24 HEURES - Le dimanche 25 janvier 2015

Uruguay: Tabaré Vazquez revient au pouvoir

30/11/2014 17h22 - Mise à jour 30/11/2014 17h22

Tabaré Vazquez est allé voter à Montevideo, le 30 novembre 2014.
Photo Miguel Rojo / AFP

MONTEVIDEO - Tabaré Vazquez a été élu dimanche président d'Uruguay avec plus de 53% des votes selon les premières estimations, revenant au pouvoir après avoir été le premier dirigeant de gauche du pays, avec un regard critique sur la légalisation du cannabis.

Ce cancérologue de 74 ans aurait obtenu 53,9% des voix, selon les sondages de sortie des bureaux de vote de l'institut de sondages Factum, tandis que l'institut Cifra lui accorde 53,5% et un troisième, Equipos Mori, 53% des voix.

Son opposant du Parti national (centre-droit), Luis Lacalle Pou, 41 ans, est crédité de 40,6% à 42% des voix, selon les mêmes instituts.

Tabaré Vazquez, qui avait présidé le pays de 2005 à 2010, prendra ses fonctions le 1er mars prochain.

Il devra faire face, d'une part, au ralentissement économique qui touche la région et, d'autre part, à ses propres réticences face à la loi-phare de l'actuel chef de l'État, José Mujica, légalisant depuis décembre 2013 la marijuana sous contrôle de l'État.

Dans ce pays de 3,3 millions d'habitants où le vote est obligatoire sous peine d'amende, 2,6 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes, cinq semaines après le premier tour qui était associé à un scrutin législatif.

Déjà assurée de garder sa majorité parlementaire, la coalition de gauche du Frente Amplio (FA) entame aussi un troisième mandat consécutif, après ceux de Tabaré Vazquez puis de José Mujica, dit «Pepe», célèbre pour son franc-parler contre la société de consommation et son mode de vie humble.

Tabaré Vazquez a voté dimanche matin dans le quartier populaire de La Teja, dans l'ouest de Montevideo, déclarant dans un large sourire: «je ne veux pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué».

«Il pleut mais c'est toujours beau de voter et même s'il semble que Tabaré va gagner largement, on ne peut pas se relâcher, il ne faut pas qu'il manque un seul vote au Frente Amplio», témoignait Juan Carlos Rodriguez, électeur de 65 ans.

José Mujica s'était montré très confiant: «je crois que le peuple uruguayen va prendre une décision qui est déjà annoncée par les sondages», avait-il assuré, en déposant son bulletin dans le quartier modeste du Cerro, dans l'ouest de la capitale.

Cancérologue

Au premier tour le 26 octobre, Vazquez avait recueilli 47,8% des suffrages, devant Lacalle Pou (30,9%), député et fils d'un ancien président.

Tabaré Vazquez aura la lourde tâche de succéder, avec un style plus classique, au truculent José Mujica.

Ce dernier a fait adopter des lois très progressistes pour l'Amérique latine comme la légalisation de l'avortement, du mariage homosexuel et du cannabis, sujets sur lesquels Tabaré Vazquez n'a pas toujours été d'accord, opposant notamment son véto à la loi sur l'avortement.

Cancérologue n'ayant jamais cessé d'exercer, même quand il était président, Tabaré Vazquez s'était illustré pendant son mandat par de très sévères lois anti-tabac, qui avaient valu au pays un procès du fabricant de cigarettes Philip Morris.

Il déconseille fortement la consommation du cannabis, jugeant «incroyable» sa possible vente en pharmacie, prévue dans la loi, et a déjà assuré qu'il mettrait en place «une évaluation stricte de l'impact de cette loi sur la société».

Le candidat s'est engagé à porter «une attention particulière» à l'éducation, aux infrastructures et la sécurité, trois thèmes-clés de la campagne, dans ce pays parmi les plus riches et sûrs d'Amérique latine.

Il a aussi promis d'organiser «une grande rencontre nationale sur les thèmes qui importent le plus aux Uruguayens comme l'économie, le social, la politique, pour que nous tous dessinions l'Uruguay du futur».

Même si le pays affiche une bonne santé économique, avec un chômage faible, le futur président devra toutefois appliquer la rigueur, alors que l'ensemble de la région ralentit et que le pays affiche un déficit budgétaire et une inflation élevés.

 
 

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