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Adoption
Témoignage adoption : "Nous avons adopté un bébé en Polynésie"
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Témoignage adoption : en contactant directement sa maman, alors enceinte de
cinq mois, Sophie et Rémi ont adopté un petit Polynésien. Ils ont pu devenir
parents grâce à la tradition de ce pays, mais surtout par une belle rencontre
entre deux femmes.
Il a la force physique de son père et la finesse de sa mère, une grande
Polynésienne aux cheveux magnifiques. En même temps, et c’est
incroyable, il a de plus en plus les traits de mon mari. Je suis très
l’aise avec sa filiation : son père et sa mère sont ses parents
biologiques. Sa maman et son papa, c’est nous. Il était pour moi
important d’adopter un enfant qui connaisse sa filiation, sa vie
intra-utérine, sa naissance. C’est la raison pour laquelle, après
l’échec d’une fécondation in vitro(FIV) il y a 8 ans, j’ai choisi
l’adoption libre. Mais pas seulement : après l’expérience difficile de
l’agrément, je ne voulais plus que quiconque décide si je méritais un
enfant ou non.
Dans la culture polynésienne, l’enfant qui ne peut être nourri est
donné pour qu’il ait une vie meilleure. D’où son nom, faamu, ce qui
signifie « donner à manger ». Il est proposé à une tante infertile,
des grands-parents qui ont besoin d’un bâton de vieillesse ou, de plus
en plus, à des métropolitains (des « Popaa ») qui cherchent à adopter.
C’est pour cette raison que nous sommes allés à Papeete.
A notre arrivée, un ami nous a accueillis dans sa villa. De 5 heures du
matin à 18 heures, nous faisions du « porte à porte » – disons la
vérité – dans les quartiers les plus miséreux. A tour de rôle, nous
demandions : « Vous ne connaîtriez pas une jeune fille enceinte qui ne
veut pas garder son enfant ? » Je revois encore mon mari poser la
question à un pêcheur au bord de la route et ce dernier ramener
aussitôt une jeune femme en lui disant : « Tu ne veux pas donner ton
bébé ? Ils ne peuvent pas en avoir. » Celle-ci a répondu : « Non pas
celui-là. Dommage, l’année dernière, j’en ai donné un. »
J’avais le sentiment d’arriver toujours trop tard. Combien de fois, je
me suis effondrée en pleurs ! En août 2007, j’ai rencontré une femme
formidable, Fanny, qui m’a trouvé une jeune femme enceinte de 3 mois,
déjà maman d’un enfant, qui acceptait de me donner la petite fille
qu’elle attendait. Cordiale au départ, notre relation s’est détériorée
petit à petit. Son mari me demandait de plus en plus de choses,
jusqu’au jour où il m’a réclamé une maison. Dans un rire nerveux, je
lui ai répondu que non seulement je n’avais pas l’argent nécessaire
mais qu’en plus la loi l’interdisait. Payer est si facile, tellement
déculpabilisant quand on voit la misère dans laquelle ils vivent. Je ne
voulais pas acheter mon enfant, même contre un euro. En revanche, je
lui avais promis de parrainer leur aîné. Quatre jours avant
l’accouchement, j’ai appris que le bébé allait être donné un autre
couple français contre 1.000 euros. J’étais anéantie…
Un soir, ma copine vendeuse de bijoux m’a présentée à une nièce
éloignée, donc « une personne sûre », Tévahiné, une magnifique liane de
30 ans, enceinte de 5 mois. Elle avait déjà 5 enfants de deux hommes
différents et, n’ayant rien pour vivre, voulait donner le petit garçon
qu’elle attendait, comme elle l’avait déjà fait à 3 reprises. Tous les
jours, je prenais soin d’elle, nous buvions le café ensemble, allions
la plage…
Le 19 mai 2008 au matin, Tévahiné a ressenti les premières
contractions. Et, en début de soirée, nous sommes entrées toutes les
deux dans la salle d’accouchement. Ce fut un moment fort entre elle et
moi. Maui est né à 21 heures et on l’a mis aussitôt dans mes bras. En
le voyant, j’ai tout de suite reconnu mon enfant. Tévahiné m’a regardée
en me disant : « Tu as vu, je t’ai fait un beau bébé. » Même si elle
n’a jamais douté de sa décision, elle pleurait beaucoup. Personne
n’était là pour l’accompagner dans le deuil de son enfant. Alors, tous
les jours, je venais chez elle l’écouter. Elle était devenue une amie,
je ne pouvais pas la laisser dans cette détresse. Était-ce de la
culpabilité ? Peut-être. Ses larmes séchées, je l’ai aidée à passer le
permis, à préparer un CV et des entretiens pour retrouver du travail.
Pile un mois après la naissance, nous sommes passés devant le juge pour
signer une délégation d’autorité parentale (l’adoption simple et
plénière se fait aux 2 ans de l’enfant). Il nous a demandé si nous
avions quelque chose à dire. Tévahiné a répondu que cette situation
était difficile à vivre, d’autant plus que son fils partait vivre loin.
Le juge lui a répondu que, par expérience, il savait que les enfants
donnés à des locaux se sentaient davantage perdus, écartelés entre les
parents. Le lendemain, nous sommes repartis en France.
Treize mois sont passés depuis. J’appelle régulièrement Tévahiné, je
lui envoie des photos, elle me demande des nouvelles de tout le monde,
pas spécialement de Maui. Quant à mon bébé, je l’ai emmené partout avec
moi, même à mes séances de thérapie. C’est au cours de l’une d’elle, au
bout de 9 mois, que j’ai senti quelque chose s’apaiser en lui, qu’il se
laissait adopter.
Et moi ? Lorsque Maui a fêté son premier anniversaire, j’ai ressenti le
contrecoup de cette aventure qui fut terrible et épuisante. Mais quand
je regarde ce petit garçon devenu sociable, ouvert et heureux de vivre,
quand je pense à ce lien d’amour charnel qui nous lie, je ne regrette
rien. C’est de cette manière que j’envisageais la rencontre avec mon
enfant.
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