Les mères seules, plus nombreuses et plus fragiles

Elles sont entre 1,5 et 2 millions en France à élever seules leurs enfants. 85 % des familles monoparentales sont composées de mères seules. Et parmi elles, 30% vivent sous le seuil de pauvreté. Premières victimes de la crise, les mamans solo cumulent les difficultés.

Les mères seules, plus nombreuses et plus fragiles

Pauvreté : les mamans solo plus touchées

Les familles monoparentales sont en augmentation constante depuis les années 1970. Quelle qu’en soit la cause, la féminisation de ce nouveau modèle familial est incontestable : près de 85 % des familles solo sont constituées par des femmes Ce phénomène a une explication : lors d’un divorce, la garde de l’enfant est confiée à la mère dans 77 % des cas et dans 84 % des cas après une séparation sans mariage préalable. Que la situation soit choisie ou subie, il reste très difficile d’élever un enfant lorsqu’on est seule. La monoparentalité va souvent de pair avec des conditions de vie plus  difficiles, tant d’un point de vue matériel que psychologique.
Dans son récent rapport « Femmes et précarité », le Conseil économique, social et environnemental (CESE) tirait la sonnette d’alarme sur la situation des femmes seules. « Sur les 8,6 millions de Français vivant sous le seuil de pauvreté, 4,7 millions sont des femmes », soit près de 55 %. soulignait-il. Les mères isolées sont en première ligne. « Si elles ne représentent que 5 % de la population totale, elles sont deux à trois fois plus nombreuses au sein de la population pauvre. » Selon une enquête Ipsos d’octobre 2012, près d’une mère isolée sur deux (45 %) déclare terminer le mois à découvert et près d’une sur cinq craint de basculer dans la précarité. 53 % de ces mères estiment que le manque d’argent constitue leur principale difficulté au quotidien.

Une situation professionnelle très fragile

Les mamans solos souffrent de l’exacerbation des problèmes rencontrés par les femmes en situation de précarité. Leur situation est plus fragile en terme d’emploi. Peu diplômées, elles sont plus souvent au chômage que les mères en couple. Et quand elles travaillent, elles occupent la plupart du temps des emplois peu qualifiés ou à temps partiel. Par ailleurs, seules à effectuer l’essentiel des taches du quotidien, elles éprouvent souvent de nombreuses difficultés à concilier travail et vie, ce qui  fragilise encore plus leur  situation professionnelle. Conséquence : les parents seuls sont les premiers bénéficiaires des prestations sociales. D’après le Conseil économique et social (CESE), les femmes représentent 57% des bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA).
Le paysage n’est pour autant pas si sombre. Même si elles reconnaissent que leur quotidien est difficile, les mamans solo gardent le moral. Elles revendiquent le fait d’être de bonnes mamans au même titre que les mères en couple. 76 % d’entre elles estiment que les enfants élevés par une maman seule s’en sortiront aussi bien, voire mieux que les autres dans la vie (19 %), selon l’enquête Ipsos. La majorité des mères interrogées se dit également autant capables que les autres mères de transmettre des valeurs à leurs enfants. Reste qu’une famille monoparentale sur trois vit sous le seuil de pauvreté et qu’il est donc urgent d’aider ces femmes (dans 85 % cas) à sortir la tête de l’eau.

Comment aider les mères seules ?

Engagée depuis 2010 auprès des familles monoparentales, Christine Kelly, membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel et fondatrice de K d’urgences a formulé des propositions au Président de la république au mois de février, pour venir en aide aux mères seules. L’ancienne journaliste propose d’abord de réformer le système des allocations familiales. « Il faut avoir le courage de verser ces allocations dès le premier enfant au parent qui l’élève seul, affirme-t-elle. Tout simplement parce qu’une majorité de ces familles n’ont qu’un enfant, souvent parce que le couple a volé en éclats peu de temps avant ou après sa naissance. » Aujourd’hui, les allocations familiales sont versées à toutes les familles à partir du deuxième enfant. Le coût de cette mesure pourrait être en partie compensé avec l’économie réalisée par le plafonnement des allocations familiales souhaité par le gouvernement. Christine Kelly milite aussi pour que les familles monoparentales bénéficient plus longtemps que les autres du complément de mode de garde. Cette prestation qui s’arrête aujourd’hui lorsque l’enfant 6 ans, pourrait être prolongé jusqu’à 10 ans. Pour résoudre les problèmes de garde, la présidente de K d’urgences préconise de réserver, en maternelle et en crèches, un certain nombre de places pour les enfants issus de familles monoparentales. Elle rappelle enfin que 40 % des pensions alimentaires ne sont pas payées. « Elles représentent près d’un cinquième du revenu des familles monoparentales les plus pauvres, déplore Najat Valaud-Belkacem, Ministre des droits des femmes. Je suis favorable au  renforcement des voies d’exécution données aux CAF à l’égard du débiteur ainsi qu’à une amélioration de la coopération internationale, afin de s’assurer qu’un parent à l’étranger continue de s’acquitter de ses obligations. » La Ministre souhaite également la revalorisation de 25 % de l’Allocation de soutien familial, versé aux parents isolés qui ne touchent pas de pension.

Candice Satara-Bartko Article mis à jour le



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