La chaleur renouvelable représente 20 % de la consommation de chaleur en France. L’ambition de doubler le poids des énergies vertes a fait long feu.

Mercredi a été inaugurée, à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), une centrale géothermique capable de fournir en chauffage et en eau chaude plus de 12.000 habitants. Dans l'Essonne, c'est tout le campus de Paris-Saclay qui sera prochainement alimenté par de la géothermie. Si cette source d'énergie est encore marginale en France, la chaleur d'origine renouvelable a fourni 20,4 % de la consommation de chaleur en France l'an dernier, indique le premier Panorama de la chaleur renouvelable et de récupération publié par le secteur (CIBE, Fedene, SER et Uniclima). Des données complexes à collecter, du fait de la diversité des sources de chaleur verte : chaufferies biomasse, pompes à chaleur, solaire thermique, valorisation énergétique des déchets, biogaz ...

Marché stabilisé

Les performances de 2016 sont encore loin des objectifs de la loi de transition énergétique, qui prévoit une hausse de la chaleur renouvelable de 50 % entre 2014 et 2023. Alors que le chauffage au bois domestique représente plus de la moitié (54,6 %) de la production de chaleur verte, il a pris de plein fouet la chute des cours du pétrole et de ses dérivés, et a pâti des hivers doux. « Le marché des poêles à bois a chuté de 20 % en 2015 et 2016. Nous n'avons pas les chiffres cette année mais il n'y a pas de nouveau recul. Et la contribution climat énergie (CCE) sur les énergies fossiles va aussi jouer de plus en plus », note Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables.

Financement des engagements passés

Pour les collectivités comme pour les entreprises, l'un des leviers de développement est le Fonds chaleur, créé en 2009 pour compléter le financement des projets de chaufferies ou de réseaux de chaleur. Mais l'ambition affichée par l'ancienne ministre de l'Energie Ségolène Royal de doubler ce fonds a fait long feu.

Et si le projet de loi de finances 2018 prévoit certes une hausse de la subvention de l'Ademe (+36 %, à 613 millions d'euros), « elle est destinée à assurer le financement des engagements passés » sur le Fonds Chaleur, indique Rémi Chabrillat, directeur Productions et énergies durables à l'Ademe. Les crédits de paiement n'avaient pas été débloqués à la hauteur des engagements.

Crédit d'impôt et CEE

Le budget consacré aux interventions du Fonds Chaleur restera aux alentours de 200 millions d'euros l'an prochain, « et après 2018, on pourrait le stabiliser autour de 215 millions d'euros », indique-t-on à l'Ademe.

Pour les ménages, les principaux leviers de développement vont rester le crédit d'impôt pour la transition énergétique, notamment pour l'acquisition de chauffage au bois ou de pompes à chaleur géothermiques. Ainsi que les Certificats d'économie d'énergie, financés indirectement par les ménages via leur facture d'énergie.

Véronique Le Billon
@VLeBillon