Ils ne peuvent plus échapper aux comparaisons. Toute la semaine dernière, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé ont monopolisé l’attention médiatique, l’un à coups de meetings à Lambersart et à Troyes - et une interview au Figaro Magazine - l’autre sur le plateau de Des paroles et des actes. L'occasion pour eux de distiller leur programme et leurs idées, même si leur agenda est (pour l'instant) décalé. L'ancien Premier ministre est en effet officiellement lancé dans la course à l’Elysée en 2017. L'ex-chef de l'Etat, lui, avance progressivement ses pions, en se focalisant, dans un premier temps, sur la prise de l'UMP. En attendant mieux.

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Sur le style, on le sait, tout oppose ceux présentés comme des "amis-ennemis" vieux de 30 ans. Alors qu’Alain Juppé se place volontiers en "sage" au-dessus de la mêlée, Nicolas Sarkozy, lui, a fait de son style "bulldozer" une véritable marque de fabrique, que les deux ans qui viennent de s'écouler loin du pouvoir sont loin d'avoir entamé. Mais sur le fond ? Les récentes prises de position de l'un ou de l'autre ont-elles souligné une véritable différence entre les deux hommes ? Oui et non...

35h, retraite, fonction publique : de nombreux points communs

Sur l'âge de départ à la retraite, par exemple, Nicolas Sarkozy veut (encore) le repousser. "C'est une évidence", explique-t-il dans son entretien fleuve au Figaro Magazine le 3 octobre dernier. Sur le plateau de Des paroles et des actes, jeudi 2 octobre, Alain Juppé a assuré vouloir repousser "progressivement" l'âge de départ à 65 ans, à l'horizon 2020.

Sur la délicate question des 35 heures, Nicolas Sarkozy a assuré la semaine dernière vouloir les assouplir et permettre des dérogations aux entreprises qui le souhaitent : "Je propose que les entreprises qui voudraient sortir des 35 heures par une négociation interne à l'entreprise puissent le faire". Même son de cloche du côté d'Alain Juppé qui a expliqué à la télé vouloir "sortir du carcan des 35 heures".

Si les deux hommes veulent revenir au non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, Nicolas Sarkozy va cependant un peu plus loin. La semaine dernière, il a évoqué un contrat de 5 ans dans la fonction publique qui mettrait ainsi fin au statut du fonctionnaire "à vie".

Juppé "ne souhaite pas" revenir sur le mariage pour tous

Sur le mariage homo, Alain Juppé, contrairement à Nicolas Sarkozy lors de son interview sur France 2 fin septembre, a été clair : il "ne souhaite pas" revenir dessus. En ce qui concerne la PMA ou la GPA, qui agitent le débat autour du mariage homosexuel – entre 70.000 et 500.000 opposants à la loi Taubira sont descendus dans la rue ce dimanche – "Nicolas Sarkozy et Alain Juppé disent la même chose [hostilité à la GPA, statu quo sur la PMA, ndlr] mais l’ancien chef de l’Etat le dit d’une façon plus conflictuelle", souligne Thomas Guénolé, politologue interrogé par metronews.

Autre point commun partagé avec les deux hommes : leurs démêlés avec la justice. Alors que le nom de Nicolas Sarkozy est cité dans de nombreuses affaires, Alain Juppé, égratigné par Nicolas Sarkozy sur sa condamnation dans l’affaire des emplois fictifs de la ville de Paris, a récemment prévenu : "En matière d'ennuis judiciaires, vaut mieux pas se livrer à un match, hein !"

L'épineuse question du Front national

En revanche, pour l'heure, deux sujets au moins distinguent Alain Juppé de Nicolas Sarkozy. Alors que le maire de Bordeaux s'en tient au principe de précaution concernant l'exploitation du gaz de schiste et prône la prudence mais pas l'interdiction totale, Nicolas Sarkozy a opéré un spectaculaire revirement en se déclarant récemment en faveur de leur exploitation, après avoir interdit la fracturation hydraulique qui permet de les exploiter. 

A un niveau plus politique, le vrai point de clivage entre les deux hommes touche à la question (épineuse) du Front national. Un parti "d’extrême droite xénophobe" et un "adversaire" pour Alain Juppé. Des qualificatifs jamais entendus dans la bouche de l'ancien président qui y voit, lui, un terrain de reconquête.