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Le drone, double inversé de l’attentat

Le magistrat Antoine Garapon et le juriste Michel Rosenfeld publient le 5 octobre « Démocraties sous stress » (PUF). Une pensée neuve et radicale sur les vieilles démocraties confrontées au terrorisme. Extraits.

Le Monde | • Mis à jour le

Un drone de reconnaissance de l’armée américaine.

Analyser les défis posés par le terrorisme mondial et la « béance démocratique » qu’il induit dans de vieilles démocraties qui surréagissent, tel est l’objectif de « Démocraties sous stress » (PUF), paru mercredi 5 octobre. Une pensée neuve et radicale signée Antoine Garapon, secrétaire général de l’Institut des hautes études sur la justice (IHEJ), et Michel Rosenfeld, professeur titulaire d’une chaire de droits fondamentaux et ­directeur de théorie constitutionnelle ­comparée à New York. Lemonde.fr en publie un extrait.

La théorie de la guerre préemptive consiste à attaquer avant que l’autre ne vous attaque : ce fut la justification de l’intervention américaine en Irak en 2003. C’est donc une guerre qui repose non seulement sur une estimation mais sur un pari, car l’on ne peut jamais avoir la certitude du comportement d’un adversaire avant qu’il n’ait agi. L’art de la guerre a toujours requis la faculté d’anticiper mais, dans notre cas, elle est mobilisée dans le déclenchement de la guerre elle-même. L’initiative de la guerre devient un jeu d’anticipation et un pari sur l’avenir – à l’image d’un échange boursier.

La théorie de la guerre préemptive a également inspiré une solution pour combattre cette nouvelle forme de terrorisme : la pratique des assassinats ciblés. C’est ainsi que l’armée française est suspectée d’avoir délibérément bombardé en Syrie, dans la nuit du 8 au 9 octobre 2015, un camp d’entraînement de Daech dans lequel se trouvaient un grand nombre de ses ressortissants. Ce même objectif justifie l’assassinat de terroristes...