Par Jean-Claude Paye, sociologue
Après que les autorités américaines ont annoncé une amende de 14 milliards de dollars (12,5 milliards d’euros) à l’encontre de la Deutsche Bank à la suite de l’affaire des subprimes, le cours de l’action de la plus importante banque d’affaires européenne a atteint son niveau le plus bas depuis trente ans. Elle avait déjà perdu plus de la moitié de sa valeur depuis le début de l’année.
La valeur boursière de la banque ne correspond actuellement plus qu’à un tiers de ses fonds propres. La dernière chute a été causée par le transfert massif de fonds de hedge funds (fonds spéculatifs) vers d’autres institutions. Les marchés s’inquiètent de l’exposition de la banque dans les produits dérivés, à hauteur de 46 000 milliards de dollars. Ils estiment que la Deutsche Bank serait difficile à renflouer.
Capacités de résistance surévaluéesCette banque avait pourtant réussi les stress tests destinés à mesurer le manque en capital des établissements bancaires européens en cas de crise, dont les résultats ont été communiqués par l’Autorité bancaire européenne le 29 juillet.
Le scénario retenu par l’Autorité bancaire pour ce test était celui d’une récession de l’économie de l’Union européenne pendant une période de trois ans commençant fin 2015, soit une situation moins grave que la crise financière de 2008. La Deutsche Bank aurait obtenu, à l’issue de ce scénario, un ratio de fonds propres de 7,8 %, supérieur au taux de 5,5 % obtenu au test de 2015 – mais le test n’intégrait pas les amendes imposées...