Bibliothèque Qui sommes-nous être informé Auteurs ____________________ OK Sommaire N°2 Mai 2002 Alain SIONNEAU Avant-propos Investir : la Bourse ou la pierre Préambule André BABEAU L’immobilier résidentiel : un actif efficace de diversification des patrimoines Sandrine BENAÏM Jean-Michel BOUSSEMART Le logement à Paris, un placement gagnant sur cent ans Guy MARTY Financiarisation de l’immobilier : vers un nouvel équilibre Benoit FAURE-JARROSSON La pierre cotée, atouts et limites Alain LAMBERT Les obstacles à l’investissement logement Gildas de KERHALIC Revenir à des règles simples et durables Bernard COLOOS L’amélioration de la rentabilité de l’immobilier par la TVA à 5,5 % dans le logement Solveg LORETZ Raphael BRAULT La titrisation immobilière : se financer autrement ? Marie-Laure DIMON L'argent et les liens sociaux François de WITT Le risque ou la sécurité ? Défense et illustration du patrimoine industriel Préambule Bernard REICHEN Donner une nouvelle place au patrimoine industriel Yves DAUGE Regarder comme un bien précieux tout ce qui a été construit Gilles NOURISSIER Transformer, une nouvelle discipline de la continuité urbaine Norbert MÉTAIRIE Une école d'arts dans un quartier à vocation maritime à Lorient [DIMON.jpg] Marie-Laure DIMON Psychanalyste, thérapeute de couple et membre du Collège international de psychanalyse et d’anthropologie. L'argent et les liens sociaux Pour la psychanalyse, l’argent fait partie des mythes fondateurs de notre société. Si l’investissement est par définition un acte narcissique, le désir d’appropriation d’un bien immobilier est moins « pulsionnel » que le placement boursier. Investir est toujours un acte éminemment narcissique et tout humain est contraint à investir les autres pour vivre, et aussi créer des liens sociaux. L’argent sera donc ce moyen privilégié, ce mode d’expression, ce langage. Aussi se prête-t-il mal à la neutralité. La soif de richesses, le désir d’accumulation de biens, constituent une des principales caractéristiques de l’espèce humaine. Certains diront que l’argent représente la liberté, la sérénité, le plaisir, la jouissance, le pouvoir et particulièrement le pouvoir sur les autres. D’autres évoqueront le malheur, la discorde, la jalousie, les rivalités, les passions. D’autres, moins nombreux, en parleront comme d’une nécessité qui doit circuler, un moyen d’échanger et de communiquer entre les hommes. L’argent fait partie des mythes fondateurs de notre société. C’est une valeur universelle et un « convertisseur universel ». S’il doit rester abstrait, il peut donner une valeur marchande, un prix à chaque chose. Toutefois, il en reste certaines qui sont « au-delà du prix ». Cet « au-delà du prix » met une limite à l’argent, au « tout est possible ». Cette limite donne à l’argent une valeur éthique et implique le renoncement aux pulsions. Sinon, le « tout est possible » devient un équivalent du tout pouvoir, du meurtre par la domination, la violence du désir absolu de tout posséder avec pour objectif l’anéantissement de l’autre, la destruction des liens sociaux. Actuellement, du fait de la mondialisation, les individus sont plus nomades, voire isolés et déracinés. Mais ils expriment aussi plus facilement leurs envies de devenir fortunés sans les contraintes de l’idée du péché et du tabou. Quand on n’a plus de territoire, que l’on a perdu ses racines, il faut bien se situer dans une terre d’asile : l’argent peut en faire office. Il devient alors sécurisant et donne un moyen d’entrer en contact avec les autres. L’individu peut choisir le profit et son unique plaisir. Il fait alors de l’argent – l’argent roi. Dans le monde du web, de l’internet, l’argent s’est dématérialisé, virtualisé, et paradoxalement s’impose