PARIS Grande réforme de société du président socialiste François Hollande, la légalisation en France du mariage homosexuel déchire à nouveau l'opposition de droite, sur fond de guerre tactique entre son prédécesseur Nicolas Sarkozy et ses rivaux pour la reconquête du pouvoir en 2017. En campagne pour reprendre dans deux semaines la présidence du parti conservateur UMP, l'ex-chef de l'État (2007-2012) a ravivé les braises en proposant ce week-end d'«abroger» la loi qui a ouvert l'an passé le mariage et l'adoption aux couples de même sexe. -- Mais les critiques n'ont pas été avares non plus à droite, où M. Sarkozy a semé la zizanie jusque parmi ses proches. «On ne va pas rouvrir cette plaie-là, il y a d'autres urgences», a déclaré son ancienne porte-parole Nathalie Kosciusko-Morizet, «pas du tout d'accord avec cette orientation». Selon elle, remettre en cause le mariage homosexuel n'est «ni souhaitable ni possible». «L'idée que deux personnes du même sexe peuvent s'aimer et donc demander à bénéficier d'un statut officiel, le mariage, est communément admise (...) Cette aspiration-là fait partie des acquis et on ne reviendra pas dessus», a renchéri Alain Juppé. -- La société française «a besoin d'apaisement et, pour apaiser, il faut d'abord éviter de ranimer des controverses qui divisent», a-t-il plaidé, reprenant l'argumentaire dimanche du président socialiste François Hollande. Étoile montante de la jeune génération de l'UMP et l'un de ceux à droite qui n'avaient pas voté contre le mariage homosexuel, Bruno Le Maire avait appelé dès dimanche à ne pas «traiter les Français comme des clientèles». Dans une France en crise, la résurgence de la querelle traduit aussi la difficulté pour la droite à bâtir un programme économique alternatif à la politique des socialistes au pouvoir.