Promesse de campagne de François Hollande, le mariage pour les couples homosexuels est entré dans le débat au cœur de l’été suite à la réaffirmation par l’Église catholique française de son opposition à cette mesure. Si le débat agite la sphère politique, et notamment la droite, divisée sur cette question, l’opinion publique se montre largement favorable au mariage homosexuel, 65 % estimant que les couples du même sexe devrait avoir le droit de se marier. Après avoir augmenté entre la fin des années 1990 et le début des années 2000, l’acceptabilité des droits des couples homosexuels reste globalement stable depuis 2004 L’acceptation du mariage homosexuel a augmenté au fil du temps (elle était de 51 % seulement en mai 1995), mais cette hausse de la proportion de Français favorables au mariage homosexuel s’est tassée déjà depuis quelques années. Ainsi, en mai 2004, 64 % des Français étaient déjà favorables à cette mesure, un score comparable à celui d’aujourd’hui. Une majorité des Français accepte également l’adoption par les couples homosexuels (53%), bien que cette question suscite plus de réserves. Comme pour le mariage, l’acceptation de l’adoption a nettement augmenté par rapport au milieu des années 90, où elle était majoritairement rejetée (seuls 39 % des Français y étaient favorables en mai 1995 et 33 % en juin 1996). A l’instar de ce que l’on observe pour le mariage, le soutien à l’adoption pour les couples homosexuels n’a pas véritablement progressé depuis mai 2004. 49 % des Français y étaient alors favorables, un résultat à peine plus faible que celui obtenu aujourd’hui (53%). C’est en janvier 2011 que le plus haut niveau d’acceptation de la mesure a été enregistré (58 %) mais il a depuis reculé. -- Pourcentage de Français favorables au mariage et à l’adoption pour les couples homosexuels (sondages Ifop) L’observation de l’évolution de l’opinion sur ces sujets montre que le soutien augmente lorsque le débat public se concentre fortement sur les questions du droit des homosexuels à former une famille, ce qui a été le cas à deux occasions au cours des dernières années. Le premier événement fut le vote du PACS, en octobre 1999 après des débats passionnels. Les deux sondages conduits avant et après ce débat montrent une forte évolution de l’opinion : en juin 1996, 48 % des Français sont favorables au mariage homosexuel, ils sont 56 % en juin 2000 ; pour l’adoption, le pourcentage de Français favorables passe de 33 % à 37 %, l’effet étant donc beaucoup plus limité sur cette question, voire inexistant, le PACS orientant davantage les débats sur l’union que sur la possibilité d’élever des enfants. Autre moment où les droits des couples homosexuels firent la une de l’actualité, le début de l’année 2004 fut marqué par les discussions autour de la célébration d’un mariage homosexuel à Bègles par Noël Mamère. En mai 2004, un sondage Ifop réalisé juste avant la cérémonie (le 5 juin) indique que 64 % des Français étaient alors favorables au mariage (soit 9 points d’augmentation par rapport à un an auparavant, en juin 2003) et 49 % à l’adoption (soit +12 points). -- En outre, ce positionnement du clergé français s’oppose à l’opinion majoritaire chez les catholiques non pratiquants, qui eux, sont favorables au mariage à hauteur de 61 %. Ils se situent donc dans une position médiane entre les catholiques pratiquants et les Français se déclarant sans religion, massivement en faveur de l’ouverture du mariage aux couples homosexuels (79%). Ainsi, l’Église, par sa réaffirmation de son opposition au mariage homosexuel, se place dans un camp où ses fidèles sont surreprésentés, mais affirme tout de même un choix contraire à celui de près d’un pratiquant sur deux et d’une nette majorité de ceux qui se sont déjà éloignés de l’Église tout en se déclarant toujours catholique. Le risque existe d’une prise de distance accrue de ces fidèles face à une institution affirmant une position apparaissant comme rétrograde. 2. La sympathie partisane Si l’on analyse les résultats en termes de proximité partisane, il apparaît que les prises de position des différents partis recoupent largement l’opinion de leurs sympathisants. Ainsi, alors que les partis de gauche affichent leur soutien au mariage homosexuel, les sympathisants s’y déclarent également très majoritairement favorables (81%), et dans une moindre mesure, approuvent également largement l’adoption (68%). Au MoDem, l’adhésion est moins franche mais tout de même largement majoritaire (66% pour le mariage, 60 % pour l’adoption). -- 3. L’âge Le clivage d’âge joue également particulièrement sur cette question de l’extension des droits familiaux aux couples homosexuels. Les plus jeunes sont massivement en faveur du mariage (81 % des 18-24 ans et 77 % des 25-34 ans). A l’inverse, les générations nées avant 1945 s’opposent majoritairement au mariage homosexuel (seuls 44 % des Français âgés de plus de 65 ans l’approuvent). Les 35-49 ans (69%) et les 50-64 ans (62%) y sont, quant à eux, majoritairement favorables. De la même manière, les deux tiers des moins de 35 ans (66%) approuvent l’adoption, 56 % des 35-49 ans, 50 % des 50-64 ans et seulement 37 % des plus de 65 ans. -- 4. La catégorie socioprofessionnelle Un dernier élément mérite d’être souligné : les différences par catégorie socioprofessionnelle. Alors qu’on entend souvent dire que le mariage homosexuel constitue une mesure sociétale, encline à plaire particulièrement aux « bobos » mais pouvant éloigner les classes populaires de la gauche, les résultats de ce sondage incitent à relativiser très largement ce discours : 73 % des cadres et professions intellectuelles approuvent le mariage homosexuel, soit à peine plus que les employés (72%) et les ouvriers (69%), qui y sont donc également très majoritairement ouverts.