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Management : faut-il en finir avec le "bonheur au travail" ?

par Cadreo




Alors que les managers sont invités à toujours plus de bienveillance avec leurs collaborateurs, que les DRH se transforment en "Chef du bonheur au travail", des voix s'élèvent contre cette injonction au bonheur qui mènerait, au contraire, à une plus grande détresse des salariés...

BonheurC'est quoi le bonheur et comment y accéder ?  Selon la sagesse populaire, l'argent peut y contribuer mais dans une certaine limite. Pour les scientifiques, le bonheur serait génétique même si, avec un peu d'investissement personnel, tout individu peut devenir heureux. En tout cas, c'est dans l'air du temps : il faut se montrer capable au bonheur. Encore plus aujourd'hui... Depuis 2013, le 20 mars a en effet été retenue par l'ONU comme journée officielle du bonheur.

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> Ce que manager veut dire...

Pour atteindre cet état, l'altruisme, la capacité à pardonner et à complimenter sont souvent cités. Pour le Secrétaire général de l'ONU, "le bien-être social, économique et environnemental sont indissociables. Ensemble, ils définissent le bonheur brut mondial". A l'échelle de l'entreprise, cela se traduit par des managers qui disent "bonjour" lorsqu'ils font le tour des bureaux, par des réunions où les participants sont gavés aux chouquettes, des salles de sieste pour se reposer, des salles de jeux pour décompresser, des bureaux design et confortables où l'on joue à la bataille de pistolets Nerf, etc.

>> Le Nerf de la guerre du management

Bref, tout pour rendre les salariés heureux de travailler et, in fine, moins souvent absents et davantage productifs. Les entreprises l'ont bien compris. Elles embauchent de plus en plus des "Chief Happiness Officer", du personnel chargé de veiller au bien-être des employés. "Je mets des fleurs et des snacks dans les bureaux et j'organise des événements", explique Sofia aux Echos. Suffisant pour rendre les collaborateurs heureux ? Quand la CHO souhaite réaliser un audit des filiales européennes du groupe pour lequel elle travaille, les retours qu'elle obtient sont davantage axés vers des augmentations de salaire que des fleurs dans des vases. Mais cela, elle n'a pas "été autorisée à l'écrire dans (son) rapport. On m'a fait comprendre que ce n'était pas mon travail".

> Peut-on rendre les gens positifs au travail ?

Des ressources professionnelles aux ressources humaines 

Des chercheurs questionnent cette obligation au bonheur. En 2015, la sociologue Danièle Linhart publiait un ouvrage sur l'encadrement "humaniste" des entreprises. Sa thèse : la transformation des ressources professionnelles en des ressources humaines serait une façon de nier le statut et l'expertise des collaborateurs. Dans un article de l'Obs, elle critique cette mode du "n+1 [qui] tend patte blanche à son salarié sur le mode de l'entreprise-est-à-nous-tous-et-ton-avis-nous-intéresse. En réalité, ce mélange des genres fragilise les sens. Sous son blanc manteau, l’orientation humanisante est dangereuse ; si l’affaire tourne mal, ce n’est plus un professionnel qui sera jugé par ses chefs mais la personne toute entière, livrée à une évaluation critique parfois fatale". Et de pointer cette contradiction du monde du travail : jamais on a autant parlé d'humain mais également de burnout en entreprise.

“Bienheureux les simples d’esprit”

Thibaut Bardon, professeur associé et responsable de la recherche en management à Audencia Business School, explique, lui, dans une tribune au magazine Challenges, que cette notion de bonheur au travail peut conduire au burnout. Selon lui, ceux qui, aujourd'hui, estiment que le bonheur existe en dehors du travail se retrouvent en situation de faiblesse, stigmatisés et jugés peu ambitieux, voire de mauvaise volonté. "Leur faute n’est pas tant de ne pas faire leur travail, qu’ils peuvent d’ailleurs faire très bien, mais de ne pas vouloir participer à cette surenchère consistant à chercher le bonheur en s’engageant plus intensément dans leur travail", explique-t-il. De même, rechercher à tout prix le bonheur en entreprise aurait des effets délétères sur les salariés les plus investis. Leur sur-présentéisme et leur rapport au travail comme seule forme de réalisation de soi impliquent "un surinvestissement professionnel qui peut créer de l’épuisement physique et psychologique", poursuit le chercheur. 

> Le management à l'épreuve de la philosophie

Alors que faire ? Troquer sourires et compliments contre insultes et soupe à la grimace ? Considérer que le monde de l'entreprise doit toujours être un lieu de rapports de force entre patrons et salariés ? On laisse le mot de la fin à Thibaut Bardon : "Si favoriser l’épanouissement des salariés est un objectif louable, la définition des modalités doit être le résultat d’un réel travail de co-construction entre tous les membres de l’entreprise en se rappelant que le bonheur est également un travail individuel et pas seulement collectif. Il faut donc laisser la liberté aux salariés de construire leur bonheur au travail mais également... hors de l’entreprise !"

> Managers : faut-il être honnête avec vos collaborateurs ?

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