Contents Les auteurs Du bonheur à l’être heureux Petits arrangements avec le bonheur RDF Bibliontology Search on OpenEdition Ethnologie de la France > Ethnologie des gens heureux > Le bonheur au travail : entre idé... Du bonheur à l’être heureux Petits arrangements avec le bonheur I. Bonheur en partages Le bonheur au travail : entre idéologies managériales et aspirations Le bonheur au travail : entre idéologies managériales et aspirations des * 1 Travail dériverait de tripalium, instrument à trois pieux servant * 2 Du travail, activité des hommes asservis dans la Grèce antique, 1La question du bonheur au travail n’est ni étymologiquement1, ni témoignages des acteurs du travail. souvent bien plus que le travail. C’est une seconde vie dans « la » 3Quant à la représentation télévisuelle du travail, le sociologue des médias Éric Macé montre dans un chapitre intitulé « Le travail c’est les plus nombreuses sont celles où l’expérience du travail est au travail est un lieu d’épanouissement personnel et une communauté sur le bonheur au travail montre, pour les personnes interrogées, Le bonheur au travail apparaît sous deux aspects : avoir un travail et réaliser/se réaliser par le travail (« question économique » et prioritairement le bonheur au fait d’avoir un emploi, au contraire de catégories plus aisées pour qui le bonheur au travail relèvera d’une 5Ce faisant, les auteurs notent que le travail est toujours traversé du travail : d’un côté un travail perçu comme une contribution au d’épanouissement et de bonheur personnels, de l’autre un travail aliéné « à l’affect » – qu’en est-il de l’émergence du bonheur, de son conformité à la norme » du « bonheur professionnel » ? niveau de la subjectivité des acteurs du travail qu’au niveau des 9Le bonheur, aspiration consensuelle s’il en est, s’inscrirait-il dans cette conception objective du bonheur, sachant qu’elle est dirigeants, décliné en stratégie. […] Le bonheur, loin d’être une entrave au travail, ouvre alors le sens vers le beau pour donner une direction à sa gestion, au travail accompli ou en devenir. * 7 Soit un bonheur tel qu’il s’actualiserait pour le travailleur ; comportement, quelle action normative le bonheur produirait-il dans les entreprises ? Par conséquent, qu’en serait-il d’un bonheur « prescrit » et du « réel » du bonheur7, pour reprendre la distinction établie en ergonomie entre « travail prescrit » et « réel du travail » ? 11Les termes directs ou indiciels de ce que serait le bonheur parsèment bonheur-souffrance de la jouissance, passion, motivation et tension vers cet inatteignable du bonheur dont Paul Ricœur dit : « Bonheur évoque quelque chose que je poursuis, que nous poursuivons, plaisir de l’engloutissement de soi dans des processus de travail 13Satisfaction de l’accomplissement des tâches, du travail bien fait, Bonheur à faire œuvre commune – équipe – avec autrui… Enthousiasme pour son métier, son environnement de travail… * 8 Toutes choses relatives lorsqu’on lit : « Il [le bonheur] est le bonheur sont multiples et peu clairement répartis en catégories de 15Penser le bonheur au travail rencontre donc une double question : celle du bonheur en soi, comme concept, et celle de sa qualification par les acteurs du travail (salariés et encadrement) sans oublier les consacré au bonheur en 1994 : « Comme (...) bonheur par les acteurs du travail mais aussi par l’anthropologue lors voire pas du tout10. Le bonheur serait en cela un phénomène en creux et scènes du travail. Mais dans ce cas, quel argument à la « preuve » ? Et périphériques de ce que serait le bonheur, advenant comme en filigrane de la question de ce que sont le travail et travailler. du bonheur. Pudeur ? Tendance à se saisir plus facilement de ce qui 19À la différence de la « valeur bonheur » il n’y aurait là plus de 20Nous pouvons nous demander aussi à propos du bonheur si son silence peut-être en dévoiement de ce que travailler devrait être : ni s’amuser dit : si le bonheur est « un élément essentiel dans le contenu de la gestion des ressources humaines, […] le bonheur n’est pas un objectif 21Compte tenu de la nature même du bonheur dont la philosophie nous dit valeur ou l’utilité » (Comte-Sponville 2000), la question du bonheur au travail pourrait ainsi apparaître comme délinquante si elle advenait en 23Le bonheur prendrait ici toute sa force de valeur à laquelle il Passion du travail en équipe, dans un esprit convivial et jeune, 25La question du plaisir à travailler, d’un travail comme passion au travail, est aussi la période où des ouvrages sur la souffrance au travail rencontrent un large public (voir Dejours 2000 ; lexicale permanente du bien-être et du bonheur à être dans l’entreprise par le travail mais surtout pour l’entreprise, convaincue – depuis les (Mayo 1933) – qu’un salarié « motivé » par son travail et/ou son cadre de travail sera plus productif, présent, inventif, voire éventuellement bonheur, en ce qu’il est et en la façon dont il est défini, pourrait bonheur semble principalement lié à la question de la motivation (ou exprime en effet la question du bonheur sous le seul prisme de la suivante : « La motivation au travail est l’ensemble des aspirations qu’un travailleur attache à son emploi, chacune d’elles étant affectée 31Le bonheur en tant qu’aspiration universelle mais aussi comme tension qu’il n’est pas traditionnellement lié au travail, deux facteurs donner au travail une place prépondérante qui déborde sur le hors travail, faire autrement que ce qui est attendu, déplacer les frontières de l’emploi » (Thévenet 2001). Le travail dépasse alors le seul cadre de l’entreprise sous le biais d’un bonheur-motivation, travail que sont les primes, le cadre de travail, les félicitations ou savons qu’ils sont des pivots majeurs de l’organisation d’un travail en 35De fait, le bonheur paraît être une « valeur » particulièrement 36Pour autant il apparaît que l’acception du terme « bonheur » ne peut intéressant de voir combien la satisfaction au travail semble même s’exprimer en partie par le déni du travail : sentiment d’effectuer un travail qui n’en est pas un, en raison d’une passion pour le jeu vidéo d’aller travailler le matin ». 38D’une personne à l’autre, le déni du travail se module : reconversion J’aime bien ce que je fais, donc ça me gêne pas de travailler moi ce projet vraiment je me l’accapare, je travaille sur ce projet et les aspects de « venir travailler (...) 39La limite en est que le travail présenté en tant que passion/loisir est pourtant bien du travail. Que la créativité et la liberté trouvent qui ne serait en effet pas du travail) est dans les entreprises soit « motivation », plusieurs bénéfices directs en découlent : un travail 40Bonheur de l’entrepreneur et bonheur du salarié ne paraissent remettre en cause ni la nature du travail (ce que l’on dénie est bonheur au travail ne semble permis que par un quiproquo tant ce que ce dimension régulatrice de la « valeur bonheur » (et l’exigence implicite effet que peu le déni du travail et de ses cadres que le sujet opère en se saisissant des signifiants « bonheur », « épanouissement », efficace – car normatif – donné aux acteurs du travail dans leur Jullien, de « laver la question du bonheur de l’unanimité facile qui la Baudelot, Christian & Michel Gollac. 2003. Travailler pour être heureux ? Le bonheur et le travail en France, Paris, Fayard. Bonnet, Yannick. 1992. Être heureux au travail, Paris, Éditions Droguet Comte-Sponville, André. 2000. Article « Bonheur », in Dictionnaire de Francès, Robert. 1995. Motivation et efficience au travail, Wavre, Guenin,Vanessa. 2003. Heureux au travail c’est possible ! Les solutions sociales du travail dans les séries de divertissement : le travail et travail (Université de Provence - Aix-en-Provence 21-24 novembre Jullien, François. 1994. « D’où nous vient la question du bonheur ? », in Droit Roger-Pol (dir.), Où est le bonheur ?, actes du cinquième Mirashi, Robert (dir.). 2003. Le bonheur d’entreprendre, Paris, Ricœur, Paul. 1994. « Le bonheur hors lieu », in Droit Roger-Pol (dir.), Où est le bonheur ?, actes du cinquième forum Le Monde - Le Thévenet, Maurice. 2004. Le plaisir de travailler, Paris, Éditions 1 Travail dériverait de tripalium, instrument à trois pieux servant à 2 Du travail, activité des hommes asservis dans la Grèce antique, au fronton d’Auschwitz : « Le travail rend libre ». Michel Gollac et Christian Baudelot (2003) notent que « le thème de la joie au travail a venir sur le terrain de la subjectivité des acteurs du travail. Les sera-t-il de l’atelier intitulé « Le bonheur au travail », lui même travail et de l’entreprise (dans les fictions, la communication des 7 Soit un bonheur tel qu’il s’actualiserait pour le travailleur ; un 8 Toutes choses relatives lorsqu’on lit : « Il [le bonheur] est le son Éthique à Nicomaque, avance que l’homme recherche le bonheur en nature du bonheur, on ne s’entend plus ». au bonheur en 1994 : « Comme le disait déjà Stendhal, les gens heureux constater que ni le mot « bonheur » ni le qualificatif « heureux » de croissance » : le bonheur au travail. Synthèse en ligne à travail », qu’on voit bien que « ça ne lui plaît pas » et que par voire de « s’éclater », etc. On touche là au bonheur de l’artiste ou de aspects de « venir travailler en jean », « tutoyer son patron », « se Du bonheur à l’être heureux Petits arrangements avec le bonheur Le bonheur au travail : entre idéologies managériales et aspirations SAVIGNAC, Emmanuelle. Le bonheur au travail : entre idéologies Savignac, E. 2009. Le bonheur au travail : entre idéologies Savignac, Emmanuelle. “Le bonheur au travail : entre idéologies Le bonheur au travail : entre idéologies managériales et aspirations Le bonheur au travail : entre idéologies managériales et aspirations des