Sommaires CS Christ Seul n° 1051 Christ Seul n° 1050 Christ Seul n° 1049 Christ Seul n° 1048 Christ Seul n° 1047 Tous les sommaires Menu Général Accueil Présentation Abonnements Annuaire Catalogue Agenda BLOG CHRIST-SEUL Liens Contacts Mon compte Rechercher ______________________ valider Abonnement CS Abonnez vous en ligne au journal Christ-Seul pour le recevoir chez vous : !! cliquez ici !! Chemins de paix 9 CHRIST SEUL N°961 Stimuler Décembre 2006 L’affaire Dreyfus Patriotisme et nationalisme : deux mamelles... Habitant dans la ville de naissance du célèbre capitaine qui plus est à deux pas de la rue qui porte son nom, mon intérêt a été émoustillé ces derniers temps par les leçons à tirer de « l’Affaire Dreyfus ». Eglise d’Altkirch LES FAITS Un jeune et brillant capitaine de l’armée française est accusé de haute trahison : il aurait transmis des documents secrets à l’Allemagne ennemie. Le 22 décembre 1894, il est reconnu coupable à l’issue d’une parodie de procès. Il cumule en effet deux tares : il est alsacien et surtout, il est juif. Dans le mois qui suit, il est dégradé puis déporté à l’Ile du Diable. En 1898, convaincus de son innocence et ayant découvert le vrai coupable, sa famille, quelques amis dont Zola dans son célèbre article « J’accuse », provoquent un nouveau procès où ils demandent la révision de celui de Dreyfus. Tout au long de ce procès « Zola », leur désir de faire éclater la vérité affronte l’obscurantisme des militaires qui se réfugient derrière le secret de la défense de la nation pour protéger le vrai coupable. Les plus abjects sentiments antijuifs s’étalent dans la presse nationaliste et dans les rues de Paris. Il faudra cinq années de lâches atermoiements, de secousses politiques et d’arguties juridiques interminables pour que soit révisé son procès et encore trois ans supplémentaires pour que Dreyfus soit pleinement réhabilité le 12 juillet 1906. QUELLES LEÇONS ? Quelles leçons tirer de cette histoire ? Elles sont multiples. Les livres d’histoire expliquent que l’affaire Dreyfus a, en France, jeté les fondements de la justice et de l’État de droit : transparence, présomption d’innocence, débat contradictoire sur la validité des preuves, droits de la défense..., ingrédients qui ont fait cruellement défaut lors de ce procès. Le rôle noble de ce qu’on a appelé pour la première fois « les intellectuels » face à une opinion publique enflammée de sentiments antijuifs a aussi été souligné. Force est de reconnaître qu’ils n’ont pas réussi à extirper ce démon de l’antisémitisme qui refera tristement surface lors du deuxième conflit mondial de l’Histoire. NATIONALISME, PATRIOTISME ET GUERRES... Cependant, une autre leçon mérite notre attention : qui ne voit en effet que le nationalisme croissant de l’époque a aussi été le terreau sur lequel s’est enracinée la Grande guerre qui a meurtri l’Europe quelques années après ? Dreyfus lui-même est resté loyal à cette armée jusqu’au bout ; il serait un exemple de vrai « patriote ». Après un siècle de recul, la prétendue différence entre patriotisme et nationalisme a quelque chose de dérisoire. Comme dans l’affaire Dreyfus, les états-majors et les services de renseignements seront de 1914 à 1918 les instruments funestes de ces deux idéologies et conduiront les jeunes par millions à la boucherie des combats. Aujourd’hui encore, dans notre pays, il existe des tribunaux d’exception et la « défense de la nation » et la « grandeur de la France » sont des « causes supérieures » autorisant des manoeuvres troubles de par le monde. Quelle sera la position des disciples de Celui qui, en affirmant que son Royaume n’est pas de ce monde, a relativisé toutes les appartenances nationales ou ethniques ? Une réalisation Net Ambition © 2006