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Management : comment se désintoxiquer des modèles

Isaac Getz, professeur à l’ESCP-Europe, est un spécialiste du concept d’« entreprise libérée ». Il publie ses chroniques sur la rubrique « Emploi » du Monde.fr. Il développe l’origine de l’usage des modèles en entreprise et l’intérêt qu’elles auraient à s’en libérer.

Le Monde | | Par

« La Liberté, ça marche ! », d’Isaac Getz (Flammarion, 2016, 372 pages, 22 euros).

Bâtir une organisation de travail idéale soulève chez un patron d’entreprise de nombreuses questions : Par où commencer ? De quoi ai-je besoin ? Comment procéder ? Ces questions sont légitimes. Mais se poser des questions doit-il pour autant immédiatement orienter un patron vers la recherche d’un modèle tout prêt et d’une recette pour le mettre en place ?

Beaucoup d’immeubles qui nous entourent se ressemblent, beaucoup de restaurants offrent les mêmes plats. Certes, cette offre ordinaire a sa place, mais ni l’architecture ni la cuisine ne seraient admirées si elles n’existaient pas en tant que phénomènes culturels et s’il n’y avait pas des créateurs qui ont inventé leurs propres solutions. La « cuisine d’auteur » en témoigne, aussi bien que ces immeubles « d’architecte » qui arborent le nom de leur créateur sur leur fronton.

Le modèle minimise l’implication du patron

Mais à la différence des architectes et des chefs cuisiniers, rares sont les patrons qui imaginent bâtir l’organisation de leur entreprise sans un modèle et une méthode pour la mettre en place. Bien sûr, il est très utile d’avoir des modèles dans les domaines des SI (systèmes d’information) ou de la « Supply Chain » [chaîne logistique]. Mais peut-on et doit-on tout modéliser dans l’entreprise ?

Sommes-nous à ce point les suiveurs inconditionnels de Taylor ? C’est bien lui, persuadé de la toute-puissance de l’approche scientifique des modèles dans l’entreprise, qui a convaincu Harvard de lancer le premier MBA de l’histoire en 1908.

Il sera tentant d’accuser les MBAs...