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« A l’adolescence, l’aspect émotionnel prend le pas sur le rationnel »

Etre séduit à 15 ans par le djihad n’est qu’un des exemples, parmi les plus graves, de la prise de risque inhérente à cet âge de la vie, explique la psychiatre Marie-Odile Krebs.

Le Monde | • Mis à jour le | Propos recueillis par

Plusieurs jeunes Français de 15 ans ont été mis en examen ces dernières semaines, soupçonnés de vouloir mener des attaques djihadistes. Si les affaires de ce type restent ­exceptionnelles, la volonté de passage à l’acte et la prise de risque n’en sont pas moins typiques de l’adolescence. La psychiatre et chercheuse Marie-Odile Krebs, chef de service à l’hôpital Sainte-Anne, à Paris, évoque les spécificités de cette période très particulière de la vie, durant laquelle le cerveau est en plein développement.

Quelles formes peuvent prendre la prise ­de risque et le passage à l’acte à l’adolescence, ­cet âge « de tous les possibles » ?

La prise de risque, ce peut être prendre une voie en sens interdit, rouler en scooter sans casque, sauter à l’élastique : autant de choses qui témoignent du ­besoin de sensations. Les jeunes sont en général plus impulsifs et en quête d’aventures que les adultes. Ils mesurent moins les conséquences de leurs actes. Non pas qu’ils ne les connaissent pas, mais ils ne les posent pas comme un frein à l’expérience : ils les gomment, se disent qu’eux ne risquent rien.

Ils se sentent globalement moins vulnérables que les adultes. Le passage à l’acte, lui, est une rupture avec le fonctionnement habituel. L’adolescent peut être agressif contre lui-même, jusqu’à la tentative de suicide. Ou bien contre les autres, visant alors à ­détruire les personnes ou les biens. Cette conduite déviante peut être aggravée sous l’emprise de substances, ou dans le cas d’une personnalité instable.

Cette sorte...