Nouvelle-Europe in English Nouvelle Europe - L'Europe au sens large ! * Accueil * Idées + Dossiers + Etudes + Nouvelle Europe : débats + Séminaires * Géographie + L'UE cartes en main + Au Nord + Au Sud - Turquie + Balkans + CEI - Russie + Est-Ouest + Europe centrale + Etats baltes * Politiques + Institutions + Politiques européennes * Opinions + Opinions d'Europe + Contrechamps * Blog + Actualité + S(t)imulation : Conseil Européen 2010 * Euréchos Albert Camus : le pari du patriotisme européen Rédaction Paris Par Tanguy Séné — Lundi 30 décembre 2013 | Tags : France, Europe de l'Est Albert Camus : le pari du patriotisme européen Tweet IFRAME: http://www.facebook.com/plugins/like.php?href=http://www.nouvelle-europ e.eu/albert-camus-le-pari-du-patriotisme-europeen&layout=button_count&s how_faces=false&width=200&action=like&font=verdana&colorscheme=light&he ight=21 Imprimer Pour citer cet article : Tanguy Séné, “Albert Camus : le pari du patriotisme européen”, Nouvelle Europe [en ligne], Lundi 30 décembre 2013, http://www.nouvelle-europe.eu/node/1774, consulté le 23 janvier 2015 Écrivain, résistant, intellectuel engagé, philosophe de l'absurbe : on connaît bien Albert Camus sous toutes ces étiquettes. Mais trop peu est dit sur le penseur incisif de l'Europe qu'il était devenu à l'aube de la Communauté européenne. Solidaire des réfugiés espagnols comme des dissidents d'Europe centrale et orientale, visionnaire des solidarités économiques et politiques futures et de la réunification démocratique du continent, il a aussi exprimé très nettement la possibilité d'un patriotisme européen coexistant avec tous les autres. Entre deux guerres mondiales : retour sur une éducation européenne Albert Camus naît en 1913 en Algérie française, où il passera son enfance et sa jeunesse dans un milieu pauvre, et ses origines le mettent déjà en prise avec la fureur de l'histoire européenne. Il vient d'une famille d'immigrés français d'Alsace sous domination allemande (doublement exilé, donc); avant même qu'il atteigne sa première année, son père fait partie des premiers soldats tués au front de la Première Guerre mondiale, en octobre 1914. Il grandit donc aux côtés de sa mère analphabète et sous l'influence bienveillante de son oncle, boucher et amateur de littérature, qui l'aide à fournir sa bibliothèque et occasionnellement à gagner de l'argent. Sa trajectoire comme écrivain, journaliste et philosophe commence à la faveur de deux évènements marquants : sa rencontre avec l'instituteur Louis Germain à l'école communale, qui le prend sous son aile et le pousse à entrer au lycée (véritable illustration de l'ascenseur social de la IIIème République); le diagnostic de sa tuberculose qui le contraint, lui le joueur prometteur du Racing universitaire d'Alger, à abandonner peu à peu le football. Par la suite, c'est encore la tuberculose qui l'empêche de présenter l'agrégation de philosophie après ses études à l'université d'Alger: il s'oriente donc après 1936 vers le journalisme et l'écriture, qui le feront connaître en France et dans le monde. Homme de gauche, membre du Parti communiste algérois (PCA) de 1935 à 1937, membre puis rédacteur en chef du petit journal Alger républicain (où il dénonce l'exploitation coloniale), l'engagement de Camus dans les années 1930 est internationaliste et pacifiste. Il ne s'implique pas dans les débats intellectuels sur l'Europe à cette époque, et l'espace qui le fascine est celui de la Méditerranée (solaire, maritime, sensuelle). L'entrée dans la Seconde Guerre mondiale puis l'Occupation bouleversent ses idéaux. “Mon pays parle au nom de l'Europe” : le défi difficile d'un patriotisme sans nationalisme Comme Camus l'expliqua à l'université Columbia en 1946, l'entrée dans la guerre brisa les espoirs pacifistes de toute une génération, la sienne : “ils sont entrés, en effet, dans la guerre, comme on entre dans l’Enfer, s’il est vrai que l’Enfer est le reniement. Il n’aimaient ni la guerre ni la violence ; ils ont dû accepter la guerre et exercer la violence.” De fait, l'écrivain entra dans la Résistance, enseignant d'abord dans un cours privé à Oran pour les élèves victimes des lois antijuives, puis devenant rédacteur en chef du journal clandestin Combat, qui devient l'organe de presse du Mouvement de libération nationale. Sous une fausse identité, il y mène une activité à haut risque (en juin 1944, l'imprimeur André Bollier et toute son équipe sont tués suite à un encerclement par la Gestapo). Mais dans ses Lettres à un ami allemand, publiées dans diverses revues de la Résistance, il remplace peu à peu le combat d'une nation contre une autre (la France contre l'Allemagne) par la lutte de l'Europe contre le nazisme (une civilisation contre une idéologie). Pourquoi l'Europe référence d'un résistant français ? La troisième de ses lettres montre clairement que son changement d'angle est le contrecoup et la réplique à une entreprise hitlérienne de dimension européenne (empire organisé autour de la Grande Allemagne du IIIème Reich, fait de protectorats comme la Pologne ou la Bohême-Moravie, d'États vassaux, alliés, occupés, neutres). En défendant la France libre, il défend aussi chacun des pays européens qui forment de fait une communauté de destin. Aux Allemands nazis, Camus reproche une confusion de vocabulaire : “[v]ous dites Europe, mais vous pensez terre à soldats, grenier à blé, industries domestiquées, intelligence dirigée.” Il en donne une autre vision, qui ne se réduit à aucune essentialisation de l'histoire (la tradition chrétienne “n'est qu'une de celles qui ont fait l'Europe”): l'Europe est “cette terre de l'esprit où depuis vingt siècles se poursuit la plus étonnante aventure de l'esprit humain”. Mais le redimensionnement européen doit aussi éviter l'écueil de lier des idéologies à des peuples, il doit en désarmorcer les mémoires belliqueuses. Camus le souligne dans la préface italienne d'une édition d'après-guerre : “[c]e sont deux attitudes que j'oppose, non deux nations, même si, à un moment de l'histoire, ces deux nations ont pu incarner deux attitudes ennemies” - non pas donc les Français contre les Allemands, mais les Européens libres contre le nazisme. Contrairement à ce qui motive le nationalisme nazi, défendre sa patrie n'implique pas de rejeter ou dominer les autres : “j'aime trop mon pays pour être nationaliste”. Peut-être peut-on préciser cette défense d'un patriotisme non chauvin par une déclaration dans le Combat du 29 octobre 1944 : “[l]e patriotisme n'est pas une profession […] il est une manière d'aimer son pays qui consiste à ne pas le vouloir injuste, et à le lui dire”. Plus tard, dans des textes éclatés qui poursuivent la réflexion européenne des Lettres à un ami allemand (articles de journaux, conférences, L'homme révolté), Camus affirmera la possible coexistence d'appartenances patriotiques - dépassement précoce de l'antagonisme nation/construction européenne. L'année même de la signature du Traité de Rome qui institue la Communauté économique européenne (1957), il répond à un journaliste qu'il croit appartenir à une patrie européenne : "Oui, j’ai conscience de cette Europe et je crois qu’elle préfigure notre avenir politique. Je le crois d’autant plus que je me sens mieux français. Personne plus que moi n’est attaché à sa province algérienne et je n’ai pas de peine cependant à me sentir inscrit dans la tradition française. J’ai donc appris, aussi naturellement qu’on apprend à respirer, que l’amour de la terre natale pouvait s’élargir sans mourir. Et finalement, c’est parce que j’aime mon pays que je me sens européen". Peu d'écrivains ont rendu avec autant de clarté ce sentiment. Médaillé de la Résistance française qui avait vécu l'époque des nationalismes exacerbés, Camus ne voyait pourtant pas l'attachement à la terre natale s'éroder au contact de nouvelles solidarités transnationales. Pour lui, l'Europe était “[s]a plus grande patrie”, sans être la seule. * 1 * |2 * * » Albert Camus : le pari du patriotisme européen Publier un nouveau commentaire Votre nom : ______________________________ E-mail : ______________________________ Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement. 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