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L’immense cohorte des trépassés qui se débrouillèrent, jusqu’à nous, avec la tension, la nervosité, l’agitation intérieure, la fièvre et le tracas mais aussi avec la peur, l’angoisse, l’anxiété, le trac, la crainte, la panique, l’inquiétude, le trouillomètre à zéro ou le souci - salement malmené lui aussi, le pauvre («OK, ça marche, y a aucun souci»). Et l’oppression ? L’oppression est foutue, elle aussi, je crois bien. «Malgré son apparent dédain pour les noires prédictions d’Armand, la duchesse était en proie à une véritable terreur. A peine l’oppression morale et presque physique sous laquelle la tenait son amant cessa-t-elle lorsqu’il quitta le bal.» C’est du Balzac. En ces âges farouches, la duchesse ne le pouvait pas, car le terme n’existait pas, mais aujourd’hui elle serait stressée. Son amant la stresserait. Stress, stress, stress. Tout est stress, aujourd’hui. Je mets au défi quiconque ne soit pas un ermite de ne pas le lire ou de ne pas l’entendre lors des prochaines vingt-quatre heures. Le stress est né en 1963, dans un dictionnaire médical : «agression de l’organisme par un agent physique, psychique, émotionnel entraînant un déséquilibre qui doit être compensé par un travail d’adaptation». Depuis, éliminant tout synonyme, il a colonisé la langue telle une algue tueuse de Méditerranée. Qu’arrive-t-il à une mère, au moment de faire ses courses au supermarché ? Elle est stressée, à cause des troubles du comportement de son fils hyperactif. Si des marathoniens de Paris n’arrivent pas sur les lieux une heure avant le départ, que se passera-t-il pour eux ? Ils seront stressés. Ils rateront leur course. Dommage. Une femme est dépendante des psychotropes. Pourquoi ? Parce que, la pauvre, elle a mal surmonté le stress, après la mort de son mari. Et la naturothérapie, qu’en pensez-vous de la naturothérapie, mmh ? Rien ? Voilà pourtant une excellente manière de gérer son stress. Des difficultés pour arrêter de fumer ? La faute au stress, selon les services propagandistes de Tabac Info Service (appel gratuit depuis un fixe). Après l’accident de Fukushima, les centrales nucléaires françaises ont subi des stress tests. Lors d’un tour du monde à la voile, «c’est la vitesse, le facteur d’insécurité et de stress permanent». Loïck Peyron l’a rappelé opportunément après sa dernière victoire. Et puis, on épargne du stress en ouvrant un compte à la banque Machin. «Pour les gens qui recherchent une qualité de vie certaine, avec une douceur de vivre, dans une ambiance déstressée, relaxante, la Thaïlande est ce qu’il y a de mieux.» On l’a appris au Salon des seniors 2012. «Nous sommes très stressés et nous préférons continuer nos études indéfiniment au lieu de se lancer sur le marché du travail.» C’est une manifestante espagnole qui l’affirmait, avec l’accent, au printemps dernier. Pourquoi Jean-Pierre Adams, ce footballeur plongé dans le coma depuis trente ans, paraît-il si jeune sur son lit de douleur ? Parce qu’il n’a pas subi le soleil, le froid, le chaud, ni le stress. C’est son kiné qui l’atteste. «Un individu qui est sous stress a des décharges d’adrénaline et il est souvent résistant aux gaz incapacitants», explique un ancien du Raid après la mort de Mohamed Merah. «Monsieur Hollande, est-ce que vous êtes stressé, ou pas, avant votre débat avec M. Sarkozy ?» demande un journaliste au futur président alors qu’il va pénétrer dans les studios. Attention, ces derniers temps, l’affaire s’est corsée. Pour peu qu’un stress se répète trop souvent et patatra, voici que nous guette le redoutable burn out, cette sorte de stress au carré. Jean-Paul Delevoye, l’ancien médiateur de la République, lance un cri d’alarme dans son dernier livre : «La France est en état de burn out.» Burn out… On n’aurait pas pu dégoter dans les six volumes du Robert de la langue française quelques vocables aptes à désigner le phénomène en question avec la plus impeccable précision ? Ah oui ? Et mon uk, c’est du poulet ? Certains proposent «épuisement psychique» pour traduire l’expression, mais sans doute cette formule pâtit-elle d’une trop grande clarté ? Pourquoi, d’abord, autant de prévention contre les burnes d’août ? Une brève enquête d’oreiller, pardon : une brève enquête de terrain - oh, à laquelle nous ne prétendrons certes pas donner la rigueur scientifique d’un sondage mais qui permet de prendre le pouls de l’opinion, dans sa composante féminine, à un instant T - une brève enquête de terrain auprès de ces dames nous apprend au contraire qu’elles plébiscitent les burnes d’août, au détriment des burnes de novembre, déprimées pour cause de luminosité insuffisante, ou des burnes de février, rabougries par les frimas hivernaux. Vivent les burnes d’août, gonflées de pulpe tels les abricots dorés au soleil, juteuses comme des pêches mûries dans la Provence de Giono ! Un moment, j’ai interprété la fortune du mot stress et de son corollaire burnoutien comme la manifestation lexicale de l’hypercompétition féroce et répugnante qui sévit aujourd’hui dans chaque domaine de l’existence, telle une multitude de microguerres qui se jouent en permanence à l’intérieur des individus, laissant l’âme dévastée dans une enveloppe charnelle presque intacte. Je comprends ma lamentable erreur quand une jeune femme, qui occupe dans son entreprise un poste à responsabilité, m’assure qu’elle est crevée, OK, mais bon, elle va pas se plaindre parce que c’est du bon stress. Depuis, j’ai appris que les saumons d’élevage sont stressés s’ils sont trop nombreux dans leurs filets sous-marins. Ou qu’au zoo de Vincennes, actuellement en rénovation, les girafes ont été préparées «au stress des travaux». Quand le stress frappe aussi les girafes, inutile de chercher un sens : il n’y en a plus. Le mot est devenu la maladie. Exercice de décontamination mentale : chaque fois que surgit le stress, je veux dire que l’intrus monte aux lèvres, refuser paresse mimétique et psittacisme tentateur, effectuer une gymnastique intellectuelle, un retour sur soi, un pas de côté intérieur, approfondir la réflexion et l’analyse du sentiment éprouvé pour l’enrichir d’une signification plus nuancée, plus personnelle - plus humaine, en somme. Pour cesser d’être à nous-mêmes nos propres Jivaros réducteurs de têtes, pour en finir avec le stress. Matthieu Jung Ecrivain partager tweeter Vous êtes abonné à Libération Le journal d'aujourd'hui * découvrir le sommaire * lire l'édito * feuilleter * s'abonner à partir d'1€ Offre 100% numérique: 1 € le premier mois Le journal du jour en exclusivité et le journal de demain avant tout le monde Voir les offres d’abonnement partager tweeter Aucun commentaire Dans le dossier «Tribunes» * Dans une salle du Capitole, à Washington. 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