Un pasteur d'origine malgache a été condamné mardi à Nantes à dix ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de la Loire-Atlantique, conformément aux réquisitions de l'avocate générale, pour avoir violé toutes les semaines une fidèle de 19 ans pendant plus de deux ans.

Richard Andriason Ranaivo - qui a déjà purgé deux ans et demi dans le cadre de sa détention provisoire - aura par ailleurs interdiction définitive d'exercer des fonctions de pasteur à sa sortie de détention. Son nom a été inscrit au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles (FIJAIS), ce qui l'obligera à se présenter à intervalles réguliers dans un commissariat de police ou une brigade de gendarmerie.

Sur le plan civil, cet homme de 66 ans devra verser 18 000 euros de dommages et intérêts à la jeune Malgache et 1 euro symbolique à sa mère. La cour d'assises de la Loire-Atlantique a en revanche écarté la demande d'indemnisation du "préjudice moral" du père de la jeune femme, en raison de leur "absence totale de contacts" pendant et depuis les faits.

Le pasteur évangélique, originaire de Tananarive, avait reconnu dès le premier jour de son procès, vendredi dernier, que le "viol" de la jeune femme était "un péché" dont il s'était rendu coupable. "Vous parlez d'un péché, mais moi je vous parle d'un crime", avait alors répliqué la présidente de la cour.

 

ANCIEN RESPONSABLE DE BANQUE

 

Cet ancien responsable de banque, qui encourait jusqu'à vingt ans de réclusion criminelle, était arrivé en France en 1998 : après s'être plongé dans la foi suite au décès de sa première épouse à Madagascar, ce père de cinq enfants avait répondu à un "appel" pour y "prêcher l'Evangile". Il était alors arrivé avec sa future seconde épouse, une ouaille de seize ans sa cadette, avec qui il aura trois autres enfants.

C'est dans ce contexte que Richard Andriason Ranaivo avait pris la tête du "Christ pour tous", une petite église évangélique d'une trentaine de fidèles. Faute de locaux, la petite communauté se réunissait dans la maison des parents de la victime, à La Chapelle-sur-Erdre, une commune située au nord de l'agglomération nantaise.

Voyant en sa victime "un être spécial amené à lui succéder", cet habitant de Sainte-Luce-sur-Loire l'avait alors persuadée que leurs relations sexuelles étaient "à but spirituel", et non pas "charnelles". Il avait ainsi fait poser un verrou sur la porte de la chambre de l'étudiante, afin de ne pas être dérangé dans leurs prétendues "séances d'enseignement"... Il avait également fait croire à sa victime que sa propre mère était au courant de leurs relations, et qu'elle y avait consenti.

Cette plaignante "instruite" et "intelligente", qui a fait une école d'ingénieurs, est a priori la seule victime recensée parmi la communauté. Elle a été décrite comme une jeune fille n'ayant "pas d'amis et pas de sorties autres qu'à l'église". "Elle a été façonnée par une certaine éducation, où la religion est prépondérante", avait tenté d'expliquer l'avocate générale.

"En face d'elle, elle avait un homme de Dieu, doté d'une autorité légitime... Tout le monde dit que c'est un bon orateur, charismatique", avait insisté la représentante du parquet. "Elle était sous son emprise... Le verrou était dans sa tête".

Loïc Cabioch, l'avocat de la défense, avait demandé aux jurés de se contenter de huit ans d'emprisonnement pour ce "bon père de famille" qui n'est "pas un gourou".

 

GF (PressPepper)

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1 Commentaire(s)
Mafate
Jeudi 18 octobre 2018 - 22:14

Pasteur évangélique cela correspond à quoi c'est de quelle église ou secte ?