#Salve Regina (fr) Flux Atom de Salve Regina La doctrine de l'Église sur l'argent De Salve Regina. Aller à : Navigation, rechercher Doctrine sociale de l'Église Auteur : Arnaud Delassus Source : Revue Action Familiale et Scolaire n° 96 Date de publication originale : Août 1991 __________________________________________________________________ Difficulté de lecture : ♦♦ Moyen Sommaire * 1 La doctrine de l’Eglise sur l’argent + 1.1 Introduction + 1.2 1 – Division de la doctrine de l’Eglise sur l’argent + 1.3 2 – Principes généraux o 1.3.1 Une mesure stable de la valeur des choses o 1.3.2 Par lui-même, l’argent n’est pas producteur + 1.4 3 – L’usage personnel de l’argent o 1.4.1 Le simple prêt o 1.4.2 Le prêt à intérêt o 1.4.3 Définition et condamnation de l’usure o 1.4.4 Les titres pouvant justifier l’intérêt tiré d’un prêt o 1.4.5 L’usure et les confesseurs o 1.4.6 Justification de la doctrine traditionnelle telle qu’elle est exposée par saint Thomas + 1.5 4 - L’argent dans la vie sociale et politique o 1.5.1 - Une doctrine méconnue o 1.5.2 - Points essentiels de la doctrine o 1.5.3 - Extraits de l’encyclique Quadragesimo anno + 1.6 5 – Conclusion La doctrine de l’Eglise sur l’argent Introduction En cette année du centenaire de Rerum novarum et du soixantième anniversaire de Quadragesimo anno, les prises de position des papes Léon XIII et Pie XI sur les formes modernes de l’usure et sur la domination de l’économie et de la politique par les maîtres de l’argent méritent d’être mises en relief. Rappelons les textes : « Une usure vorace est encore venue s’ajouter au mal (de la destruction des anciennes corporations). Condamnée à plusieurs reprises par le jugement de l’Eglise, elle n’a cessé d’être pratiquée, sous une autre forme, par des hommes avides de gain, d’une insatiable cupidité ».^[1] « Ce pouvoir (économique discrétionnaire) est surtout considérable chez ceux qui, détenteurs et maîtres absolus de l’argent, gouvernent le crédit et le dispensent selon leur bon plaisir. Par là, ils distribuent en quelque sorte le sang à l’organisme économique dont ils tiennent la vie entre leurs mains, si bien que sans leur consentement nul ne peut plus respirer ».^[2] Dans la suite du texte, Pie XI souligne deux conséquences du pouvoir discrétionnaire des maîtres de l’argent sur l’économie : - la « déchéance du pouvoir politique (…) tombé au rang d’esclave et devenu le docile instrument (…) de toutes les ambitions de l’intérêt ». - l’ « internationalisme ou impérialisme international de l’argent, funeste et exécrable, pour lequel là où est la fortune, là est la patrie ». Cette double caractéristique des temps modernes : le développement de l’usure sous de nouvelles formes, la domination de l’économie et de la politique par les puissances d’argent a été reconnue aussi bien par des hommes de finance et des hommes politiques (trop peu nombreux hélas !) que par des doctrinaires de ces deux disciplines. Nous en citerons quelques-uns : René de la Tour du Pin (1889) : « Le siècle actuel porte la marque de l’usure et mérite d’en conserver le nom ».^[3] Charles Maurras (1925) : « L’Etat moderne a vendu ou loué son être aux banquiers ».^[4] V. C. Vickers (1939) : « La démocratie est en danger parce que le gouvernement démocratique lui-même est asservi aux intérêts des groupes qui dominent la finance et qui ont le pouvoir d’infliger à la nation une crise financière s’ils prévoient que va être mise en place une législation défavorable à leurs intérêts particuliers ».^[5] Maurice Allais (1978) : « Alors que pendant des siècles l’Ancien Régime avait préservé jalousement le droit de l’Etat de battre monnaie et le privilège exclusif d’en garder le bénéfice, la République démocratique a abandonné pour une grande part ce droit et ce privilège à des intérêts privés. Ce n’est pas là le moindre paradoxe de notre époque ».^[6] Les considérations qui précèdent apportent une réponse partielle