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Marine Le Pen : « Cette campagne s'annonce comme une grande et belle bataille »

>Elections>Election présidentielle>Election présidentielle - Candidats|Olivier Beaumont et Valérie Hacot @olivierbeaumont et @vhacot1|08 janvier 2017, 7h00 | MAJ : 08 janvier 2017, 7h42|

La donne a changé pour la candidate FN à la présidentielle. Marine Le Pen a perdu ses deux meilleurs ennemis : Nicolas Sarkozy et François Hollande.

LP/OLIVIER CORSAN
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Olivier Beaumont et Valérie Hacot @olivierbeaumont et @vhacot1
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LE FAIT DU JOUR. Marine Le Pen est entrée en campagne plus tôt que prévu. Elle présentera son programme début février mais, pour notre journal, elle en dévoile les grandes lignes.

« Ce sera une campagne courte, rien ne commencera avant début février », professait il y a quelques mois, tranquille et sûre d'elle, Marine Le Pen. A l'époque, la bataille Sarkozy-Juppé trustait l'actualité de la primaire de la droite, François Hollande réfléchissait encore à la manière dont il allait s'y prendre pour se présenter à un second mandat et Emmanuel Macron n'avait encore rien dit de ses ambitions élyséennes. Depuis, l'eau a bien coulé sous les ponts : François Fillon est devenu, à droite, le nouveau leadeur incontesté, la gauche s'est organisé une primaire et Macron affole les sondages. Du coup, la patronne du FN a revu ses plans pour ne pas rester plus longtemps tapie dans l'ombre de l'actualité.

Depuis une semaine, revoilà donc Marine Le Pen ! Mardi matin sur RMC et BFMTV, le lendemain au milieu d'une centaine de journalistes à l'occasion de ses voeux, vendredi dans l'Eure pour évoquer la disparition des services publics en milieu rural, et même hier dans de Loir-et-Cher, où elle a visité la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux. Un lancement de campagne sur les chapeaux de roues. « J'avais des fourmis dans les pattes », nous confie-t-elle. « Il devenait surtout urgent que l'on parle de Marine autrement que pour ses ennuis judiciaires », admet, avec une pointe d'ironie, un cadre frontiste. Jeudi encore, celle dont toutes les campagnes électorales depuis 2012 sont dans le viseur de la justice, a appris que le parquet ouvrait une enquête judiciaire pour abus de confiance et escroquerie en bande organisée, faux et usage de faux, puis travail dissimulé, dans l'affaire des assistants parlementaires du FN. « C'est une persécution politique », accuse-t-elle, drapée dans ses habituels habits de victime. Pour Marine Le Pen, le chemin est encore long, même si elle est bien placée pour figurer au second tour de la présidentielle dans un contexte général toujours plombé par la menace terroriste, un chômage élevé et, surtout, un rejet croissant de la classe politique. La donne a aussi changé, d'autant qu'elle a parallèlement perdu ses deux meilleurs ennemis : Nicolas Sarkozy et François Hollande. Quant aux électeurs, ils ont démontré ces derniers mois qu'ils aimaient aussi déjouer les pronostics.

 

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Vous aviez annoncé votre entrée officielle en campagne pour le mois de février. Mais vous êtes déjà de plain-pied dedans. Pourquoi avez-vous accéléré le rythme ? A cause de la victoire de François Fillon et de la primaire de la gauche ?
Marine Le Pen.
Je ne me détermine pas par rapport aux événements extérieurs. Je sens qu'il est temps d'entrer en campagne. Et puis j'ai envie d'y aller, j'étais impatiente. Aujourd'hui, nous sommes au début de l'année, c'est le bon moment pour démarrer. Même si le lancement officiel reste effectivement programmé pour février, avec mon projet présidentiel que je rendrai public.

C'est donc que ça vous démangeait ?
J'avais des fourmis dans les pattes, je grattais le sol du sabot. Depuis un an, je suis un peu en retrait pour préparer cette campagne, mais aussi le quinquennat. C'est un gros travail de fond qui nécessite du recul, énormément de rencontres. Mais je suis une femme active, j'aime l'action, et donc cette action me manquait. D'autant que cette campagne s'annonce comme une grande et belle bataille avec une importance particulière pour le pays.

Vous concentrez toutes vos attaques sur François Fillon. Pourquoi parler autant de lui au lieu d'insister sur vos propres propositions ?
Lorsque nous connaîtrons le candidat socialiste, nous aurons tout le loisir d'exprimer les désaccords que nous avons avec son programme. Mais, en l'état, nous avons deux candidats : M. Macron, dont personne ne sait quel est le projet — c'est donc assez difficile d'émettre une critique contre un projet qui n'existe pas — et M. Fillon. Après son élection à la primaire de la droite, son programme est apparu dans toute sa brutalité. En cela, le projet de François Fillon est presque symbolique du choix que les Français auront à faire.

C'est-à-dire ?
La question, aujourd'hui, c'est de savoir si on se soumet à l'Union européenne, à l'austérité, à l'effondrement du système de protection sociale, à une politique déflationniste telle qu'elle est exigée par l'Europe. Ou est-ce qu'on fait le choix, qui est le mien, de la souveraineté, de l'adaptation des réformes politiques aux besoins de l'économie, en rompant totalement avec cette politique d'austérité que nous considérons profondément dévastatrice.

François Fillon affirme que son programme radical permettra de sauver notre système de santé. Que proposez-vous pour assurer l'avenir de la Sécu ?
Avec Fillon, le système de santé mourra soigné. Moi, je veux qu'il vive ! Nous prenons en charge un nombre considérable de personnes qui, à mon sens, n'ont pas vocation à bénéficier de ce système de solidarité nationale. C'est la raison pour laquelle nous plaidons pour la suppression de l'aide médicale de l'Etat. C'est aussi pour cela que nous proposons un délai de carence pour tous les étrangers qui viennent travailler dans le pays. Ils devront cotiser quelques années avant de pouvoir accéder aux bénéfices de la protection sociale et de la solidarité nationale dans son ensemble. J'y inclus d'ailleurs l'école gratuite.

Il faut aussi engager un bras de fer avec les laboratoires pharmaceutiques


Vous revenez sur le tiers payant généralisé ?
Je suis plutôt opposée au tiers payant généralisé. On fait peser sur les médecins une gestion administrative considérable, et cela engendre un coût. Mais je ne veux pas créer de la perturbation sur la perturbation. Il sera assez facile de dresser le bilan de cette réforme. Et si ce bilan est négatif, et je pense qu'il le sera, de revenir dessus.

Quelles sont vos autres pistes d'économies pour la Sécu ?
La mise en oeuvre d'une véritable politique de lutte contre la fraude sociale. On sait qu'il y a un nombre considérable de fausses cartes Vitale en circulation. Avec l'instauration de la carte Vitale biométrique, ce problème, je le règle en trois mois ! Il faut aussi engager un bras de fer avec les laboratoires pharmaceutiques. Le prix de certains médicaments est déterminé non pas en fonction de leur coût de production, mais par rapport au niveau de remboursement appliqué dans le pays où ils sont commercialisés. Je suis aussi pour la démultiplication des médicaments génériques et pour la vente de médicaments à l'unité.

Concrètement, comment fait-on pression sur les laboratoires ?
Comment fait-on pression sur Ford ? Parfois, c'est juste une question de volonté politique !

Justement, vous vous réjouissez de la décision de Ford de rapatrier ses activités aux Etats-Unis... En France, vous faites comment pour aboutir au même résultat ?
Le protectionnisme fait l'objet d'une caricature. On nous explique qu'on va mettre des murs, tout taxer... Tout cela est évidemment stupide. Je défends un protectionnisme intelligent, piloté par un Etat stratège. En clair, si nous décidons de recréer une industrie dans un domaine, on expliquera aux entreprises concernées que les droits de douane augmenteront progressivement durant une période de cinq ans. Cela leur permettra de s'organiser, le temps de rapatrier leurs activités.

Les Français ne sont pas d'accord avec la manière dont l'Etat dépense l'argent



Vous avez des entreprises dans votre viseur ?
Oui, mais je ne suis pas encore élue et donc pas en capacité de mettre ces entreprises autour de la table. En contrepartie de ce protectionnisme, je leur proposerais le patriotisme économique.

Vous êtes souverainiste. Mais comment est-ce possible avec une dette publique de plus de 2 100 Mds€, en grande partie détenue par des investisseurs étrangers ? Comment réduire cet endettement ?
Il faut recréer les conditions de la création d'emplois et de richesses. Pour relancer un cercle vertueux économique, nous allons mettre en oeuvre une série de mesures : le patriotisme économique, le protectionnisme intelligent et surtout le retour à notre souveraineté monétaire. L'euro est un obstacle majeur au développement de notre économie.

Vous ne proposez donc aucune réforme structurelle de l'Etat ?
Ce qui excède les Français, c'est qu'ils ne cessent de voir leurs impôts augmenter et le service qui leur est rendu se déprécier. On parle souvent du consentement à l'impôt. Mais aujourd'hui, on a un problème de consentement à la dépense. Les Français ne sont pas d'accord avec la manière dont l'Etat dépense l'argent. Ils pensent que cet argent ne doit pas être dépensé dans l'immigration massive, ni pour financer une Union européenne dont les décisions sont systématiquement néfastes pour eux. Enfin, ils pensent que la décentralisation a été gérée de manière totalement anarchique. C'est pour cela que je propose la suppression des régions.

Vous allez diminuer le nombre de fonctionnaires ?
Le nombre de fonctionnaires a énormément augmenté dans la fonction publique territoriale. En parallèle, on se retrouve avec un déficit de personnel dans un certain nombre de services de l'Etat. J'appelle donc à un rééquilibrage. Je ne vais pas dire « il faut en supprimer tant », cela n'a pas de sens. Je n'ai pas une vision comptable des choses, j'ai une vision politique. Je n'entends pas m'avancer sur des licenciements de fonctionnaires territoriaux. Je propose de les redéployer. Et si un problème de surnombre persiste, on agira sur le curseur du non-remplacement des départs à la retraite.

Le plus grave, c'est le niveau de notre école



Reviendrez-vous sur la réforme des rythmes scolaires ?
Personne n'est content de cette réforme. A un moment donné, quand on fait une réforme et que les parents, les établissements scolaires et les municipalités ne sont pas contents, je pense en effet qu'il faut tout remettre sur la table.

Si vous êtes élue, vous mettrez ce sujet sur la table dès le début de votre quinquennat ?
L'école sera une priorité, mais les rythmes scolaires ne me semblent pas être le sujet le plus important. Le plus grave, c'est le niveau de notre école et le niveau insuffisant de transmission des savoirs de nos fondamentaux. C'est un énorme problème. De surcroît, il faudra supprimer le collège unique et avoir une vraie vision et une vraie organisation de l'apprentissage.

Pour l'apprentissage, vous proposez quoi ?
On sait quel peut être son apport dans l'entrée dans le monde du travail. Je suis donc pour l'abaissement de l'âge d'entrée dans l'apprentissage à 14 ans, contre 16 aujourd'hui. Mais encore faut-il que le niveau de l'école soit redressé pour qu'à 14 ans les savoirs transmis aux enfants soient suffisants pour leur permettre d'avoir un vrai bagage de connaissances. Il faudra donc en amont remettre le paquet sur le primaire, avec un système qui permette à chaque enfant d'avoir ses acquis fondamentaux à la fin de ce cycle.

Contrairement à François Fillon, vous ne toucherez pas aux 35 heures ?
Je suis pour la négociation par branches et non pas par entreprises. Sinon cela va créer les conditions d'une concurrence nationale déloyale. On pourra donc, en fonction de ces négociations, travailler 39 heures, mais payées 39 ! Je suis à ce propos complètement opposée à la loi El Khomri, que j'abrogerais car elle est très néfaste.

Vous dites que « l'union des droites est un fantasme ». C'est une manière de répondre à votre nièce, Marion Maréchal-Le Pen, qui fait le pari inverse ?
Mais je ne réponds à personne ! Sur ce sujet, je n'ai jamais changé d'avis. Comme je ne crois pas à la fracture gauche-droite. Pour moi, c'est une fracture artificielle, qui a pu exister par le passé, mais qui aujourd'hui ne représente plus rien. Fillon est censé être de droite et Macron est censé être de gauche, et pourtant sur tous les grands sujets ils sont d'accord. Or, pour moi, la différence est entre les nationaux et les post-nationaux, autrement dit les mondialistes. Et dans le cadre de ces nationaux, il peut évidemment y avoir des gens de gauche.

Comme qui ?
Jean-Pierre Chevènement, par exemple. Il est clairement sur la rive des nationaux.

Et Henri Guaino, c'est une personnalité de droite qui vous interpelle ?
Il y a incontestablement des points d'accords entre son analyse, ses convictions et les nôtres. Après, est-ce suffisant pour participer à un mouvement patriote !?... C'est à lui qu'il faut poser la question. Mais Henri Guaino est un patriote, il est attaché à la souveraineté. Même s'il n'a pas mis en oeuvre ses idées quand il était au pouvoir...

Où en est-on dans les chicayas entre Marion Maréchal-Le Pen et Florian Philippot ?
Il y a eu une chicaya, et c'est déjà terminé ! Qu'il y ait des différences de sensibilités entre différents cadres du Front national, c'est tout à fait normal. Plus le Front national grandi et plus on va trouver des gens qui par leurs parcours auront des priorisations des sujets qui seront peut-être différentes. Mais sur le fond, ils partagent exactement la même vision. Il ne faut pas se raconter d'histoires ! Il y a peut-être chez nous des gens qui ont des caractères forts, mais il y a largement moins de différences aujourd'hui entre Florian et Marion qu'il n'y en avait en 1995 entre Madelin et Séguin. Ça n'a pas empêché Jacques Chirac de gagner la présidentielle.

Si vous êtes élue en mai, quel sera votre premier déplacement à l'étranger ?
Je me rendrai à Bruxelles pour démarrer immédiatement la négociation permettant de rendre aux Français leur souveraineté.

 

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« Sur les finances de campagne, je suis sereine »

 

 

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