Le retour gagnant de Robert Carsen à l’Opéra de Lausanne
Partager
Tweeter
Culture
édition abonné

Le retour gagnant de Robert Carsen à l’Opéra de Lausanne

Trente ans après ses débuts en 1987, le metteur en scène canadien signe un Orfeo de Monteverdi joyeux, sombre et épuré.

Le Monde | • Mis à jour le | Par

Une scène de « Orfeo » à l’Opéra de Lausanne avec Nicolas Courjal et Fernando  Guimarães.

C’est avec l’Orfeo de Monteverdi que le metteur en scène canadien Robert Carsen a renoué avec ses débuts à l’Opéra de Lausanne en 1987, marqués par son Ariane à Naxos de Richard Strauss. Si étonnant que cela puisse paraître au regard de la centaine d’opéras montés par le Canadien depuis trois décennies, il n’avait jamais abordé cette « favola » de 1607, que la postérité estampillera comme le premier opéra de l’histoire de la musique. Le mythe d’Orphée et d’Eurydice est connu. Un serpent dans l’herbe des noces de la nymphe et du fils d’Apollon, et le drame survient. Le poète à la lyre n’aura de cesse de retrouver celle qu’il aime jusque dans les Enfers. Mais il la perdra à tout jamais pour avoir enfreint sur le chemin du retour la loi de Pluton : ne pas se retourner.

Sol noir jonché de fleurs multicolores pour la joie des épousailles, fuligineux miroir du désespoir quand stagne la barque de Charon, enfin terres glacées et ciel de neige pour l’errance et la « mort » terrestre d’Orphée, les décors sobres de Radu Boruzescu cultivent la force de l’épure. Une sobriété concentrée que renforce le remarquable travail de Carsen sur les lumières. Ainsi cet assombrissement progressif au cours de la fête nuptiale alors que...