait des poètes. Tags: * bande dessinée, * France Inter, * Fred, * Hugo Pratt, * Joann Sfar, * Nostalgie, * poésie Partager Tweet Recommander Réagir 39 commentaires Avatar Lionelm Souvenir d'école : Enfin qu'est cette façon idiote de prononcer ce prénom ? Vous n'êtes pas sans ignorer qu'il est né et a vécu pas très loin d'ici. Il faut prononcer : Jo-a-quim ! Il me saisit par le gras de la joue et me dépose sur l'estrade face à la classe hilare. Non qu'ils se moquent de moi, mais c'est l'instituteur remplaçant qui fait la risée. En voilà une façon bien curieuse de prononcer le prénom du héros de Liré ? Poète légendaire d'un village hissé sur le coteau viticole, qui laisse Ancenis aux portes de Bretagne, là en contrebas! Tout juste bon à récolter la dîme et la gabelle, sur le pont que l'octroi ferme aux remparts. Trente cinq ans plus tard, le lycée de ma fille me produit la même perle, un professeur qui n'a jamais vu liré, ni prié au pardon de saint-joachim, en Bretagne, prononce encore J-o-a-quim! Alors Natacha, pour que la paix résonne en Bretagne: Comment faut-il prononcer ? Encore mille bravos pour le regard de votre jeunesse époustouflante . Le 12/04/2010 à 22:19 Avatar emerald julia il est des mots-tabous aujourd'hui dans le monde culturel, ainsi dans le théâtre, le mot mélo, et donc le sentiment, l'émotion qui le porte, est péjoratif, éprouver des sentiments plutôt que d'avoir une attitude cynique est mal vu... le mot nostalgie à son étymologie, sa définition parce qu'il a son sentiment son émotion, l'éradiquer du vocabulaire est effectivement totalitaire...fasciste... curieuse distinction qui honore la bile noire... l'un et l'autre semblent pourtant avoir un air de famille... petite remarque simplement : n'est-ce pas par association que vous déduisez celles de Johan Sfar? (relents pétainistes, Vel d'hiv dont on parle beaucoup en ce moment en oubliant le film magistral de J.Losey, M. Klein ) Ce mot pris de la bouche de l'auteur du "chat du rabin" que j'ai lu, et de de "Gainsbourg, vie héroïque" que je n'ai pas vu, ... aurait-il été catholique ou protestant ou boudhiste, auriez vous eu les mêmes associations ? rien de grave.. simplement curieuse cette association raccourcie qui ne m'était à moi pas venue à l'esprit... je peux en faire d'autres... et "dégueulasse"... sera plutôt l'accent de la délicate et blessée Jean Seberg, pour moi..celui de celle qui se bat pour les droits civiques et s'en prend plein la figure et le ventre de part et d'autre... celle qu'on retrouvera dans sa voiture... et là de quoi parlons nous? nostalgie? mélancolie? Mais je découvre votre éloge de la transmission -livre que j'ai lu, entretiens avec Cécile Ladjali que vous ne citez pas, pourquoi?- et je suis surprise par la qualité de vos mythologies:-) la valeur n'attend donc pas le nombre des années... vous êtes un oasis dans un monde culturel qui s'assèche... Le 08/04/2010 à 23:43 Avatar JC Piot Je ne découvre qu'aujourd'hui votre bel éloge de la nostalgie, Mme Polony. Avec vous, avec d'autres, je partage cet agacement devant cette suspicion permanente que doit subir la nostalgie. La nostalgie, pour moi, c'est une chronique de Vialatte, c'est de la poésie qui se cache derrière les choses, c'est un plaisir doué de profondeur, un parfum complexe. La nostalgie, c'est un sourire dont l'émotion n'est jamais loin, un sourire avec l'oeil un peu mouillé. Il y a un an ou deux, j'ai entamé la rédaction d'un blog dont le sous-titre était précisément dédié à la nostalgie. Si le coeur vous en dit, c'est par ici. http://leschroniquesdelornithorynque.hautetfort.com/ Le 01/03/2010 à 11:29 Avatar stylicon A tania: savoir que la remarquable plaidoirie de Madame Polony en faveur de la nostalgie a pour effet de vous amener à relire Simone Signoret (enfin...)me plonge dans une atroce mélancolie. Le 27/02/2010 à 14:59 Avatar coriolan Pour Abraxas:nostalgie et mélancolie du lieutenant d'Artagnan . L'une et l'autre intriquées ,et cela importe peu, dans ce que je tiens pour le texte le plus remarquable de la trilogie d'Alexandre. Que l'on ne trouve ni dans les 3 Mousquetaires ni dans Vingt ans après mais dans le dernier volume,de loin le moins connu:Le vicomte de Bragelonne. Chapitre XIV,très exactement,où notre héros "donne son congé"au Roi-soleil dans une extraordinaire envolée, en rappelant ,avec amertume et regret,le nombre d'épées usées au service de la France et de la royauté sans aucune reconnaissance en retour. Incroyable monologue,flamboyant et mélancolique,plein de nostalgique fierté. Cette fierté et cette dignité que l'on ne peut trouver chez un faquin fut il dessinateur de Bd,ni chez certain politique éructant et vociférant sur les marches d'un palais. Quant au 'forward"de Buckingman,il est toujours d'actualité Il est toujours prononcé ,en français,(pour le moment encore) par les politiques de tout bord,qui les pieds bien au chaud,nous trace, pour une France qui perd son âme ,des avenirs riants parce que de plus en plus "diversifiés" On aura compris que ma nostalgie est envahie par la mélancolie. Le 27/02/2010 à 14:53 Avatar Natacha Polony Simplement... merci pour ce texte... NP Le 24/02/2010 à 12:52 Avatar Anonyme Votre écriture a quelque chose de magique et de démésurément beau. C'est un véritable poème en prose.Un hymne à la vie et à la nature non dénaturée,dans de menus détails insignifiants et pourtant si...significatifs. C'est également une magistrale démonstration de la beauté de cette langue, dans laquelle peuvent être exprimés par des mots simples, tant de nuances, dans les sensations et les sentiments. Le 24/02/2010 à 11:14 Avatar Aussenac Les choses de la vie Cette goutte de rosée luttant contre la toile arachnéenne, scintillante de la lumière d’une aube. La regarder. Oser l’aimer. Les fragrances de nos enfances champêtres, si inconnus aux bambins des cités ; oui, « bambins », et pas « vauriens », ni « délinquants ». Si une fois, une seule fois peut-être, ils avaient eu la chance de respirer les foins coupés, la lavande fraîche, des châtaignes sur le grill, des fraises des bois. S’en souvenir. Les humer. Devoir de mémoire du Beau. Incroyable grâce d’une statue de marbre, au détour d’un petit musée de province, en une douce après-midi d’été à l’abri de murs anciens. Avoir envie de la prendre dans les bras, de s’imprégner de chaque contour. Sentir le poli et le burin, devenir l’artiste, se faire Rodin. Enfermer les surgelés et les plats cuisinés à double tour, ne manger qu’un seul aliment, même pas bio, juste au détour d’un étal en Provence. Mais un petit marché pluvieux, tout au nord de la Loire, fera l’affaire aussi. Simplement, fermer les yeux, entrer en soi ; croquer cette cerise bigarreau, en sentir chaque bouchée comme autant de printemps à mûrir. Il y a eu ce long hiver au bois cassant, et puis les fragiles pétales nacrés, et cette abeille industrieuse, et notre récompense : l’acidulé de cette chair fondante, le sucre des Dieux, et puis nos rires lorsque, enfants, nous en faisions des boucles d’oreilles carmines. Devenons Temps des Cerises ! Chaque instant est diamant. Ne plus en perdre une miette, de cette vie qui coule comme une fuite d’eau et que nous ne prenons jamais vraiment le temps de réparer. Etre son plombier, enfin. Eau Précieuse, voilà le nouveau nom de notre parfum. En porter haut les couleurs. Ecouter le silence des inconnus. Observer cette femme africaine dans le métro, ses enfants aux yeux de braise, percevoir la fatigue de sa journée, l’imaginer jeune gazelle en d’autres terres, la savoir en barreaux de cité, et, simplement, lui sourire. Sentir son âme, une fraction de seconde. Marcher sur ce trottoir crotté et sordide d’une banlieue grise, et s’imaginer longer une grève. Sentir le vent, les embruns, l’iode, au-delà des gaz des voitures, fouler des galets, regarder au loin ces grands navires blancs. Bien sûr que c’est possible : sous les pavés, la plage ! L’étoile polaire, en cette nuit d’été si chaude que la pierre nous semble foyer. Savoir qu’un ami la voit aussi, là bas, si loin, si proche. Faire un vœu, comme à 12 ans. Qui pense à un ami en regardant une étoile décrochera la lune. Cette goutte de pluie qui joue sur la vitre, se souvenir comme elle nous occupait lors des trajets d’enfance, comme nous lui inventions des chemins. La vie est à réinventer. Le 23/02/2010 à 23:19 Avatar Don Benito Vous avez, Madame une plume admirable et c'est surement la meilleure protections contre les facheux et les "mal-comprenants". Le 23/02/2010 à 23:02 Avatar joey bah oui mais le principe de sfar c'est de citer des classiques pour faire bien, ensuite un moins aimé (beigbeder) toujours pour faire bien... mais ça reste quand même quelqu'un qui assène des platitudes non ? Chuis sur que dans la prochaine interview il va parler de nostalgie pour faire bien ! Le 19/02/2010 à 15:11 Avatar Rodolphe DUMOUCH La nostalgie « fait apparaître le pays comme une absence, sur le fond d’un dépaysement, d’une discordance profonde. Conflit entre le géographique comme intériorité, comme passé, et le géographique tout extérieur du maintenant » Eric DARDEL, L'homme et la Terre, 1953 Précurseur de la géographie humaniste en avance sur son temps et négligé à son époque. Le 18/02/2010 à 15:14 Avatar Le bouillon VC La décadence se traduit par un mépris de certaines valeurs importantes, voire même une inversion de ces valeurs. Bientôt, on insultera quelqu'un en le traitant de "poli" ! Avez-vous déjà noté combien cela paraît difficile à certains de simplement dire bonjour et merci ?! Le 17/02/2010 à 15:46 Avatar Anonyme Votre note madame sur la nostalgie est quoiqu'en disent certains, à la fois juste et exquise.A travers ces connaissances et ces exemples fournis à travers les siècles, en citant l'Ulysse d'Homère, en passant par celui du poème de Du Bellay,jusqu'aux artistes contemporains cités.Vous faites revivre tout cela dans une note: un monde, des mondes, des siècles et une constance.C'est que les hommes n'ont pas changé dans leur nature profonde.Je citerai également le joyau littéeraire que vous avez dévoilé récemment(j'évite à dessein le mot exhumé,car c'est un texte à encadrer comme un tableau et qui est loin d'être mort). La nostalgie est partout présente et en tout lieu et la période instable de notre époque n'est pas pour la rendre malvenue:le fameux "sodade"-je doute de l'orthographe- et ses chanteurs-cultes,n'en rélève-t-il pas? Même la poésie arabe anté-islamique en portait la marque.Nombre de poèmes de l'époque, commençaient ainsi: "Arrêtons-nous, amis, pour pleurer ces vestiges!" Le 16/02/2010 à 15:47 Avatar FXB117 Quel joli billet sur la nostalgie. Les nostalgiques ont leur chaîne de télévision car, heureusement pour eux, ils savent que le passé c'est l'avenir: http://www.cccp-tv.ru/ Le 16/02/2010 à 11:33 Avatar Daniel Arnaud Une très belle note, remarquablement servie par un texte patrimonial. Chateaubriand, qui reste pour moi le plus grand, illustre bien, d'ailleurs, votre conclusion : c'est un homme de l'Ancien Régime qui sait parfaitement que le monde qu'il a connu est dépassé, et qui annonce l'avènement de la démocratie. Il ne milite pas pour une énième Restauration, mais se fait poète et nous lègue les "Mémoires d'outre-tombe"... Soit dit en passant, on trouve à la fin de l'ouvrage, justement, une formidable mise en garde à l'égard des idéologies et de l'esprit de système... Au-delà du "cas" de la nostalgie, il me semble que ce que vous écrivez s'applique du reste à bien d'autres mots, désormais connotés négativement, alors qu'ils devraient être employés comme de simples qualificatifs (sans présupposer un jugement). On en est venu à "psychiatriser" le vocabulaire. "Solitaire" veut dire "asocial", "ambitieux" "mégalomane", "mélancolique" "dépressif", etc. Le "mal du siècle" deviendrait aujourd'hui une simple "pathologie" à soigner, et au lieu de faire du jeune Werther, de René ou de Julien Sorel des héros de romans, on leur conseillerait une psychanalyse ou un internement, après les avoir stigmatisés comme "anormaux"... Le 16/02/2010 à 10:24 Avatar Abraxas Polony, vous défendez la Nostalgie parce que vous avez un tempérament d'écrivain (tout le monde le sait, d'ailleurs, et mieux que vous, ici et ailleurs). Or, la nostalgie est la cheville ouvrière de la Mélancolie, si utile en littérature (d'Ovide à Sartre, dont la Nausée devait s'appeler… Melancholia). C'est la dialectique d'Epiméthée et de Prométhée. Le second, en dérobant le feu du ciel, avait tenté d'envoyer les hommes en avant (Pro, en grec). Son frangin, passéiste, obsédé sexuel notoire, peu doué pour les travaux pratiques (à qui j'entends dire que c'est exactement cela, un écrivain ?), a regardé en arrière (l'un des sens de epi, en grec), et a enfoncé l'humanité littéraire avec lui (et Pandore…). Un nostalgique, cet Epiméthée. Il faut — en ce qui concerne l'Ecole, au moins — regarder en avant parce que hier est mort : c'est dommage, il était assez beau, on l'aimait bien, mais c'est comme ça.Il faut tâcher de prendre les décisions les moins absurdes — ce que ne font pas exactement Chatel et le ministère, ces derniers temps. Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi — comme disaient les Situationnistes de la grande époque. En fait, il faudrait prévoir des heures pour la Nostalgie — le soir, par exemple, c'est un sentiment couleur de crépuscule et de feuille sortes —, ou la Mélancolie (la Nuit, conformément à l'étymologie, ou les jours d'orage, quand le ciel bas et lourd — etc.). ET aller de l'avant le reste du temps. "Forward" — c'est la devise que Buckingham donne à D'Artagnan dans l'affaire des ferrets. Le 15/02/2010 à 11:22 Avatar hors-champ Ce qui ne fait pas débat dans l’école de la réussite(à propos d’un article du Figaro): part.2 Conclure, d’après leur présomption d’« utilité » mesurée par un sondage d’opinion, à l’apologie quasi messianique des nouvelles technologies dans l’école pourrait susciter quelques réserves, à défaut d’éclats de rires. Ce qui compte de toute façon, ce n’est pas le sondage mais le dogme utilitariste auquel il donne adhésion. Et lorsque ce même sondage, brandi pour défendre la cause du multimédia, contrarie les plans énoncés, lorsque par exemple 84 % des personnes interrogées jugent la langue française traditionnelle (?) menacée par le pseudo-langage communicationnel de type SMS ou e-mail, eh bien il suffit de court-circuiter le sondage. Là, les sondés ne délivrent plus la parole sacrée, ils ont tort et blasphèment puisque, toujours d’après le directeur de l’Atelier, « cette idée dans la population va à l’encontre des études que nous connaissons sur le sujet ». Les parents et les professeurs eux n’y connaissent rien sur le sujet. Et il ne faudrait tout de même pas laisser entendre qu’une cellule de veille technologique de BNP Paribas ne soit pas la plus apte à poser un diagnostic en matière de niveau scolaire. Comme n’importe quelle idéologie inavouée de l’ère médiatique, l’utilitarisme ça se façonne et ça se répand dans le corps social. Voici donc venu le temps béni d’une école prête à former des « individus numérisés », soit des enfants enfin heureux dans une école qui accélère le passage d’une culture alphabétique à une culture iconique, reproduisant ainsi le monde ambiant qui est le leur (paraît-il) au lieu de les accabler de savoirs inutiles, bref une école tout comme eux, et, last but not least, débarrassée des méchants professeurs récalcitrants à une telle métamorphose : ceux-ci doivent « sortir d'un enseignement uniquement dispensé par l'écrit alors que l'univers des jeunes est aujourd'hui fait d'images et de sons. L'exposé magistral, frontal du professeur, c'est fini. Il s'agit d'apprendre à travailler davantage selon une approche par projets » (le député Fourgous). Les TICE ne sont donc pas un outil pédagogique au service d’une discipline à enseigner, à utiliser en fonction d’objectifs précis et préétablis, et dont la pertinence serait laissée à la libre appréciation du professeur, ils sont le médiateur indispensable de l’école du futur, celle de « l’individu numérisé ». Et notre héraut du numérique à l’école n’hésite pas à prophétiser le « bouleversement » complet non seulement des pratiques scolaires avec la disparition des manuels - trop de papier c’est trop de lecture, donc trop d’efforts, et donc pas assez de fun - mais également des contenus enseignés. On veut bien le croire au vu de la photographie qui illustre l’article du Figaro et qui nous montre un petit groupe d’adolescents épris de sérieux devant un écran où s’affiche la une de Télé Loisirs… N’ayez crainte, l’ajustement avec le corps professoral aura bien lieu. Lorsque ce même Fourgous émet le vœu qu’un milliard soit lancé dans la bataille des nouvelles technologies sous couvert d’une « augmentation du niveau d’équipement et de la formation des enseignants », c’est bien une rééducation totale de ces mêmes enseignants qui est visée, leur transformation en managers dotés de prothèses techniques. Il y a un « hic » toutefois à ce tableau idyllique d’une école réconciliée avec les « apprenants » par la grâce du Tout-Numérique, c’est bien sûr « l’anomalie » évoquée plus haut (Cf.part.1), celle du questionnement critique qui pourrait poindre malgré tout. Et pourquoi pas sur le site même dédié à cette aventure citoyenne : http://missionfourgous-tice.fr, nous aussi nous pourrions y déposer des « contributions de grande qualité » comme on nous y invite prestement. Le 14/02/2010 à 20:15 Avatar hors-champ Ce qui ne fait pas débat dans l’école de la réussite (à propos d’un article du Figaro): part.1 On le sait, on nous l’assène assez, l’école par temps hypermoderne se doit d’incarner la société, d’être le laboratoire expérimental des innovations appelées à gouverner cette société en mouvement perpétuel. L’école, c’est l’école ouverte sur tout ce qui « bouge », sur ce carnaval incessant et redondant de la société illimitée (pour paraphraser Jean-Claude Milner), et démultipliée, pourrait-on ajouter, par les merveilleuses promesses de la techno-science et du numérique. Emettre ne serait-ce que l’hypothèse, et non l’affirmation, d’une possible discordance entre le mode d’être d’une société, aussi louables et bienveillants que soient en apparence les discours de son auto-représentation, et l’essence (les « missions » dans le langage du temps) de l’école vous expose à une condamnation sans appel : vous ne suivez pas le mouvement, ce qui signifie que vous ne l’acceptez pas, vous êtes un stationnaire enfermé dans ses réflexes archaïques, bref une anomalie bientôt balayée par le courant salvateur de la modernité agissante. L’interrogation critique vaut réfutation du « moderne modernant » (Philippe Muray), elle se doit donc d’être neutralisée de façon implacable. Ainsi, le « moderne modernant » ne se contente pas de contester votre éventuel questionnement, il l’anticipe pour en prévenir l’expression. C’est ainsi que si l’on en croit - et il nous faut le croire puisqu’on nous l’affirme - un article du Figaro daté du 04/02 /10 et signé par Marie-Estelle Pech, les nouvelles technologies sont, c’est indéniable, le nouveau sésame de l’école tant vantée de la réussite, oui celle-là même qui échoue depuis tant d’années à relancer le décidément capricieux ascenseur social. « L’intérêt des nouvelles technologies dans l’éducation ne fait plus débat » dixit l’Atelier. D’ailleurs, c’est le sondage qui le dit, plus précisément 88 % d’un échantillon représentatif de 1279 personnes sélectionnées par l’IFOP, soit la représentation démocratique pure, qui « trouvent utile que les technologies de l’information interviennent dans l’éducation des enfants ». Quid de l’Atelier ? Une cellule de veille technologique de BNP Paribas qui entend bien démontrer à l’aide du sondage en question, ou plutôt confirmer, cette vérité inattaquable de « l’utilité » des technologies de l’information et de la communication, baptisées TICE, au sein de la triste école des cahiers et des livres. L’utilité proclamée est devenue implicitement pour l’occasion synonyme de nécessité impérieuse et pressante. Nous comprenons parfaitement que BNP Paribas, dans l’actuel contexte financier morose, soit inquiète des compétences de ses futurs traders et veuille veiller à l’excellence de leur opérationnalité dans les salles de marché, mais de là à vouloir peser sur le contenu de l’enseignement public… Mais non, les soupçons sont sans fondements. L’Atelier se contente de mettre en forme une saine exigence, celle d’une école pleinement utilitaire, exigence qui plus est partagée par le député UMP des Yvelines Jean-Michel Fourgous, chargé de remettre à Luc Chatel un rapport sur le numérique dans l’éducation, pour lequel aussi selon la journaliste « il n’y a pas non plus débat quant à leur effet [celui des nouvelles technologies] positif sur les élèves ». Pensez donc, comme le clame le député « les Tice accroissent la motivation des élèves, leur concentration, leur participation en classe. Ce sont des outils de lutte contre l'ennui à l'école, contre l'absentéisme, et au final contre l'échec scolaire. Les jeunes d'aujourd'hui appartiennent à la génération du numérique, les Tice (technologies de l'information et de la communication, NDLR) leur redonnent du plaisir d'aller à l'école ». C’est drôlement impressionnant cette vérité, et tellement conforme à toutes les expériences empiriques vécues par les enseignants… Le 14/02/2010 à 20:11 Avatar Epaminondas Enfance, Île perdue, Sous les ans, sous la neige, Quand te retrouverai-je? Ô chanson de la rue, Dans le vent suspendue, Mon enfance, est-ce toi? Qui pare l'étendue Des toits et des rues De palmes et d'arpèges? j'ai quelques hésitations pour l'agencement de certains mots... ce joyau est de Louis Guillaume. Le 14/02/2010 à 15:43 Avatar Pascale Il y a même une rubrique satirique sur Le Monde intitulée "c'était mieux avant" et qui consiste à se moquer des personnes nostalgiques du passé... dont je fais d'ailleurs partie. Le 14/02/2010 à 15:18 Avatar Aurore La nostalgie est au passé ce que l'espérance est au futur... Perclue de mots ayant perdu leur sens,la nostalgie s'arrime à l'existence privée de vie...L'espérance, d'un clin d'oeil complice, lui insuffle un esprit d'avenir Le 14/02/2010 à 14:08 Avatar Anonyme Madame Polony, Vos textes sont toujours admirables, bien écrits et porteurs de sens. On pourrait a priori penser que parler avec nostalgie de la...nostalgie a quelque chose à voir avec la fuite devant la réalité, d'enfermement dans un passé à jamais révolu, disparu, effacé. Mais j'ai plutôt l'impression que c'est une invite à l'action, au retour aux bonnes règles simples mais efficaces, car le présent comme le futur se construisent toujours à partir du passé(certes pas en intégralité)et non en en faisant fi notamment dans ce qu'il avait de meilleur.Si cela avait été possible dans certaines conditions, les mêmes causes produisant les mêmes effets,ça doit rester possible, tout au moins en partie. Le 14/02/2010 à 11:54 Avatar Natacha Polony Cher Johannus Marcus, Vous avez entièrement raison pour ce Loir qui s'écrivait à l'époque Loyre (même si l(orthographe n'en était pas fixée): le souci de clarté ne justifie pas que l'on écorche l'alexandrin. Je vais corriger de ce pas, car le mètre en est un peu perturbé. En revanche, le "cestuy-là" est traditionnellement laissé, même dans les versions modernisées. Pure convention, certes, ou pure coquetterie, mais à laquelle je me suis conformée par habitude.¨ Pour vous remercier, et pour le plaisir, je vous mets ici la version originale... Cordialement Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme cestuy là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d'usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son aage! Quand revoiray-je, helas, de mon petit village Fumer la cheminée: et en quelle saison Revoiray-je le clos de ma pauvre maison, Qui m'est une province, et beaucoup d'avantage? Plus me plaist le sejour qu'ont basty mes ayeux, Que des palais Romains le front audacieux: Plus que le marbre dur me plaist l'ardoise fine, Plus mon Loyre Gaulois, que le Tybre Latin, Plus mon petit Lyré, que le mont Palatin, Et plus que l'air marin la doulceur Angevine Le 14/02/2010 à 11:35 Avatar Régine de Cannabis Je viens d'atterrir sur votre blog "Eloge de la transmission, du joint de culasse, et de la traction avant" et je ne peux, en lisant votre texte, qu'opiner du bonnet. Justement, je parlais, hier, de ce problème avec Camille Pissaro et Caillebotte. Pour Gustave la nostalgie n'est plus ce qu'elle était : "J'ai connu les angelots, l'Angélus, maintenant les engelures, et cette dérive négationniste de la nostalgie m'inquiète. Vous verrez qu'un jour, un politicien lamentable ne proposera plus, à un peuple sans mémoire, que le métissage généralisé, l'oubli en tisane, l'absence en pillule et les soins palliatifs en onguent." Je vous quitte. J'ai rendez-vous, pour papoter, avec Victoria et Charlotte Dubourg. En ce moment, l'époux de Victoria, Henri Fantin-Latour réalise leur portrait. Le 14/02/2010 à 10:32 Avatar Alain Bellemere Madame Polony, vous citez le beau sonnet de la littérature Française de tous les siécles passés. Du Bellay y confie ses regrets, ses ambitions et ses amours; il ajoutera à ses proches que ses vers ont été ses plus sûrs secrétaires. La nostalgie est la cousine du regret perdus tous les deux dans le temps, ils s'apparentent à ceux qui nous inspirent à une musique ou une chanson qui flottent dans l'air et reviennent souvent nous tracasser l'esprit comme une complainte ou une blessure. La nostalgie est aussi un retour à des images d'enfance, des tentatives fugaces, le présent implacable cherche souvent à vouloir effacer les beaux jours de notre vie. Relire, ces poésies posthumes est toujours un plaisir très touchant, comme se tourner vers André Chénier qui de sa prison à la veille de la guillotine écrit encore à son père "l'art ne fait que des vers, le coeur seul est le poète", la nostalgie se mariait avec l'espérance. Le 14/02/2010 à 10:04 Avatar Robert Marchenoir Hahaha, qu'il est con !... La nostalgie, c'est dégueulasse !... Il y en a un qui a osé le dire, franco, comme ça !... Excusez ma vulgarité, mais je me mets au niveau. Et non, il ne s'agit pas seulement d'un regret théorique et littéraire. Bien sûr que c'était mieux avant. Bien sûr qu'il faut se battre pour rétablir les vieilles valeurs. Le 14/02/2010 à 01:06 Avatar Aurore La nostalgie est un sentiment rationnel alors que la mélancolie s'exacerbe dans l'émotionnel Le 14/02/2010 à 00:10 Avatar Anonyme C'est peut-être un aspect mineur, mais on pourrait aussi ajouter qu'en plus de la dimension politique dont elle se retrouve affublée, la nostalgie est profondément liée à la mélancolie. Elle contrevient donc aux normes implicites des comportements contemporains qui voudraient que tout individu de bon goût soit épanoui, joyeux et "festif" ; la mélancolie est devenue une faiblesse qui rend infréquentable... Le 13/02/2010 à 18:57 Avatar Johannus Marcus Bel article, comme tout ce que vous écrivez. Mais, de grâce, ajoutez un "e" à "Loir", sinon il vous manque une syllabe. Et puis pourquoi écrire "cestuy" si vous modernisez l'orthographe des autres mots? Ne m'en veuillez pas pour ces remarques, corrigez ces coquilles, effacez mon message ... et continuez votre lutte pour une véritable et si nécessaire transmission du savoir. Le 13/02/2010 à 18:12 Avatar lux La mélancolie n'est-elle pas le stade aggravé, voire pathologique, de la nostalgie ? Finalement, ce dessinateur a peut-être besoin d'un peu de culture : qu'il se plonge dans les écrivains russes, il découvrira ainsi le sens des mots ! Le 13/02/2010 à 17:59 Avatar Nostal Ghia La nostalgie, pour parler de celle qu'éprouve le mélancolique pour l'objet disparu (par exemple, l'école de son enfance et de son adolescence) n'est pas seulement l' attachement à cet objet disparu à tout jamais, mais l'attachement à sa perte irrémédiable et définitive. En vrai, le nostalgique présente ce paradoxe de porter le deuil qui précède et anticipe la disparition de l'objet. Il suffit pour comprendre ce stratagème dont use le nostalgique qu'il retourne pour de vrai dans le petit village où il est né et dans la petite école où il a été écolier, pour se débarrasser à tout jamais de ce doux sentiment qui enveloppe son âme. La mélancolie a dit quelqu'un est le début de la philosophie. Le 13/02/2010 à 15:22 Avatar goullet bravo Natacha, tout à fait d'accord avec vous! Il y a d'ailleurs nombre de mots ou d'expressions aujourd'hui qui mériteraient comme la nostalgie d'etre défendues et réabilitées par d'aussi clairs talents que le votre! Le 13/02/2010 à 13:42 Avatar Rodolphe DUMOUCH "ceux qui par leur amour d’un lieu, d’un petit geste oublié, d’un visage ou d’une habitude, résistent au lavage de cerveau publicitaire d’une société qui nous vend du bonheur sur écrans plats." En tant que géographe, Claire Mazeron ne vous démentira pas. Le 13/02/2010 à 13:23 Avatar Nicolas "Parce que la nostalgie, c’est quelque chose d’un peu dégueulasse… ». (,,) c’est oublier que la nostalgie, étymologiquement la « maladie du retour », ce regret de la patrie perdue" C'est vous qui ne semblez pas comprendre que les français sont colonisés, que votre journaliste le sait, et REGRET la France des années 60 ou autres, ou les français étaient un peuple et avaient un pays à eux, mais que le dire serait être raciste, que donc il combat en lui ce sentiment, et chez les autres aussi, parce qu'il est dans le camps du Bien. "Une époque qui adule le présent au point d’interdire à quiconque de regretter ne serait-ce qu’une part infime du passé est une époque totalitaire. Ce qu’elle déteste par-dessus tout, ce sont ces mauvais coucheurs qui ne croient pas qu’ils vivent dans les meilleurs des mondes possibles" Idem. Ils sont pour le Progrès depuis 2 ou 300 ans, ont le pouvoir, si vous regrettez le passé, c'est donc que, finalement, le progrès n'en été pas un : inacceptable ! Ca va contre toute leur "éducation". Le 13/02/2010 à 13:15 Avatar Nostal Ghia La nostalgie n'est-elle pas surtout en plus de la douleur délicieuse causée par la proximité de l'ailleurs rétrojeté, ce qui permet de conforter le cynisme objectif de nos contemporains? Cioran: " L'obsession de l'ailleurs, c'est l'impossibilité de l'instant; et cette impossibilité est la nostalgie même". Car enfin, le lien mélancolique à l'Objet perdu (par exemple l'école républicaine d'antan, l'odeur âcre de l'encre violette...)ne permet-il pas de proclamer sa fidélité à des racines ethniques tout en s'insérant pleinement dans l'ordre en marche du monde capitaliste, le nôtre, qui les réduit en miettes? Cette célébration mélancolique de la nostalgie n'est-elle pas en définitive une ruse de la raison cynique postmoderne qui nous permet d'exister au présent, d'aller et venir à nos affaires dans un monde où tout part en fumée, tout en restant fidèle à l'Objet perdu célébré? Et raison encore plus rusée de désigner ceux et celles qui travaillent à débarrasser, présentement et sans états d'âme, ce monde, des inégalités et des injustices, pour de potentiels nostalgiques des totalitarismes? Le 13/02/2010 à 11:11 Avatar Tania Vous me donnez envie de relire Simone Signoret, "La nostalgie n'est plus ce qu'elle était"... Le 13/02/2010 à 10:04 Avatar TAFANI Judith J'ai remarqué cette nouvelle tendance, ce nouveau "mot qui tue". Récemment dans un débat entre A. Finkielkraut et le président d'un syndicat enseignant. Ce dernier a "traité" A.F. de nostalgique car il regrettait que les élèves aient de moins en moins de connaissance. Le 13/02/2010 à 09:24 Avatar zelectron Quelle séduction! un peu amère au fond! vous ne défendez pas la nostalgie vous la rendez en elle-même douce et cruelle telle qu'elle est de toute éternité. Le 13/02/2010 à 07:58 Avatar Aurore La mélancolie exprime le désarroi de l'âme nostalgique, en quête de paradis perdu avant même de l'avoir atteint... Le 13/02/2010 à 00:28 * S'abonner au flux S'abonner au flux de ce blog À propos de ce blog Le titre de ce blog rend hommage à George Steiner, ainsi qu’à tous les maîtres, dans un monde où il est de bon ton de les vouer au même sort que les dieux. La transmission, l’éducation et l’instruction, dans toutes leurs nuances, sont les conditions de la survie de toute civilisation ; ce qui nous prémunit contre la barbarie. Dans ce blog, il sera donc question d’école et de savoirs, de maîtres et de disciples, d’élèves et de professeurs, de parents et d’enfants, de culture et de mémoire… Rechercher ____________________ Rechercher Nuage de tags * collège * compétences * culture générale * Europe * France * féminisme * identité nationale * Islam * laïcité * lecture * Luc Chatel * lycée * morale * Nicolas Sarkozy * parents * professeurs * pédagogie * République * école * éducation Liens * Bonnet d’âne * Je suis en retard * Reconstruire l’école * Néoprofs * Le blog de Marcel Gauchet * Le blog de Pierre Assouline * Causeur * Books * Lucien Jerphagnon * Tous les blogs du Figaro * Le Figaro En librairie * Le pire est de plus en plus sûr, enquête sur l'école de demain, à la FNAC. Le pire est de plus en plus sûr Enquête sur l'école de demain. Natacha Polony, septembre 2011. * Les livres de Natacha Polony à la FNAC. 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