Nostalgie (sentiment)

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La nostalgie est un sentiment de regret des temps passés ou de lieux disparus ou devenus lointains, auxquels on associe a posteriori des sensations agréables. Ce manque est souvent provoqué par la perte ou le rappel d'un de ces éléments passés, les deux éléments les plus fréquents étant l'éloignement spatial et le vieillissement qui représente un éloignement temporel. On a pu diagnostiquer dans la nostalgie sous toutes ses formes le regret de l'enfance.

Origines du concept[modifier | modifier le code]

La nostalgie ou « mal du pays » vient du grec νόστος (nóstos)  : le retour, et ἄλγος (álgos)  : tristesse, douleur, souffrance et désigne souvent une mélancolie accompagnée d'un envoûtement par rapport à des souvenirs liés aux lieux de la vie passée de la personne qui l'éprouve, et notamment aux lieux de son enfance, évoqués à travers une jouissance qui est douloureuse.

André Bolzinger a retracé l'histoire de ce concept créé en 1688 par Johannes Hofer, un médecin alsacien de 19 ans, qui lui consacra une thèse secondaire à l'université de Bâle[1]. La nostalgie est la formulation scientifique du Heimweh, le mal du pays des mercenaires suisses de l'armée de Louis XIV, torturés par le souvenir de la Heimat en entendant le Ranz des Vaches, un air de leur pays[2]. Cette thèse a connu un grand retentissement. Le mot nostalgie entre dans le dictionnaire de l'Académie française en 1835 avec la définition : « Maladie causée par un désir violent de retourner dans sa patrie. ». Durant la Révolution française, Pierre-François Percy, chirurgien dans l'armée républicaine, relève les mêmes symptômes chez les Bas-Bretons[3]. Pour Chateaubriand, vers 1840, il ne s'agit plus d'une maladie mais d'un regret : « La nostalgie est le regret du pays natal »[4].

Variantes[modifier | modifier le code]

D'un point de vue politique, la crispation de certaines sociétés sur leur passé peut devenir particulièrement manifeste quand les évocations d'un Âge d'or passé se font de plus en plus fréquentes.

Raoul Girardet a analysé le caractère amplement mythique de ce dernier thème, que l'on nomme souvent la nostalgie des origines.

D'un point de vue culturel et artistique (notamment poétique et musical) chaque civilisation a ses variantes : blues américain, saudade portugais, скучать russe, dor balkanique, où la nostalgie se mêle de manque, de désir, de regret.

D'un point de vue médical, la nostalgie est aujourd'hui de plus en plus prise en compte comme symptôme possible de la dépression.

La nostalgie peut être caractérisée par plusieurs termes : par exemple « le bon vieux temps », ou bien encore « la belle époque ». La nostalgie évoque toujours un sentiment qui prétend que le passé était toujours mieux, plus agréable, et qui fait fi des données attestant que « le bon temps » n'était pas toujours si beau que cela, et en tout cas pas pour tout le monde...

On nomme ostalgie, par jeu de mots, le regret par plusieurs habitants d'Europe de l'Est de certaines des caractéristiques de leur vie sous le régime communiste (sécurité de l'emploi, du logement...) en dépit du style de vie plus terne qui accompagnait celui-ci. Voir Good Bye, Lenin!.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. André Bolzinger, Histoire de la nostalgie, Paris, CampagnePremière,‎ 2007.
  2. Guy Serge Métraux, Le Ranz des vaches : du chant de bergers à l'hymne patriotique, Éditions 24 Heures,‎ 1984, 159 p., p. 19.
  3. Yves-Marie Bercé, François Lebrun (dir.) et Roger Dupuy (dir.), Les Résistances à la Révolution : actes du Colloque de Rennes (17-21 septembre 1985), Imago,‎ 1987, 478 p., « Nostalgie et mutilations : psychoses de la conscription », p. 175.
  4. François-René de Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, 3 L29 Chapitre 1, page 367 dans l'édition en ligne de la BNF http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1013503/f367.item