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    Harcèlement : petite peine pour Soral

    Par Tristan Berteloot

    Le pamphlétaire d’extrême droite Alain Soral a été jugé mardi au tribunal de grande instance de Paris dans une affaire de harcèlement pour laquelle le parquet avait requis contre lui, fin octobre, six mois de prison ferme. Il n’a écopé que de 6 000 euros d’amende et 5 000 euros de dommages et intérêts. Fin octobre, devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, la victime, Binti Bangoura, jeune femme noire, a raconté le calvaire vécu durant près de deux ans parce qu’elle a osé dire «non» à l’auteur de la Sociologie du dragueur. Binti Bangoura a fait la connaissance d’Alain Bonnet, dit Soral, le 3 mars 2014.

    Ddass. A l’époque, la jeune femme habite à Los Angeles. Hôtesse d’accueil et mannequin, on l’a entrevue dans une émission de télé-réalité, Top Model 2005, en une du Monde 2 ou dans un clip de Yannick Noah, Métis(se). Elle enchaîne les missions et tente de percer dans la musique. Elle a un projet «patriote», le Rêve français, une série de chansons que cette enfant de la Ddass d’origine guinéenne voudrait à la gloire de l’Etat français.

    Les vidéos de Dieudonné commencent à l’intéresser. De fil en aiguille, elle tombe sur une interview d’Alain Soral. L’essayiste défend Dieudonné qui «[se bat] contre le système de domination», sous-entendu «la communauté juive organisée». Via Facebook, Binti Bangoura envoie un texte à Soral sur les droits des homosexuels en Afrique.Commence un échange. Rapidement, elle transmet des photos, certaines dénudées, des extraits d’un livre-photo d’Uwe Ommer dans lequel elle apparaît. Peu à peu, un flirt virtuel s’installe. La jeune femme est impressionnée par le phrasé poli de Soral, qu’elle décrit «sans fautes d’orthographe». «Il me faisait la cour, mais il était charmant et très gentleman. Il ne me faisait pas d’avances sexuelles», raconte-t-elle.

    L’homme promet de la mettre en relation avec des producteurs. Lui donne le mail de Mathias Cardet (de son vrai nom Thomas N’Lend), un proche d’Alain Soral, qui doit lancer sa maison de disques, Bras d’honneur, et lui fait entrevoir un début de carrière prometteur. Mais le projet capote et les relations avec Soral se tendent. Parallèlement, Binti Bangoura est contactée par Cheyenne C., une réalisatrice, laquelle se présente comme une ancienne maîtresse de Soral. Elle essaye de s’immiscer dans la relation, raconte Binti Bangoura.

    C’est la goutte d’eau. Elle décide de tout arrêter. Par texto. Réaction immédiate de Soral : «Ce soir je pense que c’est le moment de te remettre à ta place. J’ai renoncé depuis longtemps à ton cul. […] Ton destin est d’être un fantasme à vieux blanc juif pervers. […] Les Blancs prennent les Blacks pour des putes, ce qu’elles sont le plus souvent. Finalement il ne te reste de sûr que les Juifs et les pédés…» Nous sommes le 16 août 2014, les insultes et les menaces dureront plusieurs mois. «Toutes les personnes autour de M. Bonnet ont commencé à me contacter pour reprendre le relais des menaces», raconte Binti Bangoura, ajoutant que des fans d’Egalité & Réconciliation se joignent au «tsunami». «Tout le monde venait m’insulter sans me connaître. […] Ils ont fini par publier toutes les photos.» Elle tombe dans une grave dépression. Et finira par porter plainte, le 16 novembre 2014. Deux ans plus tard, elle vit dans une structure pour jeunes femmes vulnérables.

    Dons. Mardi, les juges ont décidé qu’une partie des faits ne pouvait être reprochée à Soral, les captures d’écran de textos et de mails racistes présentés par la plaignante n’ayant pas été authentifiés. Insuffisant, donc, pour l’incriminer des faits de harcèlement moral et d’injures raciales. En revanche, sur des faits de menaces, il écope de 6 000 euros d’amende, en plus des 5 000 qu’il devra verser à sa victime au titre des dommages et intérêts. Un montant qui, peut-être, sera couvert par les dons des habitués de son site.

    Tristan Berteloot
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