Le nombre d’enfants adoptés à l’étranger a encore baissé de 6% cette année. Une tendance amorcée depuis le milieu des années 2000. De plus en plus de pays s’engagent à rechercher d’abord, pour l’enfant abandonné par ses parents, une solution locale.

Pour une adoption internationale, l'attente moyenne est estimée à six ans.
Pour une adoption internationale, l'attente moyenne est estimée à six ans. © Getty / Holly Anissa Photography

Louise connaît bien le parcours du couple adoptif. En 2013, avec son mari, elle a accueilli une petite fille d’un an, originaire de Russie. "Entre l’agrément et l’arrivée de notre enfant, il s’est écoulé à peu près trois ans", se souvient-elle. Encouragé par cette première expérience, le couple a entrepris des démarches pour adopter de nouveau. Mais en quatre ans, aucun enfant ne leur a été proposé.

"La Russie confie beaucoup moins d’enfants à l’adoption internationale, ou alors ce sont des enfants avec pathologie", constate Louise. "Alors il y a des jours où l’on y croit, d’autres où l’on se dit que si cela n’arrive pas, on sera très triste".

Longtemps, l’adoption à l’étranger a été privilégiée car elle était plus rapide que l’adoption sur le territoire national. Mais aujourd’hui, les délais s’allongent, estimés à plus de six ans en moyenne. Alors que 14 000 couples et personnes seules disposant d’un agrément attendent de se voir confier un enfant, seules 412 adoptions ont été enregistrées depuis le début de l’année 2018, selon les chiffres de la Mission de l’Adoption internationale. C’est 6% de moins que l’an dernier.

Pourquoi cette baisse ?

Cette tendance, observée depuis plusieurs années, s'explique par le nombre croissant de pays ayant ratifié la convention de La Haye. Dans l’intérêt de l’enfant et pour lutter contre les trafics, le texte stipule qu’une solution locale doit d’abord être recherchée pour l’enfant abandonné par ses parents, soit dans sa famille élargie, soit par une adoption nationale. L’adoption internationale n’est alors envisagée qu’en dernier recours. Avec un effet pervers, selon Marc Lasserre, président du Mouvement pour l’adoption sans frontières : celui de laisser beaucoup d’enfants sans famille.

"Une étude a été menée ces dernières années en Amérique du Sud", explique-t-il. "À l’exception du Chili, aucun pays n’a su substituer à l’adoption internationale une adoption nationale importante. On parle de générations sacrifiées, dans la mesure où ces enfants finissent au mieux dans un orphelinat, au pire dans la rue".

En France, le nombre d'adoption à l'étranger a baissé de 80% en 10 ans. 

Les 20 premiers pays d'origine des enfants adoptés depuis le début de l'année 2018

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