Une majorité de catholiques favorables à une enquête sur les abus dans l’Église

D’après un sondage Odoxa pour le magazine Témoignage Chrétien, 87 % des catholiques sont favorables à l’institution d’une commission d’enquête parlementaire pour faire la lumière sur les abus sexuels dans l’Église.

Une majorité de catholiques favorables à une enquête sur les abus dans l’Église
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Corinne Simon/Ciric

Une majorité écrasante de catholiques souhaiterait faire la lumière sur les abus sexuels dans l’Église, selon un sondage Odoxa pour le magazine Témoignage Chrétien, dévoilé ce mardi 9 octobre dans les colonnes du Parisien. D’après cette étude, 87 % des catholiques et même 90 % des pratiquants répondent favorablement à la question : « Êtes-vous favorable ou opposé à ce qu’une commission parlementaire enquête sur les crimes pédophiles et leur dissimulation dans l’Église catholique ? »

Pour Jérome Fourquet, directeur du département Opinion et Stratégies d’Entreprise de l’institut Ifop, les résultats de ce sondage sont « ne laissent aucune place au doute ». Un bémol tout de même : les questions posées dans l’enquête ne laissent pas le choix entre une commission parlementaire ou indépendante. « La question, telle qu’elle est posée invite plus les personnes à se questionner sur le fait de faire la lumière ou non sur les affaires, plutôt que sur la forme parlementaire, ou non » nuance d’ailleurs Jérome Fourquet.

Enquête sur les abus dans l’Église, quelle méthode ?

Des vagues successives de révélations en forme de révélateur sur l’opinion

Pour expliquer ce chiffre impressionnant, « la première raison est sans doute le dévoilement successif des affaires de pédophilie dans l’Église partout dans le monde » explique Jérôme Fourquet.

Si le chiffre de 87 % apparaît comme un plébiscite – la rédactrice en chef de Témoignage Chrétien, Christine Pedotti, expliquant même qu’elle ne s’attendait absolument pas à ce chiffre. Cela « ne correspond pas, selon Jérôme Fourquet, à un retournement de l’opinion sur le sujet, mais plutôt à une volonté de ne plus se taire ou détourner le regard ».

Une tendance claire malgré la marge d’erreur

L’échantillon utilisé par Odoxa pour le sondage est composé de 1 014 Français représentatifs de la population, ayant répondu à l’enquête via une sollicitation Internet. Parmi ces 1 014 personnes, 60 % sont catholiques et 16 % sont pratiquantes (c’est-à-dire assistent à au moins une messe par an). De manière plus fine, 3 % de l’échantillon est pratiquant régulier et se rend à la messe tous les dimanches. « Même dans ces conditions, la marge d’erreur n’excède pas 5 points de pourcentage » indique Jérôme Fourquet.

Le magazine Témoignage chrétien a commandé ce sondage une semaine après avoir appelé dans ses colonnes à l’ouverture d’une commission parlementaire sur les abus sexuels commis dans l’Église. Sa publication dans Le Parisien est intervenue quelques heures avant que le groupe socialiste au Sénat de dépose effectivement une proposition de résolution demandant la création de cette commission.

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Les évêques de France défavorables à une commission parlementaire

La conférence des évêques de France (CEF) avait réagi à l’appel de Témoignage Chrétien, par la voix de son porte-parole, Mgr Olivier Ribadeau Dumas qui indiquait « qu’une telle commission ne peut se concentrer uniquement sur l’Église ». Il invitait alors les parlementaires à se saisir de la question de la pédophilie dans l’ensemble de la société.

Dans un entretien à La Croix, Mgr Georges Pontier, Président de la CEF, plaidait lui pour une commission d’historiens plutôt que de parlementaires. Mais le sondage ne pose aucune question sur la forme de la commission, en elle-même.

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Enfin, des chiffres annexes montrent que 70 % des personnes interrogées pensent que cette commission parlementaire peut permettre à l’Église catholique de retrouver une crédibilité. Toutefois, 54 % des sondés indiquent qu’une telle investigation risque de ternir l’image de l’ensemble des prêtres.

Julien Tranié

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