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Angoisse, stress, anxiété: Comment arrêter de faire des crises de panique?

Par Caroline Franc Desages, publié le , mis à jour le
Mettre des mots sur ce qui nous angoisse est une première étape pour se défaire de ce malaise.

Mettre des mots sur ce qui nous angoisse est une première étape pour se défaire de ce malaise.

Getty Images/iStockphoto

S'il est une émotion qui semble de plus en plus partagée, c'est bien celle-ci: l'angoisse. Stress au travail, difficulté à gérer sa vie amoureuse ou à tout mener de front, l'anxiété reste pouernr difficile à décrire et à reconnaître. Résultat, on a parfois du mal à admettre en être victime. Pourtant, pour s'en défaire, rien de tel que d'en parler.

Difficultés à s'endormir, irritabilité, tendance à voir tout en noir, perte d'appétit ou à l'inverse compulsions alimentaires: les symptômes de l'angoisse ont ceci de particulier qu'ils diffèrent d'une personne à l'autre et nous induisent souvent en erreur quant à ce qui nous affecte réellement dans la vie. Comment apprendre à identifier et à gérer cet état de stress qui nous étreint sans que l'on comprenne toujours bien pourquoi? Comment distinguer un léger stress passager d'une anxiété profonde ou de la véritable crise d'angoisse paralysante, également appelée "crise de panique"? Surtout, comment apprivoiser ce mal-être, s'en défaire pour retrouver plus de sérénité? Quels sont les ressorts sur lesquels travailler pour enfin aller mieux durablement? 

Un état dont on est rarement conscient

Si le sujet fait souvent la une des magazines et l'objet d'innombrables études, "les personnes atteintes d'une angoisse vraiment symptomatique en sont rarement conscientes", observe Catherine Serrurier, auteur de l'ouvrage Dépasser son angoisse. "Il y a quelque chose de honteux à l'admettre, à avouer ce qui peut être considéré comme une faiblesse", analyse-t-elle. Paradoxe s'il en est de notre société de l'information en continu, qui nous assaille de nouvelles plus anxiogènes les unes que les autres, tout en multipliant les injonctions au bonheur et à la performance.  

Résultat, on parle beaucoup du stress comme du mal du siècle, "mais beaucoup pour les autres, rarement pour soi", note encore Catherine Serrurier. Pourtant, poursuit-elle, "mettre des mots sur ce malaise latent est un préalable pour aller mieux". La psychologue constate que "l'angoisse est souvent décelée par les proches, qui remarquent des modifications de comportement": insomnies alors que le sujet dormait bien jusque là, sautes d'humeurs soudaines, manque d'entrain, appréhensions multiples et variées, relatives notamment à la vie professionnelle mais pas exclusivement, etc. 

Ecouter ses proches et éviter le déni

Il est alors important d'entendre cet entourage préoccupé, même si le premier réflexe consiste souvent à se réfugier dans le déni. Plus facile d'invoquer une fatigue passagère, une mauvaise grippe qui tarde à se soigner ou un coup de mou saisonnier. "J'ai longtemps prétendu que 'ça' n'était rien", témoigne Cécile, 37 ans, chargée de communication débordée et mère de deux jeunes enfants. "Il y a deux ans, j'ai commencé à me plaindre souvent de migraines, à très vite m'énerver sur mes enfants. Je me réveillais en pleine nuit en sueur, je partais au travail avec la boule au ventre. Mais quand mon mari suggérait que j'étais angoissée et qu'il fallait peut-être consulter, j'étais sur la défensive. Je préférais mettre tout cela sur le compte d'une vie un peu trop trépidante et attendre que ça passe."  

Jusqu'au jour où Cécile, à force de ne pas écouter les signaux envoyés par son organisme "craque en réunion". "J'ai commencé à me sentir oppressée, je ne pouvais plus respirer, j'ai cru à la crise cardiaque. Je voulais parler mais je n'y parvenais pas, mon coeur battait affreusement vite, c'était terrifiant." Arrivés sur place, les pompiers la rassurent: "mon coeur allait très bien, mais en revanche je venais de faire une crise de panique et ça n'était pas rien, il fallait peut-être enfin regarder la vérité en face, je ne pouvais plus continuer comme ça." 

Attention cependant, prévient Catherine Serrurier, "la crise d'angoisse est à différencier d'un état angoissé. C'est un événement limité dans le temps, assorti de symptômes physiques tels qu'une sensation d'étouffement, une tétanie des muscles et une impression, souvent, de mort imminente. Elle peut survenir chez des personnes souffrant d'anxiété, mais aussi chez les dépressifs ou dans certaines formes de psychose." Autrement dit, tous les angoissés chroniques ne passent pas par un tel épisode critique. "Une crise d'angoisse, lorsqu'elle est très forte, se calme souvent à l'aide de médicaments, ajoute Catherine Serrurier. Mais si l'on n'a pas cela sous la main, il faut tenter de respirer le plus calmement possible, de parler, ou même de chanter. Tout ce qui peut détendre les muscles de la cage thoracique est bon à prendre".  

Consulter pour identifier les causes de l'angoisse

D'une manière générale et même lorsqu'elle ne débouche pas sur une attaque de panique, "l'angoisse parvient rarement à disparaître sans un accompagnement", souligne la psychologue. A partir de quand consulter? Lorsque cela prend le pas sur le reste et nous empêche de vivre comme avant, répond-elle. "Il ne s'agit pas de combattre toute forme d'anxiété ou de peur, prévient Catherine Serrurier. Ces émotions font partie de la vie, elles nous alertent souvent de certains dangers bien réels. Mais lorsqu'elles sont excessives et envahissantes, il est bon d'essayer d'en trouver la cause." 

Des causes qui parfois n'ont rien à voir avec ce que nous pensions. Après sa crise d'angoisse, Cécile a entamé une thérapie. "Alors que j'étais convaincue d'être stressée par mon boulot et la difficulté de combiner vie professionnelle et personnelle, j'ai finalement compris que mon mal-être remontait bien plus loin. Que la naissance de mon fils, assez difficile, avait fait resurgir une peur de la mort très ancienne et ancrée en moi depuis le décès de ma grand-mère lorsque j'étais enfant." "Il est assez fréquent qu'un deuil soit à l'origine d'une angoisse latente. La culpabilité peut être également une source d'anxiété, or souvent elle peut remonter très loin dans l'enfance", explique Catherine Serrurier.  

Travailler sur le présent mais aussi le passé

Cette dernière travaille avec ses patients autour de deux axes. Dans un premier temps, l'analyse du présent, pour essayer d'identifier les événements qui ont pu déclencher ces symptômes. "Parfois ils sont assez évidents, il peut s'agir d'un deuil, d'un problème relationnel au travail, mais il faut en parler pour s'en rendre compte". Second axe, le passé, parce que parfois, une culpabilité qui prend ses racines dans la petite enfance, comme celle de ne pas avoir été désiré, d'avoir été à l'origine de la séparation de ses parents, peut expliquer une angoisse très forte une fois adulte. 

D'une manière générale, il n'y a pas de mode d'emploi ou de solution toute faite pour se défaire des angoisses. Certains préféreront se tourner vers des thérapies comportementalistes permettant de venir plus vite à bout de certains malaises, d'autres vers la méditation, l'acupuncture ou le yoga. "Il ne faut pas opposer ces différentes approches mais plutot les considérer comme complémentaires", estime Catherine Serrurier. Une chose est certaine conclut-elle: la parole est "souvent libératoire". "La pleine conscience est aussi une très bonne approche", ajoute-t-elle, "ne serait-ce que parce qu'encore une fois, l'état s'améliore souvent lorsque l'on prend conscience de cette angoisse". 

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13 commentaires

candy48

candy48

personnellement je suis très seule ayant perdu mon mari il y a 7 ans et j'ai perdu ma chienne l'année passée et j'ai repris un chiot et je n'ose le sortir toute seule a cause der mes angoisses car je ne veux pas lui porter l'angoisees je suis une thèrapie mais n'y rien fais..je suis désespérée comment faire pour me sortir de cet enfer

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Alain Astouric

Alain Astouric

Il existe maintenant non seulement une liste des principaux risques psychosociaux (sources de stress et de mal-être au travail) mais aussi une formation à la Conduite des hommes qui pourrait résoudre bien des problèmes. On les trouve ici http://astouric.icioula.org/

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milanne

milanne

Pour moi c'est simple, je suis d'une nature plutôt angoissée mais comme je suis une amie des bêtes, depuis que je suis bénévole dans un refuge animalier SPA, je suis beaucoup moins angoissée, moins stressée. Dès que j'arrive au refuge, les animaux me font la fête, dès que je le peux, j'e promène plusieurs chiens, tenus en laisse et ils raffolent de promenades. La marche me fait beaucoup de bien et je me sens vraiment heureuse de partager ces promenades avec ces chiens, une bouffée d'oxygène et d'air pur. de plus, en étant bénévole dans ce refuge, je n'ai plus de temps de déprimer car les tâches ne manquent pas et puis je rencontre des gens formidables parmi les bénévoles; toutes générations confondues.

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ST JEAN DE LUZ

ST JEAN DE LUZ

Une chose paraît certaine, c'est que le tourbillon de la vie actuelle entre travail, famille et urgence de toute chose à fait de nous tous des malades, se sont les psys qui se régalent.

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Oisilloncool

Oisilloncool

J'ai connu quelqu'un qui avait souvent des crises d'angoisse. Ce qui est difficile, c'est d'être à l'écoute de ces personnes car le plus souvent, quoique l'on dise, elles ne vous écoutent pas et les gens, ensuite, laissent tomber.

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supernath33

supernath33

le stress et l'angoisse, voilà un cocktail bien explosif... quand on a du mal à mettre des mots sur nos maux, il y a encore d'autres moyens de se faire aider en plus de ceux mentionnés dans l'article comme l'hypnose, la sophrologie, le massage de relaxation, etc... j'ai connu les attaques de panique lors d'une hospitalisation (je suis phobique des aiguilles), sur le moment j'ai vraiment cru mourir... je n'en souhaite à personne ! ce jour là, seul un comprimé a réussis à me détendre alors que je ne suis pas forcément pour ce genre de recours en général... courage à tous ceux qui traversent tout ça !

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supernath33

supernath33

le stress et l'angoisse, voilà un cocktail bien explosif... quand on a du mal à mettre des mots sur nos maux, il y a différents moyens de se faire aider comme l'hypnose, la sophrologie, le massage de relaxation, la méditation, etc... j'ai connu les attaques de panique lors d'une hospitalisation (je suis phobique des aiguilles), sur le moment j'ai vraiment cru mourir... je n'en souhaite à personne ! ce jour là, seul un comprimé a réussis à me détendre alors que je ne suis pas forcément pour ce genre de recours en général... courage à tous ceux qui traversent tout ça !

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emalle

emalle

La souffrance est générée par l'ignorance et la méconnaissance de soi.

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emalle

emalle

La question est bien posée, et la réponse est dans la question même. Nous n'avons pas une bonne connaissance de la nature humaine. Je rejoins M. Michel Anfray en ce que les psys sont fondamentalement incompétents, personne n'est aussi bien qualifié pour le faire à notre propre place. " Connais-toi, toi-même ", disait Socrate. Le but ultime de l'humain est de connaîre sa nature profonde et de se réaliser. Tout ce qui s'inscrit dans notre ADN est définitif, et nous n'avons pas autre choix, que de l'accepter ou à le rejeter...

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Lemotina32

Lemotina32

@Sculder :Bonjour Sculder Là je dois reconnaître que vous avez raison, sans compter tous les ennuies quotidien qui se rajoutent, mais il faut malgré tout avancer sinon ?? CDLT lemotina

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Sculder

Sculder

@Lemotina32 : Et encore , comme vous dîtes , parfois les démons du passé resurgissent au moment de s'endormir , lorsque l'on relâche ses défenses conscientes ! Il y a bien une personne qu'il est difficile d'évitée ou de combattre : nous même !

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Lemotina32

Lemotina32

Pour s'en défaire, il ne faudrait pas penser, être des automates, impossible sinon être en vacances tout au long de l'année , et encore !

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